Livre – Faire je(u) égal

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"Véritables espaces publics miniatures, les cours de récréation sont le lieu des premières inégalités – en particulier entre filles et garçons. L’aménagement des espaces peut en effet jouer un rôle déterminant dans la reproduction de schémas discriminants. L’absence de mixité, par exemple, est souvent favorisée par la configuration des lieux et le type d’activités qui y sont proposées. En analysant ces espaces scolaires et les relations qui s’y nouent, Édith Maruéjouls aide les écoles à lutter concrètement contre les discriminations liées au genre. Elle nous invite dans cet ouvrage très abordable à découvrir ces « géographies scolaires du genre », sa méthode de travail et les solutions permettant de rendre l’école plus inclusive. Car il est essentiel pour la réduction des inégalités et des violences de genre dans nos sociétés que tous et toutes puissent faire, au moins à l’école, je(u) égal."

Pour en savoir plus : cliquez ici

La ville est à nous AUSSI ! -Article

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Depuis 2017, Periferia travaille en collaboration avec la Maison de Quartier des Quatre Vents à Molenbeek sur les questions de mixités dans l’espace public, à partir du regard et du vécu de jeunes filles qui habitent le quartier. Après avoir réalisé un diagnostic du quartier (Étangs noirs/ Gare de l’Ouest), elles ont formulé quelques recommandations à destination de la Commune, des associations du quartier et des usagers du quartier.

Cette page vise à illustrer et donner voix au manifeste rédigé par le groupe.

On y retrouve des éléments de diagnostic sensible réalisé par le groupe, des extraits de podcast permettant une réflexion élargie des constats abordées et des premières propositions afin de prendre en compte les femmes dans l'aménagement et la gestion des espaces publics.  

Premiers constats

  1. Les hommes et les femmes ne semblent pas avoir le même comportement dans la ville
  2. Les hommes ont plus de droits et d'opportunités que les femmes
  3. Les hommes sont plus présents en ville, souvent en groupe, tandis que les femmes sont moins visibles et leur présence semble moins légitime
  4. Les femmes ont plus de tâches domestiques à faire que les hommes

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Aménager des espaces pensés par et pour tou·te·s

Les femmes ont une pratique de la ville spécifique, différente de celle des hommes. Leurs points de vue ne se limitent pas à un ressenti sur les questions d’insécurité mais bien à une vision globale sur l’accessibilité et l’appropriation des différents espaces publics (espaces verts, mobilité, loisirs, propreté...). Dans le quartier, un certain nombre d’espaces publics donnent un sentiment d’inconfort, de malaise.

« Des espaces où l’on passe, que l’on traverse mais où il n’est pas agréable de rester. » 

Parce que les espaces publics sont encore peu pensés par et pour les femmes, elles s’y sentent moins à l’aise et donc y passent moins de temps. Prendre en compte et reconnaitre l’expertise d’usage des femmes apparait comme une nécessité pour aménager des espaces où les femmes se sentent bien, qu’elles ont envie d’occuper et de s’approprier !


PROPOSITIONS

  1. Diversifier l’aménagement des  espaces et questionner avec les femmes  l’équilibre entre espaces publics « à l’abri des regards » et « visibles de tou·te·s » à l’échelle de chaque quartier, chaque rue
  2. Aménager des espaces verts et paisibles

  3. Multiplier (et entretenir) les toilettes publiques gratuites et mettre à disposition des serviettes hygiéniques en libre accès

  4. Améliorer le confort des piéton·ne·s sur les trottoirs (diminuer la place de la voiture, des terrasses des cafés...) 

FORMER AUX MIXITéS

« Les garçons qui ont évolué dans des groupes de maisons de quartier mixtes où on débat, sont différents, plus respectueux car ils comprennent. »  

L’expérience des femmes et des hommes dans la ville est différente. Les un·e·s n’ont pas forcément conscience des réalités vécues par les autres. 

Les garçons ayant grandi dans des villes où l’espace public est dominé par des hommes  n’ont pas forcément conscience des conséquences de certains  de leurs comportements (attroupements, regards insistants, interpellations en rue...) et notamment de leurs effets sur la pratique de la ville par les femmes (trajectoires modifiées, stratégies d’évitement, résignations à ne pas sortir...).


PROPOSITIONS

  1. Multiplier les espaces de débat entre femmes, entre hommes et entre femmes et hommes : 

                    - dès le plus jeune âge 

                    - partout (au sein des maisons de quartier, des écoles, des espaces sportifs...)

     2. Analyser avec les lunettes du genre les programmes d’activités proposées au sein des maisons de quartier, des centres sportifs...

« Il faut tout bousculer ! »

SE RENforcer entre les femmes

« Quand on est toute seule on est gênée, quand on est en groupe on est plus fortes... Être en groupe, ça nous a protégé ! »  

On constate dans le quartier un manque d’espaces pour se retrouver entre femmes tant dans l’espace public que dans des locaux. 

Cela limite d’une part les possibilités de sociabilisation mais également les moments pour se renforcer, discuter des enjeux du quartier...

Les espaces entre femmes permettent d’avoir une parole libre, d’échanger sur des expériences vécues sans devoir se justifier mais aussi de se rendre compte de la dimension collective du problème, que l’on n’est pas seule à subir cette discrimination. 


PROPOSITIONS

  1. Créer des espaces pour prendre le temps de se renforcer entre femmes

  2. Encourager des projets associatifs à destination des femmes pour renforcer les capacités en vue de créer des espaces en mixité
  3. Encourager les activités à l’extérieur pour se rendre visible entre femmes

  4. Occuper en groupe les espaces publics et de décisions pour affirmer sa présence

  5. Encourager la mobilité hors du quartier

Développer le sport pour tou·te·s

On constate aujourd’hui que les terrains et infrastructures sportives sont principalement utilisés par des hommes.

« Y’a que des garçons qui jouent, c’est bizarre si on vient comme ça on s’incruste. On va dire qu’est-ce que tu fais là ? ça va être gênant... »

L’analyse budgétaire sous l’angle du genre montre que les investissements d’équipement de loisirs se font en majorité à destination des jeunes hommes : terrains multisports, skatepark... Se pose alors la question du partage de l’espace public et du droit aux loisirs pour les femmes.


PROPOSITIONS

  1. Offrir tant des créneaux réservés aux femmes que des programmes qui incitent à la pratique du sport en mixité
  2. Diversifier les sports et loisirs proposés au sein des équipements sportifs

  3. Inviter les femmes et filles du quartier pour penser l’aménagement des équipements sportifs (rues par lesquelles on accède aux bâtiments, emplacement des vestiaires...)
  4. Repenser la place et la taille donnée aux équipements généralement utilisés par des garçons (terrains de football, de basket...situés au centre des places, cours, espaces sportifs)

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Date limite de réception des candidatures : 23/07/2023

Les entretiens sont fixés le 28/07/2023

2ème Journée des Quartiers Populaires

Photo Inter Environnement Bruxelles

La deuxième journée des Quartiers Populaires a pris place à Park Ouest, près de la gare de l'Ouest. Elle fait suite à une année de travail de collectifs et associations qui se questionnent autour des transformations de leurs quartiers et aux processus de gentrification en cours. Un rendez-vous que l'on s'était fixé après la Première Journée des Quartiers Populaires afin de se retrouver ensemble, 1 an après, pour découvrir l'engagement des autres sur le sujet et sensibiliser les nouveaux venus lors de la journée.

Cela a permis de faire découvrir l'ampleur des mobilisations citoyennes. C'est notamment le cas de l'Union des Locataires du Logement Social, qui a ainsi pu visibiliser ses activités et montrer son soutien aux habitant·e·s des tours Machtens, en train d'être relogé·e·s.

Les 4 thématiques issues de la première journée - l'augmentation du prix des loyers ; les nouvelles constructions, trop chers pour les habitant·e·s des quartiers populaires ; la participation citoyenne, trop peu transparente ; les logements sociaux trop peu entretenus, rénovés et en trop petit nombre - ont été discutés et renforcées.

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Cela a donné lieu à une carte blanche, co-signé par toutes et tous et  parue dans le journal Le Soir.

Cliquez ici pour découvrir la carte blanche  

Un second article est aussi revenu sur la journée des quartiers populaires en analysant le départ des habitant·e·s de Bruxelles vers la Flandres et la Wallonie.
Cliquez ici pour en savoir plus

Une fête où la mobilisation a pris une forme positive et a permis de tisser des liens entre toutes et tous. En 2024, les élections seront cruciales pour améliorer les conditions de vie dans les quartiers et s'organiser contre la gentrification, pour cela soyons uni·e·s et engagé·e·s.

Le mouvement des quartiers populaires se veut politique et engagé mais non partisan d’un quelconque parti.

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Nouvelle étape « Capacitation » avec des collectifs de France et de Belgique, en lien avec la Fondation Abbé Pierre

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La Fondation Abbé Pierre soutient de nombreuses initiatives d’associations et collectifs qui « permettent à des personnes défavorisées d’accéder à un logement décent et une vie digne ». Elle est soucieuse de travailler davantage avec les personnes en galère, plutôt que simplement pour elles. Cela exige un changement de posture et c’est dans la démarche « capacitation » qu’elle a trouvé le chemin.

Periferia accompagne un ensemble de collectifs de France et Belgique qui cheminent avec la Fondation Abbé Pierre pour arriver collectivement à faire évoluer les pratiques et « se mettre en capacitation ». Cela se traduit par des rencontres semestrielles : la première a eu lieu fin septembre 2022 et la seconde fin mars 2023. Chaque rencontre est l’occasion d’échanger, mais surtout de voir comment chacun·e peut agir différemment. Depuis la 2ème rencontre plusieurs actions se dessinent pour se renforcer – notamment autour de la co-formation – et être davantage visibles via des podcasts pour des émissions radio, des actions autour du logement et la mise en place d’un festival.

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Des premières balises pour parler de Capacitation

Cette nouvelle démarche « Capacitation » rencontre beaucoup d’enthousiasme et un groupe s’est mis en place pour préparer les rencontres, affiner les concepts, organiser les traces de chaque temps collectif et accompagner les mises en action. Le tout en veillant à une co-construction entre la fondation et les collectifs.

Cliquez-ici pour découvrir le livret "Faire ensemble dans une perspective de capacitation ?", réalisé lors de la rencontre à la Fondation Abbé Pierre. 

Retour sur 4 ans d’implication avec les jeunes à Schaerbeek

Quelles valeurs pour le quartier

Dans le cadre du contrat de quartier durable Stephenson à Schaerbeek, nous avons soutenu et accompagné les jeunes du quartier dans leurs projets pendant 4 années. Petit à petit, ils prennent part à la gestion et à la vie de leur quartier et se rendent visibles de manière positive par tou·te·s les habitant·e·s.

Retour sur quelques moments clés !

Des échanges avec l'Amérique latine

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- Le tournoi de Football 3 -

Nous avons accueilli deux éducatrices spécialisées dans le football 3, venues du Salvador et du Costa Rica. Et ensemble nous avons organisé une formation avec et pour les jeunes de Stephenson ainsi que pour un groupe de jeunes en Argentine (à Tucuman). Des échanges ont eu lieu entre les 2 groupes (partages et visites virtuelles de leurs quartiers, échanges autour du football...). Ainsi, au-delà de la formation « technique » au football 3, l’ambition et les méthodologies ont permis d’avoir des échanges à propos des territoires et vécus de chacun·e des participant·e·s (Stephenson – Salvador – Costa Rica et Argentine), mais également sur la posture d’animateur·rice de quartier et de leader communautaire.

