Être une femme dans une ville d’hommes

"La ville appartient aux hommes, nous apprennent sociologues, historiens et géographes. La plupart du temps, elle est conçue pour rappeler aux femmes que leur place est ailleurs. Au foyer. À la sortie des écoles. Les lieux publics, même les plus visibles, même les plus symboliques, sont très souvent monopolisés, en nombre, par ces messieurs. Vous en doutez ? « Wilfried » est allé compter."

Extrait du numéro 16 du magazine belge Wilfried.

Source image : site internet de Wilfried

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Vers un droit à la ville féministe : les expertes de la ville…les usagères

"Depuis quelques années les féminismes se sont invités dans les débats architecturaux et urbanistiques. Loin d’être une vision monolithique de ce que devrait être l’espace urbain, l’architecture et l’urbanisme féministes appellent plutôt à partir des usages et des pratiques des habitant·es pour construire une ville plus égalitaire.

En 1968, Henri Lefebvre publie Le Droit à la ville. Il y relève que l’espace est à la fois le produit des rapports sociaux et lieu de leur reproduction. Penseur critique marxiste, il replace les enjeux urbains dans une perspective sociale et politique qui jusqu’alors avait été laissée à la discrétion des techniciens et spécialistes (les urbanistes), de l’État (le gestionnaire) et des acteurs économiques capitalistes. Il appelle à s’emparer de ces enjeux pour se réapproprier la ville par la construction d’un débat public et d’un savoir scientifique à partir des usages, et par l’appropriation physique et l’autogestion de la ville.

Depuis, les mouvements féministes se sont saisis de la question urbaine et ont souligné les dimensions genrées de la ville construite par et pour les hommes".

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L’égalité sous conditions

Podcast

"Le premier épisode de l’émission mensuelle « Le genre en ville » questionne la mise en œuvre du principe républicain d’égalité en France. La politiste Réjane Sénac souligne comment son application se fait « sous conditions », sans réussir à endiguer les inégalités et les dominations de genre."

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Source : site internet de Métropolitiques

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La ville faite par et pour les hommes

"Des noms d'hommes sur les plaques à tous les coins de rues. Des loisirs qui profitent en priorité aux garçons. Des offres de transport insensibles aux spécificités de genre. Sans oublier la culture du harcèlement.La ville se décline surtout au masculin. Plusieurs études récentes le confirment. L'auteur décrit comment la cité renforce les inégalités entre les femmes et les hommes et en crée de nouvelles, et montre qu'il est possible de la rendre plus égalitaire.L'usage de la ville est mixte, et travailler sur le mieux vivre des femmes, n'est-ce pas travailler pour tous ?"
Vous pouvez vous procurer cet ouvrage d'Yves Raibaud en librairie.

Villes féministes, notes de terrain

"À qui appartient la ville ? Sûrement pas aux femmes. Souvent le théâtre des violences, la ville repose sur des fondations sexistes. Kern s’attarde à la manière dont les relations de genre, de classe, de race et d’âge se déploient dans la ville. Elle nous invite à redéfinir et à nous réapproprier les espaces urbains. Comment rendre nos villes plus féministes ?

Partant de son expérience quotidienne de citadine à différentes époques de sa vie (enfant, adolescente, étudiante, travailleuse, militante et mère), elle s’appuie sur les théories d’urbanisme,  des travaux de géographes féministes et des références à la culture pop pour montrer comment une ville genrée qui s’embourgeoise exclut les populations marginalisées, mais également pour évoquer les possibles configurations d’une ville plus inclusive."

 

Pour vous procurez cet ouvrage de Leslie Kern, rendez-vous en librairie.

Pour de nouveaux droits politiques

Depuis toujours, Periferia défend un projet de société plus participative et inclusive, en cherchant à faire reconnaitre les expertises citoyennes et à rééquilibrer les pouvoirs d’influence de celles et ceux qui sont éloignés des espaces de prise de décisions. Elle a tenté de promouvoir l’implication des citoyennes dans les décisions impactant la manière de fabriquer la ville (via notamment les contrats de Quartiers Durables à Bruxelles), l’accès au droit au logement et d’habiter la ville (via notamment les Community Land Trust), la gestion des finances publiques (via les budgets citoyens et participatifs). Force est de constater que ces innovations, si elles sont saluées par de nombreuses institutions publiques et organisations de terrain, ne peinent à se traduire en nouvelles politiques publiques. Ces initiatives restent à la marge, à côté du système politique, sans parvenir à le faire évoluer ou l’imprégner (dans le politique).

Depuis 2022, à la sortie de la crise sanitaire qui a ébranlé nos démocraties, Periferia, portée par des énergies citoyennes, s’est donc engagée dans des processus plus radicaux visant à faire évoluer notre système de représentation démocratique. D’abord en soutenant l’instauration d’assemblées citoyennes parlementaires, via le collectif CaP Démocratie (Citoyen·ne·s au Parlement) ou encore Agora Brussels. Aujourd’hui, en s’engageant auprès de cinq autres collectifs et associations pour revendiquer l’inscription de nouveaux droits politiques. au sein de notre constitution.

Cette analyse, co-écrite avec ces partenaires, revient sur les raisons de ce combat et explicitent les opportunités de la prochaine révision constitutionnelle sur lesquelles il est important de rebondir.

« Il est temps de changer la constitution ! »

Cela passe par une intégration des citoyen·nes dans la construction de la décision politique. De nouvelles pistes seraient ainsi offertes pour renforcer l’adhésion de la population à l’action démocratique et politique.