En juin 2021, les jeunes nouvellement formés ont organisé un tournoi de football 3 au sein du quartier Stephenson avec des moments de débats et des moments plus sportifs, pour tous les habitant·e·s du quartier ! En parallèle du tournoi, une exposition sur le football 3 à travers le monde était exposée sur la place Stephenson.

Un super moment d'échanges et d'expérimentation !

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 - La Guinguette à Mots -

Après le premier confinement lié à la pandémie, nous avons mis en place une guinguette dans le quartier. Celle-ci a permis aux habitant·e·s et plus particulièrement aux jeunes de construire des messages à travers l’envoi de cartes postales (symbole de vacances et de voyage) entre des habitant·e·s encore confinés au Brésil dans la ville de Fortaleza et des habitant·e·s du quartier Stephenson !

Chaque semaine, les cartes étaient « postées » sur notre compte Instagram. Les brésiliens pouvaient réagir et nous transmettre leurs cartes.

Cette dynamique a permis de tisser des premiers liens entre Stephenson et Fortaleza, le début d’allers-retours qui ont perduré…

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- Cycle autour du Droit à la Ville - Belgique / Brésil -

Un cycle de rencontres a été organisé entre le groupe de jeunes de Stephenson et plusieurs groupes de jeunes brésiliens sur la thématique du droit à la ville depuis les périphéries, et plus particulièrement sur les questions de racisme structurel et précarité du travail chez les jeunes.

Occuper et s'approprier des lieux différents

Tout au long des 4 ans, la thématique des "lieux des possibles" a été travaillée. Très rapidement après les premiers échanges avec les jeunes du quartier, la réflexion est lancée collectivement : existe-t-il des lieux qui sont co-gérés avec les jeunes ? Nous sommes donc partis ensemble à la recherche d'expériences inspirantes : nous présentons le mARTadero, en Bolivie (cliquez ici pour en savoir plus), allons visiter le Musée du Capitalisme, qui permet d'enrichir les réflexions, visitons et organisons des ateliers à la Cité de la Jeunesse, un espace créé récemment par et pour les jeunes et qui a pris ses quartiers tout près de Stephenson. Et puis, c'est finalement à travers l'occupation temporaire du futur parc Stephenson que nous expérimentons d'autres manières d'occuper un lieu... et commençons à co-gérer un espace public !

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-L'occupation temporaire du (futur) parc Stephenson -

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Et les filles, dans le quartier ? 

Nous constatons rapidement que peu de filles de viennent à nos activités. Moins présentes dans les espaces publics, nous avons eu plus de difficultés pour aller à leur rencontre et nous faire connaitre. Au fur et à mesure, et grâce aux partenariats locaux, un groupe de filles s'organise pour prendre part à l'occupation du parc Stephenson ! Nous les aidons à aménager un lieu pour les filles, qui manque cruellement dans le quartier. Un lieu de ressources et d'échanges entre filles du quartier se crée. C'est alors l'occasion de partager les vécus de chacune sur leurs pratiques de la ville.

Et quelle place pour les jeunes dans l'espace public ?

De nombreux ateliers menés ont permis aux jeunes de trouver un espace d'échanges autour des vécus dont l'objectif était aussi de se renforcer et de se questionner. Écoute de podcasts ou organisation de débats, la plupart des activités ont eu lieu sur la place centrale du quartier pour permettre à chacun·e d'y prendre part.

Ces échanges ont notamment permis d’alimenter un podcast que nous avons réalisé sur le droit à la ville et plus particulièrement sur la question des corps marginalisés par l’espace public (avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre de nos activités d’Éducation permanente). L’épisode 2 reprend les voix de plusieurs jeunes du quartier qui s’interrogent sur l’influence de la présence policière dans leurs usages de la ville.

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Retrouvez l’épisode ici : https://periferia.be/decorps-urbains-episode-2-police-des-corps- mais-qui-proteges-tu/

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S'impliquer dans la vie du quartier

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Imaginer le réaménagement de la rue Navez

Tout au long de notre mission à Stephenson, nous avons aussi soutenu et accompagné les jeunes dans leur volonté prendre part à la vie de quartier... comme à travers l'implication dans le dispositif d'enveloppe citoyenne du contrat de quartier durable (pour financer la formation pour devenir animateur·rice de football 3 pour les plus jeunes du quartier, ou encore pour créer l'espace fille au sein de l'occupation temporaire), mais aussi pour donner son avis pour le futur du quartier : le réaménagement de la Rue Navez, les besoins liés au futur parc...

Pour que les jeunes, aussi, participent aux décisions dans leur quartier !

 

Des visages et des histoires en Colombie

Dans le cadre de la démarche Altoparlante (haut-parleur), nous étions en Colombie en octobre. L’occasion d’aller à la rencontre de Con-Vivamos à Medellín, une organisation dont nous avions présenté une expérience dans la publication « Transformations soci(ét)ales » (pages 36-39). Nous y abordions l’importance de « se souvenir dans les quartiers pour construire la paix ».

Dans un contexte marqué par des conflits, de la violence et de nombreux·ses disparu·e·s, Con-Vivamos participe à la construction de territoires de paix, particulièrement à partir des enfants et des jeunes.

Ces quelques photos en sont le témoignage.

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Au centre de Bogotá, une devanture de magasin rappelle l’histoire de Nicolas Neira, mort à 15 ans. Il a été victime des violences policières lors des manifestations du 1er mai 2005.

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Dans le quartier de Moravia, emblématique pour les résistances citoyennes au centre de Medellín, le visage de cette leader anime une des façades du quartier.

Dans la région Nord-est de Medellín, pas loin du siège de Con-Vivamos, des jeunes ont décidé de faire revivre un lieu public en y proposant des activités culturelles, artistiques et de rencontres. L’objectif : permettre aux enfants du quartier de ne pas tomber dans les mailles des groupes armés. Sur la fresque, une phrase « Nos necesitamos vivos » (nous avons besoin de nous en vie).

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Sessions d’information pour soutenir le collectif CAP Démocratie en Wallonie

Dire que la démocratie représentative est à bout de souffle en particulier en Belgique et en Wallonie est devenu un lieu commun. « Une société toujours plus repliée sur elle-même, qui croit de moins en moins dans ses institutions démocratiques et est tentée par une gouvernance autoritaire », tel est le tableau peu réjouissant donné par la nouvelle enquête « Noir, Jaune, Blues » publiée par Le Soir et sur la RTBF il y a quelques jours.

Une large majorité de citoyen·ne·s ne se sentent plus considéré·es par l’appareil politique et institutionnel. L’échéance des élections de 2024 appelle à reconstruire des ponts entre la société civile et nos représentant·e·s politiques au plus vite, au risque de voir l’absentéisme et les positions les plus extrêmes de rejet prendre le dessus.

Pour y parvenir en Wallonie, Periferia soutient le collectif citoyen wallon appelé CAP Démocratie (Citoyen·nes au Parlement) souhaite qu’un dialogue permanent entre citoyen·nes et représentant·es politiques soit instauré, en s’inspirant du modèle initié en communauté germanophone en 2019. Dans ce but, le collectif va adresser au Parlement wallon une pétition dans le cadre de l’article 130 BIS du règlement du Parlement wallon. Selon cet article, si 2000 signatures de résident·es wallon·nes âgé·es de plus de 16 ans sont collectées, le Parlement peut mettre en place une commission mixte, composée de citoyen·nes tiré·es au sort et de député·es parlementaires, pour débattre de la demande introduite via la pétition : une première expérience de dialogue ciotyen·es - élu·es en soi !

Nous en sommes aujourd’hui à 1300 signatures collectées !

Vous voulez en savoir plus :

  1. Rejoignez-nous le 13 février à 17h ou le 16 février à 12h30 (avec votre pique-nique) pour un échange convivial autour du sujet dans les locaux de Canopea, 5 Bd Mélot à Namur
  2. Vous pouvez lire la carte blanche signée par le collectif Cap Démocratie parue dans le journal Le Soir ou l’article rédigé par le journaliste Eric Deffet du même journal.
  3. Découvrez le modèle germanophone via cette analyse du CRISP

Je viens à la session d'info : https://www.eventbrite.be/e/billets-assemblee-citoyenne-rencontres-et-signature-dune-petition-523702186337

Je veux soutenir : https://www.capdemocratie.be/nous-soutenir/

Je signe : http://www.capdemocratie.be/petition/

À Molenbeek, le logement social comme patrimoine commun

En mars 2022 avait lieu la 1ère journée des Quartiers Populaires, rencontre qui réunissait habitant·e·s et collectifs pour se questionner et s’organiser face à la gentrification galopante dans certains quartiers Bruxellois. Suite à ce premier moment, un groupe d’habitant·e·s locataires de plusieurs sites du logement social à Molenbeek se réunit et se mobilise, appuyés par Periferia, La Rue et Bonnevie, pour améliorer les conditions de vie des habitant·e·s.

Le Logement social est à préserver

C’est ce que le groupe rappelait lors de son interpellation devant le conseil communal en juin dernier  : « Nous souhaitons échanger avec vous sur la meilleure solution actuelle pour mener la guérilla contre la gentrification, pour reprendre votre terme Madame la Bourgmestre. Cette solution, c’est la seule institution publique qui permet d’avoir des loyers abordables, c’est l’institution pour laquelle 100 000 bruxellois patientent sur des listes d’attentes interminables. C’est le logement social. »

Un diagnostic qui montre les nombreux problèmes

Mais si le logement social est la meilleure manière de lutter contre la gentrification, l’état des lieux qui ressort des échanges est plutôt sombre : de nombreux problèmes quant à la qualité des logements (humidité, bruit, insécurité…), une communication très compliquée avec les sociétés de logements sociaux (non-réponse par téléphone, longue attente pour une intervention, calendrier des rénovations pas connu…). Les locataires se questionnent sur la gestion de leur société de logements sociaux et leur accès à l’information sur des questions qui les concernent directement : à quoi correspondent les charges que je paye  ? Quel suivi/ contrôle des entreprises qui interviennent pour les travaux ?

Réagir de manière collective

En s’unissant pour essayer de trouver des solutions, les locataires du Logement Social à Molenbeek revendiquent des améliorations structurelles, et non au cas par cas.

Ainsi, en juin dernier le groupe décide de créer l’Union des locataires du logement social.

Au programme en 2023 : continuer le travail d’enquête sur la gestion du logement social, rencontrer les acteurs·rices communaux·ales et régionaux·ales compétent·e·s sur ces questions et construire des propositions collectives en vue d’améliorer les conditions de vie des habitant·es et ainsi commencer à réellement préserver le logement social, notre patrimoine commun !

Carte blanche // de l’importance du contrôle budgétaire

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Cinq ans après le scandale de Publifin, la Wallonie et l’Europe sont de nouveau secouées par des faits de mauvaise gestion de l’argent public et de corruption. En 2017, Periferia avait envoyé un courrier aux membres du Parlement Wallon pour les interpeller sur l’importance du contrôle budgétaire par des citoyen·ne·s et les informer de dispositifs inspirants existant en Belgique et ailleurs dans le Monde. Aucun·e ne nous avait répondu.
Fin 2022, nous leur avons renvoyé ce même courrier accompagné d’une nouvelle lettre les invitant à passer à l’action.

Pour lire la lettre de 2017, cliquez ici

Pour lire la nouvelle lettre envoyée fin 2022, c'est en cliquant par là

Repenser les espaces publics pour favoriser l’égalité de genre

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Depuis quelques années déjà, Periferia participe à plusieurs dynamiques autour de la place des femmes et des jeunes dans les espaces publics. En effet, prendre en compte les pratiques et reconnaitre l’expertise d’usage des femmes apparait comme une nécessité afin de garantir certains droits fondamentaux comme :

  • Un droit d’accessibilité ;
  • Un droit d’appropriation ;
  • Un droit à la participation au prise de décision et à l’exercice de la citoyenneté

Lors des diagnostics territoriaux participatifs réalisés, de marches exploratoires, d’ateliers en non mixité, le constat a été à chaque fois le même : celui d’une différence d’usages entre les hommes et les femmes de la ville et de ses espaces publics.  Les filles semblent moins occuper les espaces publics (notamment espaces sportifs et de loisir) que les garçons.

Pourtant, en région Bruxelloise, on constate que la question de l’égalité filles/garçons reste encore peu présente dans les réflexions sur l’aménagement des espaces et les investissements publics destinés aux loisirs des jeunes.

Mais comment prendre en compte les pratiques et le vécu des femmes dans l’aménagement ?

Nous sommes allés à la rencontre d’Edith Maruéjouls, autrice de la thèse : « Mixité, égalité et genre dans les espaces du loisir des jeunes : pertinence d'un paradigme féministe » et directrice de l’ARObE, l’Atelier Recherche Observatoire Égalité, un bureau d’études spécialisé dans l’aménagement égalitaires des espaces et la lutte contre les stéréotypes de genre afin de tenter d’y répondre.

Les réponses d'Edith Maruéjouls aux 3 questions que nous lui avons posées

  1. Un exemple d’aménagement inégalitaire ?
  2. Des conseils pour des aménagements plus égalitaires ?
  3. Les aménagements égalitaires : tout le monde gagnant ?

Cliquez sur l'image ci-dessous pour voir la vidéo de l'entretien !

Pour aller plus loin avec Edith Maruéjouls :

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Penser les espaces à l’école pour inclure tous les enfants

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Véritables espaces publics miniatures, les cours de récréation sont le lieu des premières inégalités – en particulier entre filles et garçons. L’aménagement des espaces peut en effet jouer un rôle déterminant dans la reproduction de schémas discriminants. L’absence de mixité, par exemple, est souvent favorisée par la configuration des lieux et le type d’activités qui y sont proposées. En analysant ces espaces scolaires et les relations qui s’y nouent, Édith Maruéjouls aide les écoles à lutter concrètement contre les discriminations liées au genre. Elle nous invite dans cet ouvrage très abordable à découvrir ces «géographies scolaires du genre», sa méthode de travail et les solutions permettant de rendre l’école plus inclusive. Car il est essentiel pour la réduction des inégalités et des violences de genre dans nos sociétés que tous et toutes puissent faire, au moins à l’école, je(u) égal.

Éditions Double Ponctuation, Collection "Point d'interrogation" (études, recherche, questions de société) - ISBN : 978-2-490855-36-0
16€ - 126 pages, 21x14,8x1cm, 150g
Parution en France, Suisse et Belgique en Août 2022 ; Parution à l'automne au Québec - Version Epub à venir

Comment sortir des traditionnels street workout ou terrains de football utilisés presque exclusivement par des jeunes garçons ? Quels aménagements pour que les filles occupent et jouissent d’un droit à l’espace public et au loisir elles aussi ?

L’exemple du groupe citoyen « La ville est à nous, AUSSI ! »

Après une phase de diagnostic sensible du quartier où habitent un groupe de jeunes filles, celles-ci cherchent des solutions en termes d’aménagement pour se sentir à l’aise dans l’espace public et pouvoir se l’approprier.

Pour en savoir plus et découvrir le Manifeste rédigé par le groupe, c'est par ici !

Pour elles, il est important d’avoir un espace ludique, un espace « agréable pour se poser », pour inciter les jeunes filles à l’occuper. Si les espaces ludiques sont souvent pensés pour les enfants, d’autres peuvent être conçus pour les plus grand·e·s. Certains espaces ludiques peuvent ainsi être appropriés par les adolescentes. Différentes dimensions à prendre en compte :

S'amuser/ jouer  : avoir des structures en bois/ hamacs / grandes balançoires / balancelles
Se retrouver / se rencontrer :  Tables et bancs, balancelles en face à face, filet géant
Se sentir en sécurité :

  • Planter des petits buissons autour pour être tranquilles, pas à la vue de tou·te·s quand on est assises.
  • Un système de lumières qui permette de pouvoir rester le soir/en fin d'après-midi

Quelques exemples d'aménagements plébiscités

Make Space for Girls pense les espaces publics avec les filles et jeunes femmes pour que les aménagements tiennent compte de leurs volontés et besoins, et "pas seulement ceux des jeunes hommes".

Plusieurs exemples d'aménagements sont repris. Celui sur l'image à droite a été très inspirant pour le groupe  'la Ville est à nous AUSSI'.

En effet, il reprend les différentes dimensions : ludique, où l'on peut être à plusieurs, notamment en face à face. Côté intimité, les arbres peuvent suffire, en fonction de où on se trouve et ce qui nous entoure.

Pour en savoir plus : https://makespaceforgirls.co.uk/about-us/

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Un groupe d'étudiant·e·s de Belgique et de France a aussi travaillé à la recherche de solutions en termes d'aménagements après avoir entendu parler du diagnostic réalisé par le groupe 'la ville est à nous, AUSSI.'

Sur la photo de gauche, le groupe a imaginé un espace qui soit accessible à tou·te·s, ludique pour tous les âges et convivial. C'est notamment le cas de la balançoire ronde et du filet pour se détendre.

A Copenhague, l'expérimentation sur les espaces publics est inspirante. Les balancelles ont largement étaient plébiscité par le groupe.

Au-delà des aménagements, inciter l’appropriation des espaces publics

Au-delà de l’aménagement des espaces, comme le rappelle Edith Maruéjouls dans la vidéo, se pose la question de qui occupe l'espace public. On constate que les jeunes femmes sont moins visibles et occupent rarement l'espace en groupe, à la différence des hommes.

Dès lors, il est aussi intéressant de développer des stratégies d’appropriation des espaces publics en groupe.

L’exemple des « Steph Girls » et de l’occupation temporaire du parc Stephenson (Schaerbeek)

A Schaerbeek, une occupation temporaire est mise en place dans un espace jusqu'alors privé, qui deviendra après travaux un parc ouvert à tou·te·s. La question de l'accès et de l'appropriation par les femmes et jeunes femmes de ce futur espace public est très vite apparue. Le groupe de jeunes femmes "les Steph Girls" ont voulu occuper cet espace en tant que groupe, et cela en non mixité. L'appel est lancé aux filles du quartier : "viens aménager un espace filles dans le quartier et réfléchir au futur parc !". Il s'agit d'abord d'occuper l'espace public en groupe et d'y faire les activités voulues par les Steph Girls. Derrière, la volonté de faire comprendre aux garçons : "le quartier n'est pas qu'à vous".

Une double stratégie à mettre en place

A la lumière de ces témoignages, il nous semble que favoriser l'égalité filles-garçons dans les espaces publics passe par un équilibre entre deux pratiques :

  • l'occupation au quotidien des espaces publics par les femmes, notamment en groupe afin de se les approprier ;
  • la mise en place d'aménagement et de plans d'aménagement égalitaire, à partir d'une réflexion sur le genre et de la participation des jeunes femmes aux processus de conception et de gestion de ces espaces.

Agir autrement, au croisement de pratiques et références d’ailleurs

Depuis sa création, Periferia travaille la question des relations Sud/Nord – Nord/Sud, persuadés que nous avons tout à gagner dans les échanges entre personnes et organisations de contextes différents. Dans le cadre des actions que nous menons avec des collectifs d’Amérique Latine, nous avons accueilli Anahí Machicado, éducatrice populaire et artiste bolivienne, pendant 3 mois au sein de Periferia.

Cette étude a été élaborée à partir de réflexions de Anahí et de l’équipe, puis nourrie par la mise en œuvre d’actions animées par Anahí avec plusieurs collectifs que Periferia accompagne. Enfin, elle permet d’amener des éléments de positionnement de Periferia que nous souhaitons partager avec d’autres personnes et collectifs désireux·ses de se laisser perturber par des regards et pratiques venues d’ailleurs.

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Soyons lobbyistes citoyen·ne·s ! 

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Pourquoi Periferia s’est intéressée au lobby citoyen ?

Depuis des années, Periferia accompagne des collectifs, groupes et organisations qui s’activent pour défendre des causes sociales, écologiques, de droit à la ville, de redistribution des richesses... Riches de nombreuses compétences, d’énergie et de volonté de transformer la société, ces groupes mènent des actions et inventent des projets qui sont porteur de transformations soci(ét)ales... Ils produisent chaque année des savoirs, analyses, propositions, rapports, mémorandums, études sur ces enjeux de société souvent complexes et sont porteurs de solutions parfois innovantes qui mériteraient d’être implémentées chez nous. Et pourtant... Beaucoup d’entre eux nous rapportent le même découragement de ne pas être entendu·e·s ou suffisamment influents que pour faire évoluer les décisions et politiques publiques.

C’est face à ces différentes interpellations, et nous-mêmes un peu désabusé·e·s quant de voir leu peu d’incidence concrète que ces démarches ont sur les décisions politiques, que Periferia s’est intéressée aux démarches de lobby politique.

Une pratique méconnue qui est pourtant couramment utilisée par d’autres organisations influentes comme les ONG, les grands groupes commerciaux, les GAMMA[1]... Tellement que la pratique de lobby est souvent vue comme une pratique réservée aux acteurs et actrices de la société qui défendent des intérêts contraires au bien-être et bien-vivre mondiaux ! Or ce qui pose problème, ce n’est pas la pratique en soi, mais la finalité et la manière dont elle est utilisée. Et en cela, il nous a semblé que ces associations et collectifs citoyens pourraient davantage se les approprier pour faire valoir, eux aussi, leurs visions des choses et défendre leurs propositions d’action.

Nous sommes donc parti·e·s à l’exploration du lobby (citoyen). a travers des rencontres, des entretiens, via des conférences, podcast et vidéos et avons cherché à fournir un premier outil - libre d’utilisation et de diffusion sous réserve de citer la source - qui puisse permettre à ces citoyen·ne·s et associations de s’approprier le concept et les outils pratiques du lobby citoyen.

Cette exploration n’est évidemment pas terminée. elle se poursuivra au fil du temps et nous alimenterons son contenu du fruit de nos futures recherches… et expérimentations !

[1] Google, Appel, Microsoft, Meta (ex-Facebook), Amazon.

Que trouverez-vous sur cette page ?

  • Une note d’introduction qui présente le contexte de production de cette présentation
  • Une présentation sous forme de slides qui peut être projetée ou imprimée pour un groupe. La présentation repose sur deux parties.
    -   Partie 1 : Quelques repères pour comprendre le lobby et le distinguer d’autres modes d’action
    -   Partie 2 : Guide pratique pour construire et préparer une démarche de lobby citoyen
  • Une note explicative de chaque slide pour faciliter l’appropriation des contenus de la présentation, et servir de support pour une animation.
  • Des liens vers des ressources analytiques et méthodologiques
  • Des exemples d’expériences inspirantes

C'est parti !

Note d'introduction

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Présentation en diapositives

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Notes explicatives des diapositives

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D'autres ressources à explorer...

...Autour du lobby citoyen

  • Lobby : origine et influence (ORBIS) : courte vidéo de présentation de ce qu’est le lobby, de ses origines à un état des lieux actuel https://www.youtube.com/watch?v=0QTQWYhdhTs
  • Lobby or not lobby (Vidéo DATAGUEULE) : courte vidéo de présentation de l’avènement du lobby économique actuel, du cadre légal et aperçu des pratiques détournées https://www.youtube.com/watch?v=9PHxPVumz_4
  • CLIC (Citoyennes.ens Lobbyistes d’Intérêts Communs)lobby-citoyen.org
    Un collectif de citoyen·ne·s français·e·s qui ne souhaitent plus laisser leur représentant décider pour elleux et les légitimer tous les 5 ou 6 ans lors des élections. « Notre volonté est de fournir aux citoyennes.ens, les clés de compréhension et les outils pour soutenir leurs propres engagements politique. Nous mettons à disposition de tous nos méthodes et nos outils et nous concevons des campagnes ciblées d’interpellation des politiques sur des sujets d’intérêt général. »
    Leur site internet contient de nombreux supports didactiques, vidéos, interviews et actualités inspirants pour qui souhaite mener ou soutenir des démarches de lobby citoyen. A visiter !
  • Mode d’emploi du lobby citoyen (par le CLIC) : https://lobby-citoyen.org/lobbying-mode-demploi/
  • Méthodes du lobby citoyen (par le CLIC) : https://lobby-citoyen.org/les-methodes-du-lobbying-citoyen/

...Autour du lobby et contre-lobby économique

  • CEO – Corporate Europe Observatory : Think tank qui surveille les lobbies économiques actifs autour des institutions européennes en Belgique. «Corporate Europe Observatory (CEO) est un groupe de recherche et de campagne travaillant pour exposer et remettre en question l'accès privilégié et l'influence dont jouissent les entreprises et leurs groupes de pression dans l'élaboration des politiques de l'UE. » https://corporateeurope.org/en/articles
    Ils sont notamment à l’origine du Lobby tour, une visite guidée de découverte des grands groupes de lobby à Bruxelles (un concept décliné ensuite dans d’autres villes et par d’autres organisations). https://corporateeurope.org/en/power-lobbies/2018/04/take-virtual-tour-eu-lobby-world
  • Lobby : la politique au service des intérêts privés ? : webconférence organisée par les Colibris. Au niveau européen, à l’Assemblée nationale, au Sénat, et jusque dans les cabinets ministériels… Les entreprises usent de leur pouvoir pour influencer les décisions politiques qui pourraient contrevenir à leurs intérêts. Alors que associations et ONG ont peu de moyens pour défendre l’intérêt général, les défenseurs d’intérêts privés, particulièrement les multinationales, dépensent des sommes colossales pour faire du lobbying. Une influence qui questionne la raison d’être même de nos démocraties. Comment se défaire de cette influence, ou du moins l’encadrer, pour faire primer l'intérêt général ?
  • Kit pédagogique autour des Lobbies et des Lois (par Culture et santé) : Ce kit pédagogique permet de rendre plus explicite le rôle majeur des lobbies industriels dans les prises de décision politiques, en particulier au niveau européen, et de questionner la place du citoyen·ne. Il est composé de :

Expériences inspirantes

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Construisons ensemble nos règles de fonctionnement et faisons-les évoluer

L’auto-règlement évolutif, ça vous dit quelque chose ? C’est l’expression couramment utilisée pour décrire le processus de construction et de révision collective des règlements des Budgets participatifs en Amérique latine. Une pratique qui redonne du sens au fait de se doter d’un règlement dans un collectif et qui apporte des billes pour le faire ensemble.
L’étude est structurée autour des trois dimensions qui composent ce concept :
- L’auto, c’est-à-dire le faire de construire ses règles avec et à partir de celles et ceux à qui elles s’adressent
- Règlement, c’est-à-dire le concept même de règle en fonction des finalités poursuivies et de la philosophie choisie
- Évolutif, c’est-à-dire le caractère adaptatif, révisable et dynamique à la fois du processus de construction et du contenu du règlement.
Cette publication invite à repenser plus largement le concept de règlement, l’intérêt de se doter (ou non) de règles et la manière dont on le fait.
Par choix méthodologique, nous avons préféré restreint le champ d’étude aux dispositifs spécifiques de Budgets Participatifs. La réflexion de cette étude est cependant tout à fait intéressante pour tout qui veut se nourrir sur l’enjeu de se doter de règles collectives, quel que soit le contexte dans lequel cela se passe (ROI, règles de vie communes dans un habitat groupé, charte de fonctionnement, etc.).

Sens et bénéfices de la participation

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Pourquoi un outil autour du sens et du bénéfice de la participation ?

Depuis ses débuts, le projet de Periferia s’inscrit dans une perspective de transformation sociale et sociétale, pour une société plus participative, inclusive et égalitaire, et ce, en partant de celles et ceux qui sont moins habitué·e·s à participer et se faire entendre. Les dynamiques que nous menons et les accompagnements que nous proposons se veulent tournés vers cet objectif d’incidence (sur les individus, l’organisation collective, les décisions et politiques publiques, les cadres et normes).

Depuis la fin des années 2000, nous avons vu les dispositifs de participation citoyenne se multiplier et s’étendre à bien des domaines. La participation citoyenne est devenue un incontournable… jusqu’à en être obligatoire dans certains projets publics comme la rénovation urbaine ou le développement territorial. Le rôle de chargé·e de participation est devenu un métier en soi, une fonction à part entière et, en parallèle, de nombreux outils ont été développés, actualisés, structurés. La participation s’est fortement opérationnalisée à coups de dispositifs, guides pratiques, méthodes prédéfinies, etc.
Progressivement la question du COMMENT a pris le pas sur la question du POUR QUOI ?

Dans le champ de la participation, on nous renvoie souvent le message que notre particularité n’est pas d’être expert (d’une méthode, de systématisation, d’une question…), mais plutôt de toujours revenir à des questions de SENS. La majorité de nos publications, dédiées à des questions de participation, ont été développées dans le but de remettre cette question au centre des démarches participatives et nous sommes sollicités chaque année pour intervenir sur ces questions auprès d’équipes, pôles de formation, espaces interprofessionnels ou autres. Des demandes auxquelles il ne nous est pas toujours possible de répondre, faute de temps.

En plus de nos publications (dont certaines sont mentionnées ci-dessous), nous avons donc fait le pari de mettre à disposition de tout·e un·e chacun·e un outil d’appropriation ET de transmission des clés et balises que nous avons développées autour du SENS et des BENEFICES de la participation (tant pour celles et ceux qui sont invité·e·s à participer que pour celles et ceux qui proposent de participer).

Cet outil – complémentaire aux publications méthodologiques – prend la forme d’une présentation projetable structurée en slides, et d’un document permettant de le commenter et l’illustrer oralement.
Il est donc libre d’utilisation, de diffusion, de transmission, sous réserve de citer la source.

Il a été testé à de nombreuses reprises et a évolué au fil des années pour atteindre la version actuelle qui pourra encore évoluer en fonction des retours que vous nous renverrez. 😉

Que trouverez-vous sur cette page ?

  • Une présentation sous forme de slides qui peut être projetée ou imprimée pour un groupe. La présentation repose sur deux parties.
  • Partie 1 : Quelques repères autour du sens et des finalités de la participation
    • A. La participation, c’est quoi ?
    • B. Pourquoi on fait de la participation ?
    • C. Participer, qu’est-ce que cela apporte aux participant·e·s ?
    • D. Ce qu’il faut retenir
  • Partie 2 : Appropriation d’une grille de planification de démarche participative
  • Une note explicative de chaque slide pour faciliter l’appropriation des contenus de la présentation et servir de support pour une animation.
  • La grille de planification de démarche de participation (format A3, recto verso, pliable en deux).
  • Des liens vers des ressources analytiques et méthodologiques
  • Des exemples d’expériences inspirantes (à venir !)

C'est parti !

Présentation en

diapositives

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Notes explicatives

Partie 1

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Notes explicatives 

Partie 2

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La grille

de la participation

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D'autres ressources

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Expériences inspirantes

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à venir

Mal loti·e·s ! Enquête sur une expulsion, en quête de solutions

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Invitée par le Rassemblement Wallon pour le Droit à l’Habitat, Periferia a participé à l’écriture collective d’un livret retraçant l’histoire des locataires tournaisien·ne·s expulsé·e·s de leur domicile au mois de juin 2020 suite à un incendie et à un arrêté communal de fermeture. Un livret aujourd'hui disponible en PDF !

Le récit collectif

Extrait du préambule :

Cela aurait pu rester un drame humain comme on en connait beaucoup d’autres en Wallonie et ailleurs, un bâtiment insalubre, un propriétaire qui ne se soucie guère de ses locataires et des pouvoirs publics qui laissent faire. Jusqu’à ce qu’une nuit, un incendie mette 33 ménages à la rue. Une nuit qui entraine la mort d’une personne et chamboule également de nombreuses vies.

Cela aurait pu rester un fait divers, une énième démonstration d’une poli­tique de logement aux abois et dont les plus faibles paient le prix, deux voire trois fois.

Mais il en a été autrement. Pas une histoire de super héro·ine·s et de méchant·e·s, mais une succession d’actions et de mobilisations qui ont fini par payer et redonner un peu de dignité. Ce genre d’histoire qu’on ne raconte pas dans les journaux, mais qui fait la différence parmi l’indiffé­rence.

C’est ce qu’ont voulu raconter les personnes qui ont vécu de près ces évè­nements. Pour témoigner des nombreuses difficultés, mais aussi de tout ce qui a germé et de ce qui pourrait changer.

Le présent récit retrace l’histoire des locataires expulsé·e·s de leur domicile situé rue des Campeaux et Quai Saint-Brice à Tournai au mois de juin 2020 suite à un incendie et à un arrêté communal de fermeture.

Retour sur la dynamique tournaisienne autour du livret

C'est avec le Collectif DAL Tournai, et deux de ses associations membres, le CIEP MOC Wapi et la maison d’accueil l’Étape, avec le soutien du RWDH et de Periferia que les locataires expulsé·e·s tiennent à laisser une trace des nombreuses difficultés liées à l’incendie traumatisant qu’ils et elles ont vécu, à l’expulsion forcée de leur logement, au manque de soutien et d’accompagnement ressenti ainsi qu’à la recherche d’un nouveau logement.

En contant les problèmes rencontrés tout au long de ce "parcours du combattant", mais aussi en proposant une liste de recommandations à suivre, l'objectif est aussi de susciter une prise de conscience citoyenne sur la problématique du logement à Tournai et de nouvelles manières de faire chez les responsables politiques. Les revendications et les conseils formulés par le collectif visent, dans le meilleur des cas, à éviter que pareille situation ne se reproduise ou, à défaut, à améliorer sa prise en charge.

Une invitation lancée lors du Conseil Communal

En vue du lancement du livret collectif "Mal Loti·e·s !" lors d'un grand événement le 11 juin 2022 et bien au courant de la nécessité d'inviter les pouvoirs publics à celui-ci afin qu'ils et elles écoutent les témoignages, constats et recommandations issues de nombreux mois de travail, le collectif a décidé de les inviter lors du Conseil Communal...un moment important pour le collectif !

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Une journée pour retracer ce véritable parcours du combattant

Nous vous y invitions déjà ici, le résultat de deux années de travail collectif acharné autour de la rédaction de ce récit de lutte fut présenté à Tournai lors la parution du livret ce 11 juin dernier.

Cette journée fut l'occasion pour les ex-locataires de la rue des Campeaux de revenir sur ce parcours du combattant qu'iels ont vécu à la suite de l'expulsion et ce, au travers d'une marche exploratoire, du vernissage de l'exposition, d'une table ronde thématique et surtout, de la parution du livret produit.

Retour en images sur cette journée..

Echange à Fortaleza : Jeunesses et Droit à la ville

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En juillet dernier, une partie de l’équipe était à Fortaleza dans le Nord-Est du Brésil dans la continuité des liens que nous tissons depuis 2019 entre Bruxelles et le Brésil sur la place des jeunes dans la ville.

Chérine et Samira, ont construit et participé à cet échange avec nous. Habitantes de l’avenue de Stalingrad (Bruxelles), elles se questionnent sur l’avenir de leur quartier avec la construction du métro 3 et des impacts que cela a et aura sur le quotidien des habitants (travaux, nouveaux types de commerces, augmentation des loyers…).
Elles ont réalisé un film documentaire sur les dessous du chantier et la volonté politique qu’on retrouve derrière la construction de ce métro.

La rencontre a eu lieu dans le quartier du Bom Jardim qui se situe en périphérie de Fortaleza et réunissait des collectifs du Nord-Est du Brésil (Recife, Guarabira, João Pessoa) de Bolivie (La Paz) et de Belgique (Bruxelles) qui chacun à sa manière lutte pour le droit à la ville.
Dans un contexte brésilien pré-éléctoral sous tension, échanger autour de la diversité des formes d’engagement de la jeunesse était fort et ressourçant.

Retour en images sur les moments forts de cette rencontre

Accueil au CDVHS où chaque collectif a pu partager son vécu à travers un symbole qui représente la jeunesse dans son contexte
Accueil au CDVHS où chaque collectif a pu partager son vécu à travers un symbole qui représente la jeunesse dans son contexte
Cette photo prise à Bruxelles sur l’avenue de Stalingrad (avant le début du chantier) a été l’un des symboles de la rencontre : la jeunesse à travers un haut-parleur qui demande plus de droits !
Cette photo prise à Bruxelles sur l’avenue de Stalingrad (avant le début du chantier) a été l’un des symboles de la rencontre : la jeunesse à travers un haut-parleur qui demande plus de droits !
Moment de partage autour de la nourriture et des histoires des spécialités de chaque région (rituel appelé "apthapi" dans la culture andine)
Ici la cérémonie du thé.
Moment de partage autour de la nourriture et des histoires des spécialités de chaque région (rituel appelé "apthapi" dans la culture andine) Ici la cérémonie du thé.
La rencontre a également été rythmée par des moments de débats autour de quatre principales thématiques :
  • racisme structurel
  • budgets publics et politiques jeunesse
  • droit au logement, à la terre, au territoire
  • sécurité alimentaire

Des récits de vécus très forts : retour de la faim, violence accrue vécue par les jeunes, division territoriale avec les factions présentes qui occupent une grande partie de la ville de Fortaleza… et des débats sur des enjeux majeurs à la veille des élections au Brésil.

Mais aussi des moments de construction de messages et de revendications collectives, comme à travers la création d’étendards. Chaque collectif a pu repartir avec un étendard sur son territoire.

UNE VIDEO QUI RETRACE LA RENCONTRE EST EN COURS DE CONSTRUCTION

D’autres récits de la rencontre :

Jeunes et engagement politique : différentes formes de participation

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Depuis plusieurs années, nous entendons les constats des un·es et des autres, sur la diminution de l'engagement politique et collectif des jeunes. Nous le constatons aussi, comme de nombreux·ses travailleurs·euses, peu de jeunes sont présent·es dans les espaces de participation traditionnels et nous avons parfois du mal à les mobiliser.

Cet article propose d'analyser l'engagement des jeunes à partir de plusieurs expérimentations et rencontres que nous avons eu ces dernières années :

  • plusieurs expérimentations au sein du quartier Stephenson, avec les jeunes du quartier, dans la période 2019-2023 ;
  •  des rencontres virtuelles entre des jeunes bruxellois et des jeunes brésilien·nes pour échanger autours des notions du droit à la ville et du racisme (dans la même période) ;
  • une rencontre internationale entre jeunes bruxelloises, jeunes brésilien·nes et jeunes boliviennes lors de l'été 2022, dont une vidéo permet de retracer les différentes formes d'engagements des jeunes rencontrées

Les jeunes : mais de qui parle-t-on au fait ?

Très vite en débutant nos réflexions autour de l'engagement des jeunes, nous nous sommes demandé s'il y avait un âge pour s'engager.

Pour parler d'engagement politique, peut-être faut-il attendre l'adolescence ? Finalement, on s'est vite rendu compte qu'à tout âge, l'engagement peut-être suscité ! Des jeunes de 11 ans, dans le quartier Stephenson, nous témoignent déjà de leur engagement dans leur quartier, à travers des activités organisées par le milieu associatif en particulier. Durant des sessions de débats et d'échanges, les jeunes ont déjà de nombreuses revendications en tête pour améliorer leur cadre de vie, et savent déjà proposer des idées pour leurs petits frères/soeurs, leurs parents, ou leurs grands-parents. Une capacité à sortir de l'individuel pour imaginer du collectif donc.

D'autres, plus âgés, à la vingtaine, cherchent à s'engager dans leur quartier, en particulier auprès des plus jeunes. Organisation d'activités, aide pour l'école, volonté de transmettre des valeurs qu'iels trouvent importantes...les actions sont nombreuses et diversifiées.

La crise sanitaire de 2020 nous a également montré l’élan de solidarité - et donc l'engagement concret - d’une grande partie des jeunes, à tout âge, en particulier dans l’aide alimentaire, dans les quartiers les plus populaires.

Samira et Chérine, habitantes du quartier Stalingrad à Bruxelles, se sont engagées dans la réalisation d'un film qui questionne le projet de construction de la nouvelle ligne de métro 3 dans leur quartier.

Tout cela montre l'engagement - souvent pour le quartier - des jeunes.

En 2016, nous pointions déjà la diversité des formes d'engagement suite aux échanges réalisés lors des Etats Généraux de la jeunesse :

  • Oser prendre la parole, s'exprimer via les médias (radio, théâtre, court-métrage...)
  • Oser parler sincèrement
  • Faire entendre sa voix sur les enjeux qui nous intéressent
  • Etre présent
  • Dénoncer publiquement
  • Manifester
  • Proposer et réaliser une action pour son quartier
  • Etre bénévole pour un festival
  • Participer, être acteur dans des processus, débats, tables-rondes...
  • Participer aux démarches associatives et être présents dans la structure
  • Proposer une action concrète pour répondre à un besoin que l'on rencontre
  • Participer à la vie de quartier
  • Participation à un projet citoyen, s'engager selon ses valeurs dans une action pour la société
  • Organisme de jeunesse, mouvements...
  • Etre délégué, par exemple dans une école, un Conseil de jeunes...

Pour en savoir plus, voir la publication « Mobiliser les jeunes, mission impossible ? » 

Cela dévoile aussi de la diversité des situations. "Les jeunes" n'est pas une seule catégorie. Si les âges montrent des formes d'engagement différentes, c'est aussi le cas du genre ou encore du quartier dans lequel on vit.

Avec Samira et Chérine, nous sommes donc parties rejoindre le Nord du Brésil pour une rencontre internationale de jeunes à Fortaleza. Dans un contexte si différent, les jeunes s'engagent-ils ? Et comment ?

Dès les prémices de l'organisation de cette rencontre, nous sentons et une énergie de la part des jeunes : la rencontre est organisée par les jeunes, pour les jeunes. C'est déjà une posture bien différentes des activités parfois organisés pour elles et eux...

La vidéo retrace ce voyage à la rencontre d'autres jeunes et met en lumière les formes d'engagement suivantes :

  • (s')informer
  • partir s'inspirer
  • partager des luttes
  • comprendre et analyser
  • (faire) connaitre ses droits et opportunités
  • se présenter
  • occuper les espaces politiques traditionnels
  • visibiliser et garder mémoire (des luttes)
  • s'engager, à travers la culture
  • célébrer

La place prépondérante des images et vidéos à travers les réseaux sociaux tel que Tiktok est bien connue. Mais les jeunes brésilien·nes nous prouvent qu'il s'agit aussi d'une manière de s'engager :

--> c'est une manière de faire soi-même, et de ne pas laisser faire d'autres, à sa place. Les montages sur TikTok sont réalisés par eux-mêmes, les message aussi.

--> les réseaux sociaux peuvent toucher de nombreux·ses jeunes, et il est important d'utiliser ce réseau pour informer, partager, aider à comprendre et analyser, faire connaitre ses droits et opportunités...

Si la crise sanitaire a montré l’engagement d’une grande partie des jeunes notamment dans l’aide alimentaire, il nous a semblé important de réaliser une analyse pour montrer que les jeunes sont bien engagés, eux aussi, et au- delà de l’urgence sanitaire, et que les formes d’engagements sont diverses. A nous, travailleurs et travailleuses de nous en saisir également pour aller à la rencontre des jeunes et valoriser leurs engagements !

Reporteros Altoparlante à Rottweil

Les espaces Altoparlante, présents en Amérique Latine depuis plusieurs années (www.altoparlante.org) le sont aussi en Europe. A l’occasion du séjour de Anahí en Belgique, nous avons organisé un voyage dans le sud de l’Allemagne. L’idée était de croiser des regards en allant à la découverte d’expériences aux alentours de Rottweil où habite maintenant Heike, une complice de la démarche Altoparlante.
Ci-dessous, quelques illustrations de ces 4 journées passées à la découverte d’initiatives passionnantes. Anahí en a aussi fait une vidéo qui transmet bien la dynamique ; elle est disponible ici (en espagnol, avec quelques passages en français et en allemand).

Reporteros_Altoparlante_Deborah
Reporteros_Altoparlante_Christophe
Reporteros_Altoparlante_Anahi
Reporteros_Altoparlante_Patrick

Un groupe improbable de reporters où personne ne connaît tout le monde et chacun apporte son point de vue et ses compétences !

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Accueillis dans la région de Heike (et Christophe) pour rencontrer et faire connaissance avec des militants et des initiatives citoyennes.

Reporteros_Altoparlante_Heike

Reporteros_Altoparlante_01_FranzWerk

Reporteros_Altoparlante_02_Constance

Reporteros_Altoparlante_03_Agenda21

Reporteros_Altoparlante_04_AladinFrieda

Reporteros_Altoparlante_05_FDG

Reporteros_Altoparlante_06_PrimaHausen

Reporteros_Altoparlante_07_Coconstruire

Reporteros_Altoparlante_08_Citations

Changer le modèle de démocratie à partir de listes citoyennes 

Et si on s’inspirait davantage du municipalisme libertaire ?

En 2012 et 2018, lors des dernières élections communales en Belgique, nous avons pu observer une recrudescence de listes citoyennes. Certaines ont été élues, d’autres pas. L’une d’elles a même réalisé le meilleur scrutin et s’est vu attribuer le rôle de bourgmestre et les clés pour constituer une majorité…mais a finalement choisi de se retirer, ne se sentant pas à la hauteur de cette lourde tâche.

Animées d’une envie « que ça change », « que ça se passe autrement », « d’être entendu·e·s » ou encore « d’insuffler une autre logique du faire politique », certaines de ces initiatives citoyennes se sont constituées pour opérer un changement de paradigme démocratique en tentant de rendre le pouvoir politique aux citoyen·ne·s. Pourtant, plusieurs semblent peiner à faire bouger les lignes de la vie politique locale.

Au cœur des problèmes rencontrés se trouve entre autres la difficulté de combiner deux logiques antagonistes de la démocratie : la logique représentative qui prévaut dans les organes politiques et la logique de démocratie directe ayant cours au sein des certaines listes citoyennes. De plus, ces initiatives étant souvent relativement jeunes, elles ne peuvent s’appuyer sur une base citoyenne suffisamment forte que pour supporter l’entrée dans le jeu des élections sans que cela ne fragilise la dynamique du groupe. Face à ces différentes tensions, beaucoup s’épuisent et certaines finissent même par jeter l’éponge.

Sans vouloir considérer le municipalisme libertaire[1] de Murray Bookchin comme un modèle unique et idéal, Periferia a vu dans cette proposition de structuration de la démocratie, plusieurs clés intéressantes à mettre en parallèle avec les défis que rencontrent ces listes citoyennes. L’exploration qui va suivre a pour objectif de mettre en avant certains aspects théoriques et pratiques issus du municipalisme libertaire et voir en quoi ces éléments pourraient venir outiller, inspirer ou guider certaines listes citoyennes.

Le municipalisme libertaire, c'est quoi ? 

Projet politique de l’écologie sociale, le municipalisme libertaire propose de résoudre les crises sociale, économique et écologique en opérant une transformation radicale de nos démocraties par la restitution du pouvoir politique aux citoyen·ne·s réuni·e·s en assemblées

© Debbie Bookchin, Own work / CC BY-SA 4.0
© Debbie Bookchin, Own work / CC BY-SA 4.0

Une définition pas si simple qui résume pourtant bien la pensée de Murray Bookchin. Décortiquons-la, ensemble !

Rompre avec la logique de hiérarchie et le principe de domination comme clés de résolution des différentes crises contemporaines

Tirer profit de personnes mal payées, établir supériorité et avantages selon le genre, considérer la nature et les animaux comme des variables d’ajustement pouvant être sacrifiées au nom du profit et du « toujours plus »... pour Murray Bookchin, ces situations ont en commun de s’établir sur le concept de hiérarchie, sur l’idée que les humains et les espèces vivantes ne sont en rien égaux.

Cette conception du monde hiérarchisante est le fondement des différents comportements de domination et d’exploitation. Une hiérarchie entre les espèces et les humains qui mène à des relations de domination :

  • domination d’humains sur d’autres humains,
  • de l’homme sur la femme,
  • de l’humain sur la nature et les animaux.
municipalisme illu

Cette manière de considérer le monde et d’agir, basée sur une vision inégalitaire, a engendré des crises sociales et écologiques majeures. Et puisque celles-ci sont nées d’un déséquilibre des relations, Bookchin envisage ces crises, quelles qu’elles soient, avant tout comme des problèmes sociaux qui doivent être solutionnés dans ce même champ social : à un problème social, la réponse doit être sociale. Son idée est qu’en transformant radicalement le modèle démocratique en un modèle égalitaire et non hiérarchique, les citoyen·ne·s seront à même de résoudre les différentes crises provoquées par ce modèle hiérarchique.

En d’autres mots : si l’organisation de nos vies est régie par la hiérarchie et l’exploitation provoquant des crises sociale et écologique majeures, alors tentons de les gérer par la collaboration et l’égalité pour sortir de ces crises.

rapports dominations

Un modèle de démocratie directe basé sur des assemblées citoyennes

Pour parvenir à transformer radicalement nos institutions politiques, économiques et sociales en rompant avec cette structure hiérarchie et inégalitaire, Bookchin défend l’idée d’un modèle de démocratie directe donnant l’ensemble des pouvoirs de décisions et d’administration aux citoyen·ne·s réuni·e·s en assemblées locales.

À l’inverse de la démocratie représentative et l’idée d’un projet démocratique qui serait mené par le haut, le municipalisme libertaire propose de repartir des citoyen·ne·s réuni·e·s en assemblées populaires avec pour objectif de les substituer à l’État-nation en lui faisant perdre pouvoir et légitimité.

Au lieu d’être gérées par des Gouvernements globaux (fédéral, régional, communautaire), les problématiques sociales, écologiques et économiques locales seraient alors traitées localement « […] par des assemblées populaires composées des résident·e·s du quartier, du village ou de la municipalité »[2].

A travers ces assemblées locales, la dynamique délibérative est toute autre. Chaque voix est reconnue et légitime. Les décisions sont prises sur base d’une éthique d’égalité, dans une dynamique de débat et un esprit de coopération plutôt que de rivalité.

Un retour au local…sans s’y enfermer

Pour autant, Bookchin met en garde contre les dérives de s’enfermer dans une vision localiste et communautaire. Il pointe les risques de repli communautaire : ni l’autarcie, ni l’autosuffisance locale totale ne sont souhaitables.

Si les assemblées doivent pouvoir se constituer au niveau local et les citoyen·ne·s reprendre le pouvoir sur les enjeux locaux, toutes ces assemblées doivent rester connectées les unes aux autres, dans une sorte de confédération des assemblées.

De même, Bookchin est lucide sur le fait que certaines questions qui affectent d’autres territoires ou d’autres personnes ne peuvent et ne doivent pas être traités uniquement au niveau local. Pour ces questions, le municipalisme libertaire prévoit un système de délégué·e·s issu·e·s des assemblées populaires qui se réuniraient en conseils régionaux, nationaux et transnationaux pour traiter de ces questions. Ces délégué·e·s seraient choisies par chaque assemblée populaire, qui leur accorderait un mandat impératif et révocable à tout moment.

fonctionnement ML

Utiliser les élections locales pour faire basculer nos démocraties représentatives en démocraties directes : oui, mais…

 Une stratégie de transition, pas un accomplissement en soi

Comment passer du modèle de démocratie représentative au modèle de démocratie directe prôné par le municipalisme libertaire ? Une des stratégies serait de « […] gagner les élections municipales afin d’occuper et de transformer radicalement les institutions de la commune de l’intérieur. Cette transformation radicale consisterait à transférer le pouvoir public conféré par les élections, des mains des élus officiels vers celles des assemblées populaires, confédérées entre elles »[3].

La phase de transition d’un modèle démocratique à un autre est dite période de « double pouvoir » ; stade durant lequel coexistent les modèles de démocratie représentative (via les élu·e·s issu·e·s des partis) et de démocratie directe (via les élu·e·s délégué·e·s par l’assemblée citoyenne).

La stratégie visant à infiltrer le pouvoir politique « représentatif » au même titre que les élu·e·s issu·e·s de partis n’est donc qu’un moyen pour faire perdre la légitimité politique que détenait jusqu’alors les institutions représentatives et progressivement instaurer la démocratie directe basé sur des assemblées locales.

Cette stratégie est temporaire : elle ne s’applique que le temps de la reconquête de l’ensemble des pouvoirs politiques par des assemblées citoyennes.

Dans cette optique de reprise du pouvoir par le bas, Bookchin propose que certain·e·s membres issu·e·s d’une assemblée populaire participent « […] aux élections locales afin de lier les mandats politiques municipaux aux décisions de l’assemblée populaire, l’objectif n’est pas de simplement mieux gérer l’administration municipale, mais bien de donner le pouvoir aux assemblées populaires décisionnelles basées sur la démocratie directe, et de rendre possible des alternatives économiques en opposition aux institutions existantes soumises aux logiques du capital »[4].

Les élections locales sont donc utilisées comme une stratégie de transfert permanent du pouvoir vers les citoyen·ne·s « non élu·e·s » et non comme l’intégration d’élu.e.s issu·e·s d’assemblées populaires à la gestion de la politique locale.

transfert pouvoirs

« En résumé, le municipalisme libertaire entend revitaliser les possibilités démocratiques présentes de façon latente dans les gouvernements locaux existants, et transformer ceux-ci en démocraties directes. Le but est de décentraliser ces communautés politiques de manière à ce qu’elles retrouvent une échelle humaine et soient adaptées à leur environnement naturel. Il s’agirait donc de restaurer les pratiques et les qualités de la citoyenneté afin que les femmes et les hommes prennent collectivement la responsabilité de la conduite de leurs propres communautés, suivant une éthique du partage et de la coopération, plutôt que de s’en remettre à des élites. Lorsqu’on aura créé ces démocraties directes, les municipalités démocratisées pourront être réunies dans des confédérations capables de s’attaquer enfin au capitalisme et à l’État-nation, pour aboutir à une société anarchiste, écologique et rationnelle. »

(Biehl & Bookchin, 2013, p.22-23)

Pour en savoir plus sur le municipalisme libertaire : un article du média Reporterre :
"La pensée essentielle de Murray Bookchin, fondateur de l'écologie sociale"

L'expérience municipalité de Jackson : deux points d'attention

Dans plusieurs régions du monde, des assemblées populaires ont tenté avec plus ou moins de succès de reprendre le pouvoir politique au niveau local en participant aux élections municipales : « Des “mairies du changement” en Espagne au mouvement transnational des Fearless Cities, du confédéralisme démocratique du Rojava au Kurdistan à une partie du mouvement des Gilets jaunes réunie dans les “assemblées des assemblées”, de certaines ZAD (zones à Défendre) aux plateformes citoyennes en vue des élections municipales de 2020 en France, des expériences se réclament aujourd’hui du municipalisme ou du communalisme »[5].

La chercheuse Sixtine van Outryve (2020) [6] a étudié l’expérimentation municipaliste à Jackson (voir encadré ci-dessous) dans le Mississippi aux États-Unis.

Our Power Campaign: Educate, Motivate, Cooperate for Climate Justice Source: Cooperation Jackson – Via le site The Urban Transcripts Journal, consulté le 3 mars 2022.

Quelques éléments contextuels de l’expérience municipaliste de Jackson

Située dans le sud des États-Unis dans l’état du Mississippi, la ville de Jackson est composée à 85% d’une population afro-américaine. L’histoire de la ville a été marquée par l’esclavage et les grandes inégalités raciales qui ont suivi. Dans les années soixante durant la période de luttes pour les droits civiques, elle fut le foyer de nombreuses contestations victorieuses pour l’accès aux institutions politiques de la population afro-américaine.

A la suite de la désindustrialisation qui marqua la fin des « trente glorieuses », la population s’est retrouvée grandement précarisée au niveau de l’emploi et des moyens de production. Jackson est aujourd’hui une des villes les plus pauvres des États-Unis. C’est de cette analyse et dans ce contexte qu’est né, à l’initiative du mouvement de libération noire, le Jackson-Kush Plan.

Ce plan stratégique a pour objectif d’utiliser les moyens municipalistes pour permettre l’autodétermination politique de la classe travailleuse noire, en partant du postulat que l’autodétermination politique n’est réalisable sans l’autodétermination économique. À cette fin, le plan allie trois axes complémentaires : la création d’assemblées populaires, la création d’un réseau de candidat·e·s pour gagner les élections locales et la construction d’une économie sociale et solidaire permettant de redonner du pouvoir quant aux conditions de vie et de travail de la classe travailleuse afro-américaine.

Des assemblées populaires se sont mises en place et ont permis à la fois de répondre à des problèmes concrets de la communauté et de construire une nouvelle culture de la démocratie directe tout en lançant des actions de pression dirigées vers les pouvoirs politiques. Ce sont ces mêmes assemblées qui ont donné mandat à Chokwe Lumumba de se présenter aux élections municipales. Il est d’abord élu comme conseiller communal en 2009 et puis devient maire en 2013. En février 2014, après 7 mois de mandat il meurt en laissant derrière lui un mouvement déboussolé. « Parmi les nombreux projets qui devaient être portés grâce à l’accès au pouvoir de la municipalité, le développement des liens de dialogue et de contrôle entre les assemblées populaires et l’administration municipale subit un arrêt brutal » (Outryve, 2020, p. 238).

Son fils lui succède, mais malgré l’aura de son père, il n’est pas issu du mouvement de la base et des différends politiques et stratégiques mettent fin en 2018 aux liens entre l’administration locale et le mouvement. « Faute d’accès au pouvoir et aux ressources institutionnelles, le mouvement se concentre désormais sur la création d’espaces pour permettre la prise de décisions collectives (comme des budgets participatifs ou des budgets pour les droits humains), ainsi que sur la construction d’une fédération de coopératives de travailleurs et travailleuses autonomes […] » (Outryve, 2020, p. 238).

 Source : Outryve, S. V. (2020). Le droit réinventé : La lutte des mouvements municipalistes pour le droit de la démocratie directe. In Bailleux, A., & Messiaen, M. (dir.), À qui profite le droit ? Le droit, marchandise et bien commun (p. 221-242). Anthemis.

De ses conclusions nous pouvons relever deux points d’attention relatifs à cette stratégie de transfert du pouvoir vers les assemblées citoyennes :

  1. Avant de participer aux élections communales, l’importance de construire une assemblée populaire forte

Le premier point d’attention soulevé par Sixtine Van Outryve est qu'il est « […] crucial pour tout mouvement municipaliste de commencer par entreprendre la tâche de construction de l’assemblée populaire comme institution autonome et d’éducation à la démocratie directe, avant d’adopter la stratégie d’occuper les institutions municipales »[7]

Participer à une dynamique électorale pour un mouvement municipaliste est éprouvant et quelque fois peut lui être fatal. D’abord - comme expliqué plus haut - parce que c’est une logique contraire à la démocratie directe. Ensuite, parce que c’est énergivore. Mais surtout, parce que se présenter aux élections municipales implique de mettre en avant les personnes candidates ; ce qui peut engendrer des tensions au niveau de la personnification du mouvement. Il s’agira donc de ne pas s’y précipiter avant d’avoir en amont posé des bases solides et capables de faire face à ces tensions. Car construire et établir un fonctionnement d’assemblée populaire qui ne sera pas anéanti par l’expérience électorale et sa logique représentative, demande à cette assemblée d’éprouver son fonctionnement dans le temps et pour les personnes qui y participent d’acquérir, d’intégrer et de construire ensemble de nouvelles habitudes et manières de fonctionner.

En somme, il s’agit de coconstruire une nouvelle culture de la démocratie, en prenant le temps d’expérimenter et d’apprendre d’autres fonctionnements que ceux de la démocratie représentative, et ce avant d’aller s’y frotter. Le risque sinon est de tomber rapidement dans le jeu de la démocratie tel qu’il se déroule dans notre système représentatif. Les municipalistes élu·e·s deviendront alors de « simples » porteur·se·s de voix citoyennes au même titre que le sont les élu·e·s partisan·e·s pour les membres de leur Parti. Le fonctionnement démocratique n’en sera pas transformé et les logiques de domination se poursuivront librement.

  1. Inscrire et développer la démocratie directe à l’ensemble des sphères affectant la population et son territoire

Un second point d’attention très important de la pensée de Bookchin est de ne pas limiter l’exercice de la démocratie directe uniquement à la sphère institutionnelle. Le fait d’ouvrir l’exercice du pouvoir de la démocratie directe à d’autres sphères comme « […] la sphère du travail, du logement, de l’alimentation, de l’énergie, des services publics, de la production, est également nécessaire afin de permettre à la population de prendre les décisions sur des sujets qui l’affectent directement […] »[8].

En effet, l’objectif du municipalisme libertaire au-delà du transfert des pouvoirs politiques aux citoyen·ne·s réuni·e·s en assemblée, est de relocaliser autant que possible la gestion et l’administration des domaines économiques et sociaux qui sont dans nos modèles représentatifs souvent cantonnés à des niveaux de pouvoir supérieurs à celui de l’échelle municipale. Ce point peut sembler audacieux, il est pourtant essentiel si l’on envisage un modèle où les citoyen·ne·s réuni·e·s en assemblées reprendraient le pouvoir sur des enjeux majeurs qui les concernent directement.

Ainsi, il s’agit de développer des initiatives économiques et sociales qui soient en mesure de trouver des réponses concrètes aux besoins quotidiens des membres de l’assemblée populaire. Ce qui constitue une réappropriation des pouvoirs économiques et sociaux par les citoyen·ne·s et inscrit l’exercice de la démocratie directe dans l’ensemble des questions qui affectent un territoire et ses habitant·e·s.

Il s’agit de reprendre le pouvoir sur l’Etat-Nation pour le transférer vers les assemblées citoyennes confédérées, afin de permettre aux citoyen·ne·s de prendre des décisions qui impactent réellement leur vie.

Quelles balises pour soutenir les listes citoyennes porteuses de ce changement de modèle démocratique ?

S’il est clair que toutes les listes citoyennes ne cherchent pas à opérer ce basculement vers une démocratiedirecte basée sur des assemblées citoyennes, il nous a semblé intéressant d’explorer la pensée de Bookchin qui redonne du sens à plusieurs de leurs pratiques : des élu·e·s issu·e·s d’assemblées et porte-paroles de ces dernières, ne pas se limiter aux seul·e·s membres de leur liste, mais vouloir « raccrocher à la politique » tou·te·s les habitant·e·s, organiser régulièrement des assemblées citoyennes ouvertes à tou·te·s pour débattre des sujets à porter au sein du Conseil et/ou du Collège, construire les décisions collectivement dans le respect de la diversité des opinions… Malgré ces spécificités, et comme vu précédemment, la participation d’un mouvement citoyen à une logique électorale comporte bien des difficultés et demande d’être murement réfléchie.

Dans cette publication, nous souhaitons mettre en avant des pistes pour s’inspirer des réflexions de Bookchin quant au potentiel de transformation soci(ét)ale que constitue un modèle de société reposant sur des assemblées citoyennes locales confédérées.

Prendre le temps de coconstruire une culture démocratique au sein des assemblées citoyennes

Se pose d’abord la question du timing. Bien des listes citoyennes semblent se construire autour du calendrier électoral et ses échéances : les listes se forment peu avant les élections ET en vue des élections. Pourtant, il ne fait pas de doute que celles et ceux qui font le pas de se rassembler en liste sont pour la plupart des citoyen·ne·s déjà engagé·e·s dans leur territoire et bien souvent, iels le font avec l’envie de reprendre ensemble un pouvoir politique ou au moins d’insuffler une autre manière de faire politique.

Ne serait-il pas intéressant de revoir ce paradigme : ne plus attendre la perspective des élections pour se rassembler et déjà initier des assemblées citoyennes pour qu’une majorité de citoyen·ne·s soient prêt·e·s à utiliser ce fonctionnement collectif une fois la liste élue ? Cela serait d’autant plus pertinent que le choix de se présenter aux élections serait dès lors une décision collective émergeant d’une base citoyenne plus large.

De plus participer aux élections locales détourne une grande partie de l’énergie disponible au sein de ces mouvements. Difficile d'envisager l’apprentissage et la construction d’une culture commune à l’ensemble des membres de l’assemblée en même temps que l’on cherche à intégrer le jeu politique représentatif.

Le risque est que l’énergie soit trop accaparée par cette participation électorale et ne permette plus la construction d’une culture de la démocratie directe entre tou·te·s les membres de l’assemblée. Faute de temps et d’énergie, les personnes participant aux élections risquent de se couper du reste de l’assemblée. La conséquence est que cette culture se forge alors entre les personnes à l’initiative de la liste formant une sorte de « noyau dur » et sur qui semble reposer l’entièreté du portage de l’assemblée. Devenant alors des leaders – même sans le vouloir – que les autres suivent de plus loin, tel·le·s des sympathisant·e·s plutôt que comme membres décideurs.

Changer la culture démocratique et son modèle prend beaucoup de temps et d’énergie, de même que participer au jeu électoral local.

En résumé, l’enjeu se situe surtout dans le fait de ne pas négliger l’importance de la construction d’une culture commune de la démocratie directe au sein des assemblées, qui dans l’idéal devrait être un des premiers pas des listes citoyennes. Ceci afin que ces assemblées soient des entités suffisamment fortes et autonomes pour pouvoir se permettre d’envisager par la suite le projet de lier l’assemblée à des mandats politiques via la participation aux élections municipales de certains de ses délégué·e·s et de ne pas perdre de vue leur volonté de transformer, à terme, le système politique représentatif en système de démocratie directe.

Dans le cas contraire, les personnes portant les mandats politiques courent le risque de ne pas savoir de qui iels sont les porte-paroles et de perdre en légitimité politique. Une évidence et pourtant… ce n’est pas si rare de voir une liste citoyenne n’être, au fil du temps, plus représentative que de celleux qui y figurent ; les citoyen·ne·s participant de moins en moins aux assemblées qu’iels jugent finalement assez semblables aux réunions politiques classiques.

Participer aux élections pour transférer le pouvoir vers l’assemblée et non comme une tentative de mieux administrer les institutions locales

La manière d’envisager la participation aux élections par Bookchin donne, selon nous, des éléments de positionnement intéressants pour les listes citoyennes qui s’inscriraient dans de telles finalités.

Premièrement, la participation aux élections est envisagée comme une stratégie et non une fin en soi.C’est un moyen à disposition des listes citoyennes pour rendre le pouvoir aux citoyen·ne·s réuni·e·s dans leur assemblée. Ce n’est donc qu’une option parmi d’autres, et l’on peut envisager de ne pas passer par cette étape.

Deuxièmement, la participation aux organes politiques « classiques » par les élections n’a donc pas non pour finalité de mieux administrer les institutions locales. Cette idée reprend deux dimensions fondamentales.

D’abord, il s’agit d’ouvrir les champs politiques à d’autres compétences que celles que se reconnaissent les institutions locales. C’est-à-dire réintroduire des sujets de discussion (et donc de décision) qui ne sont plus discutés au niveau local car considérés comme dépendants d’autres niveaux de pouvoir. C’est par exemple ce qu’ont fait certaines communes belges en se déclarant communes hospitalières alors que l’État Fédéral, compétent en matière d’immigration, adoptait une position tout à fait hostile à l’immigration.

Ensuite, il ne s’agit pas « d’envoyer » des délégué·e·s issu·e·s d’une assemblée dans l’arène politique décidant en leur nom propre, mais bien d’envoyer des porte-paroles des décisions prises par l’assemblée. Une fois élue, l’aller-retour entre l’assemblée et la personne déléguée par l’assemblée pour participer aux élections reste permanente.

Plus globalement, il semble antinomique de vouloir à la fois mieux administrer la commune en rejoignant l’équipe des élu·e·s locaux et vouloir en même temps changer la culture démocratique représentative pour une démocratie directe.

Le fonctionnement par délégation demande une autre temporalité et d’autres dispositifs, il n'est pas question pour le/la délégué·e de prendre des décisions tout·e seul·e ou de devenir expert·e dans tel ou tel domaine, mais de prendre le temps en assemblée de s’approprier collectivement les sujets et pouvoir par la suite construire une réponse commune.

Être soumis à l’agenda politique communal ou devoir fournir des réponses sur des sujets qui demandent plus de temps et réflexions à l’assemblée, sont quelques exemples d’une mise sous pression de la logique représentative que subissent les assemblées citoyennes et qui nous semblent leur être dommageable.

Face à une telle incompatibilité de cultures démocratiques, il nous semble pertinent que les listes citoyennes priorisent le développement et la construction de leur propre culture de la démocratie directe au sein de leurs assemblées plutôt que le bon suivi de l’agenda politique institutionnel local.

L'espérience de Commercy

Comme dans beaucoup de villes de France, des citoyen·ne·s de la municipalité de Commercy ont endossé leur gilet jaune et se sont réuni·e·s pour bloquer des ronds-points et des péages.

La mobilisation est forte et assez vite, le mouvement spontané se structure autour d’une cabane de fortune installé à côté d’un rond-point. Des assemblées pour débattre et décider des futures actions s’y organisent chaque jour, autour d’un repas ou d’une collation partagée. Le mouvement se structure, interpelle les élu·e·s, tente d’organiser un référendum local… Face à l’ampleur du mouvement, le Gouvernement appelle à constituer un groupe de représentant·e·s des GJ.  Un modèle rejeté par les commercien·ne·s qui lancent un appel à se rassembler au sein d’une « assemblée des assemblées ».

Découvrez leur argumentaire ici 

Construire un agenda politique citoyen afin de renforcer l’assemblée et faire grandir le mouvement

Une fois que les listes « ont gagné » certain·e·s élu·e·s, il est vite tentant de vouloir se saisir des sujets politiques « sur la table » et de se positionner par rapport à eux. On suit alors l’agenda politique de la majorité en place et/ ou de l’actualité. Pour éviter ce travers – et rester dans la logique de transférer les pouvoirs politiques vers l’assemblée citoyenne –, il semble intéressant de coconstruire un agenda politique au sein des assemblées : définir ensemble la liste des points à discuter au sein de l’assemblée en repartant des besoins et constats exprimés par ses membres. Il s’agit ainsi de ne pas tomber dans les travers de vouloir répondre à tout prix aux préoccupations mises sur la table par les élu·e·s de la majorité mais d’apporter sa propre liste de préoccupations issues de l’assemblée citoyenne. De cette manière, la liste joue son propre jeu politique au sein de l’arène et ne perd pas le sens de ce qu’elle défend.

Construire son agenda politique permet de maintenir une assemblée vivante et alerte sur la direction suivie et de faire grandir le mouvement citoyen. La pratique de dialogue régulier entre citoyen·ne·s réuni·e·s au sein de l’assemblée permet de faire émerger les constats, besoins et projets qui les (pré)occupent. À partir de là, iels peuvent établir collectivement un agenda politique, cohérent pour tou·te·s, des sujets à traiter prioritairement. Cela garantit à l’assemblée de garder la main sur les sujets qu’elle mettrait en discussion politique avec d’autres, en y consacrant le temps qui lui semble nécessaire pour prendre une décision.

En plus de constituer une mise en pratique concrète d’une réappropriation collective du pouvoir politique, ces échanges permettent de construire une culture commune de la démocratie directe au sein de l’assemblée. Il nous semble également qu’une dynamique qui repartirait des enjeux locaux portés par les citoyen·ne·s pourrait davantage mobiliser de nouveaux membres se sentant peu interpellé·e·s ou intéressé·e·s par les questions à l’agenda politique des institutions représentatives locales. La liste citoyenne peut alors recourir à des diagnostics territoriaux réguliers, mener des enquêtes auprès des citoyen·ne·s, programmés des assemblées sur des thèmes ou dans des territoires (quartiers, villages, hameaux, etc.) ou auprès de publics (seniors, femmes, jeunes parents, étudiant·e·s, personnes immigrées, personnes porteuses d’un handicap, etc.) spécifiques.

Adapter la taille du territoire et/ou de la population à l’exercice de l’assemblée

Et enfin, la dernière clé importante réside dans la taille du territoire couvert et/ou de la population concernée par l’assemblée populaire.

Les listes citoyennes prenant souvent comme point de départ les élections locales, le territoire auquel elles s’adressent couvre souvent l’ensemble de la commune. En Belgique, certaines communes ne représentent qu’un petit territoire et/ou un petit nombre de citoyen·ne·s, néanmoins à la suite de la fusion des communes, la taille d’une commune moyenne environne aujourd’hui les 20.000 habitant·e·s.

La possibilité de réunir, au sein d’un même espace, un si grand nombre de personnes semble peu pertinent au regard des besoins liés à l’exercice de la démocratie délibérative.

La dynamique des assemblées imaginée par Bookchin en fait des espaces de dialogue où les singularités et antagonismes doivent pouvoir s’exprimer et être pris en compte afin de construire ensemble des solutions qui soient au plus proche des réalités vécues.

Ces différentes conditions ne semblent pouvoir être réunies qu’au sein d’assemblées citoyennes qui seraient le reflet d’une petite fraction de territoire. Ainsi, idéalement, une assemblée pourrait, en fonction des réalités démographiques et géographiques locales, être constituée des habitant·e·s d’une rue, d’un quartier, voire d’un village.

Pratiquement, cela impliquerait pour les listes citoyennes de démultiplier les assemblées populaires au sein de leur territoire communal, afin de permettre le développement d’assemblées proches des réalités de chacun·e. Celles-ci garantiraient alors l’espace et le temps nécessaires à l’expression individuelle et collective et permettraient une réappropriation progressive des pouvoirs politiques. Un tel exercice demande certes un investissement en temps et en logistique plus important que le format classique de la démocratie représentative. Il s’agit donc bien d’instiller une nouvelle culture « globale » de la démocratie directe. Culture qui passera aussi par un rééquilibrage du temps dédié à la chose publique et aux liens sociaux, mais ceci est encore une autre histoire…

Conclusion

Construire et expérimenter des modèles de démocratie qui sortiraient de la logique représentative ne semble pas chose aisée. En effet, toute tentative de transformation sociale prend du temps et fait face à d’inévitables vents contraires qui peuvent également lui être fatals. À l’exploration de certains aspects issus du municipalisme libertaire, il nous semble que celui-ci peut être source inspirante pour redéployer la créativité et les stratégies des listes citoyennes désireuses de faire évoluer les modes de faire politique et d’impliquer plus largement les citoyen·ne·s dans le champ politique.

Qu’il s’agisse de prendre le temps de construire une nouvelle culture de la démocratie au sein des assemblées, d’envisager la participation aux élections locales uniquement comme une stratégie de transfert du pouvoir politique vers les assemblées citoyennes, de sortir de l’agenda politique communal en allant explorer avec les citoyen·ne·s leurs priorités politiques, de développer des assemblées à une échelle plus réduite que la souscription électorale, de renforcer les liens entre ces assemblées au-delà des découpages territoriaux et administratifs officiels…les pistes sont nombreuses.

Il nous semble que loin d’être exhaustive, cette exploration introductive au municipalisme libertaire permet de fournir à ces courageuses listes citoyennes des balises et inspirations pour enclencher et porter cette transformation de la vie démocratique locale par l’exercice du pouvoir politique de citoyen·ne·s réuni·e·s au sein d’assemblées.

À tou·te·s, une belle continuation dans ce dessein…

Quelques ressources pour aller plus loin

D'autres outils pour se mettre en action

Forum, Plénière, Agora... Outil d'inspiration pour aider à la conception et l'animation de grandes assemblées

Une publication pour aider à concevoir et animer un moment de co-construire réunissant un grand nombre de personnes (de 50 à 200). A partir de huit exemples d’assemblées de ce genre, elle explicite la méthodologie utilisée, les clés pour la mise en œuvre et l’animation ainsi qu’une série de points d’attention ou d’écueils à éviter.

Publication téléchargeable ici 

Questionner le sens de nos actions de terrain.

 Une publication ressource lorsqu’on a le sentiment d’avoir perdu de vue le sens de ce qui nous unit et nous porte…et qu’on souhaite le retrouver ou le redéfinir. Elle propose 6 portes d’entrée pour y parvenir : à partir de nos activités et actions, à partir de nos objectifs et intentions, à partir d’une évaluation, à partir d’une difficulté ou une opportunité, à partir d’une envie de transmettre à d’autres et enfin, à partir d’enjeux, motivations ou valeurs qui nous portent.

Publication téléchargeable ici.

Décider ensemble ?! – construire un processus de prise de décision collective

Les portes d’entrée vers la décision collective sont plus nombreuses qu’on ne l’imagine et demande, avant de se poser la question du « comment », de bien clarifier ce que l’on recherche comme décision. Cette publication propose d’explorer les différentes étapes de mise en œuvre d’un processus décisionnel et pointe les questions à se poser pour définir le choix de la méthode la plus adéquate.

Publication téléchargeable ici

Articles et revues en ligne autours du Municipalisme libertaire

  • 0En France, le municipalisme libertaire trace son chemin. A découvrir ici.
  • « Le municipalisme libertaire, qu’est-ce donc ? ». A découvrir ici.
  • « Le municipalisme c’est l’autogouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple ». A découvrir ici
  • « La révolution commence-t-elle par le local ? Expérimentations communales et dilemmes stratégiques ». A découvrir ici.
  •  Reporterre a consacré un article à l'expérience de confédéralisme démocratique du Kurdistan syrien particulièrement inspirant en matière de féminisme et de multiculturalisme. Une révolution sociale multiethnique, féministe et auto-organisée à découvrir ici

Formation - MOOC

Livres

  • Janet Biehl, Le municipalisme libertaire, Écosociété, 2013.
  • Murray Bookchin, Pouvoir de détruire, pouvoir de créer. Vers une écologie sociale et libertaire, L’Échappée, 2019.

Bibliographie

[1] Le Municipalisme libertaire aussi appelé "Communalisme" a été théorisé par le philosophe, militant, penseur social, écologiste et fondateur de l’écologie sociale, Murray Bookchin (1921-2006).

[2] Durand-Folco, J., & Outryve, S. van. (2020). Genèse et métamorphoses du municipalisme libertaire aux Etats-Unis : Vers une première confédération démocratique nord- américaine ? Mouvements, n° 101(1), p. 132

[3]Outryve, S. V. (2020). Le droit réinventé : La lutte des mouvements municipalistes pour le droit de la démocratie directe. In Bailleux, A., & Messiaen, M. (dir.), À qui profite le droit ? Le droit, marchandise et bien commun. Anthemis. p. 227

[4] Durand-Folco, J., & Outryve, S. van. (2020). Genèse et métamorphoses du municipalisme libertaire aux Etats-Unis : Vers une première confédération démocratique nord- américaine ? Mouvements, n° 101(1), p. 133

[5] Cossart, P., & Sauvêtre, P. (2020). Du municipalisme au communalisme. Mouvements, n° 101(1), p. 1

[6] Outryve, S. V. (2020). Le droit réinventé : La lutte des mouvements municipalistes pour le droit de la démocratie directe. In Bailleux, A., & Messiaen, M. (dir.), À qui profite le droit ? Le droit, marchandise et bien commun (p. 221-242). Anthemis.

[7] Outryve, S. V. (2020). Le droit réinventé : La lutte des mouvements municipalistes pour le droit de la démocratie directe. In Bailleux, A., & Messiaen, M. (dir.), À qui profite le droit ? Le droit, marchandise et bien commun. Anthemis. p. 240

[8] Outryve, S. V. (2020). Le droit réinventé : La lutte des mouvements municipalistes pour le droit de la démocratie directe. In Bailleux, A., & Messiaen, M. (dir.), À qui profite le droit ? Le droit, marchandise et bien commun. Anthemis. p. 241