Cela implique une adaptation de la Constitution. Écrits il y a deux cents ans, dans un contexte historique spécifique, certains de ces articles - et notamment ceux qui concernent la relation entre la Nation et la population - n'ont pas évolué et doivent être revus pour permettre aux habitant·es de notre pays de peser sur les décisions autrement que par un vote tous les 5 ans.

Pour y arriver, le gouvernement actuel doit ouvrir à la révision les articles à propos duquel les élu·es de la prochaine législature pourront discuter. Ce texte explique pourquoi nous souhaitons ces changements et vous invite à signer un appel auprès du gouvernement afin qu’il ouvre les articles qui règlent les possibilités d’actions des citoyen·nes dans la prise de décisions.

Nous souhaitons que cette révision soit faite pour et avec les citoyen.ne·s. Nous proposons donc que soit ouvert entre autres l’article 195 pour que les citoyen·nes soient intégrés dans un processus collaboratif impliquant les institutions et la population.

Moderniser la Constitution pour répondre aux enjeux actuels

L’année 2024 va être marquée par des élections à tous les niveaux en Belgique (communal, provincial, régional, fédéral et européen). Pour les distrait·es, cochez dès à présent le 9 juin et le 13 octobre dans vos agendas.

La Constitution a été écrite pour donner une base à la nation belge en 1831 et réécrite pour lui donner une forme fédéraliste. Elle participe de notre identité de citoyen·ne en nous donnant des droits et des devoirs, même si nous sommes peu nombreux·ses à l’avoir lue, voire parcourue. Et si elle donne des droits politiques individuels (voir l’article 61), elle reste un impensé pour construire collectivement un modèle politique durable adapté aux réalités de la société en 2024 et dans les prochaines décennies.

Repenser la Constitution est donc une nécessité, pour la rendre plus lisible et plus mobilisable par la population. Avant chaque scrutin fédéral, le gouvernement en place a la possibilité d’« ouvrir à la révision1 » des articles de la Constitution. Seuls ces articles pourront faire l’objet d’une modification lors de la législature suivante, en cas d’accord d’une majorité renforcée. Une communication doit être faite à propos de cette liste d’articles, avant les élections. La liste des articles est donc un enjeu politique qui doit être débattu ouvertement afin que l’électeur·rice puisse tenir compte de ces échanges au moment de son vote2.

C’est pourquoi nous vous invitons à soutenir notre démarche de soumettre au gouvernement une demande de révision de certains articles, dans le but de faire passer notre démocratie de l’ère des calèches et des crieur·ses de rue à celles des trams électriques et de l'information mondiale et à toute vitesse.

Des articles à réviser

Si nous ne bougeons pas aujourd’hui, le risque à terme sera que les citoyen·nes, déjà méfiant·es, atteignent un tel niveau de déception qu'ils et elles se détournent totalement de ces dispositifs et du monde politique.

Or, réviser la Constitution en Belgique est un processus complexe. Pour que nos élus et élues puissent discuter et voter des réformes constitutionnelles sous la prochaine législature 2024-2029, les articles à discuter doivent être ouverts à révision au printemps 2024 !  Si ce n'est pas le cas, aucune réforme constitutionnelle ne pourra être discutée  pendant 5 ans et ce sera encore une fois le statu quo !

Nous proposons donc d'ouvrir les articles nécessaires pour impliquer les citoyen·nes dans la prise de décision que ce soit à travers des assemblées citoyennes permanentes, de consultations, préférendums, référendums à tous les niveaux de pouvoir, du fédéral au communal. Enfin, il nous apparaît également indispensable que ces moyens de démocratie plus directe puissent être mobilisés aussi bien par les acteur·rices politiques que par les citoyen·nes, via par exemple le droit de pétition.

Nous proposons donc d’ouvrir à la révision :

  • L’article 28 afin de renforcer le droit à la pétition et de conférer un nouveau droit à la participation politique ;
  • L’article 33 afin d’en faire une déclaration de principe compréhensible et inclusive ayant pour centre d’attention le·la citoyen·ne3 ;
  • Les chapitres 1 et 2 du titre III qui concernent le Parlement fédéral, afin d'associer plus étroitement les citoyens dans l'adoption des lois ;
  • Le chapitre 4 du titre III qui concerne les parlement des régions et des communautés, afin d'associer plus étroitement les citoyens dans l'adoption des décrets et des ordonnances. Il convient d’y ajouter les articles 39bis et 39ter pour les consultations populaires. Une révision de l'article 118 permettrait de renforcer l'autonomie constitutive des communautés et des régions et leur offrir plus de latitude pour mettre en place des processus participatifs plus ambitieux ;
  • Les articles 41 et 162 afin de donner une capacité d’action aux citoyen·nes à l’échelon communal et provincial ;
  • l’article 195 pour davantage associer la population aux choix constitutionnels à opérer ;

Cette liste est proche de celle proposée suite à des échanges au sein de la Chambre en 20194. Dans la séance du 4 avril 2019, Laurette Onkelinx a tenu ces propos, qui 5 ans plus tard, prennent une réalité encore plus grande : “La Constitution doit évoluer pour moderniser sa démocratie mais aussi se protéger des visées séparatistes et des opposants à la démocratie5.

Pour institutionnaliser l’action citoyenne

L’utilité de la révision de la Constitution est d'institutionnaliser la participation des citoyen·nes dans la prise de décision politique et de la rendre permanente6. Ce serait une reconnaissance de l’évolution de la norme démocratique et l'affirmation plus forte des droits politiques des citoyen·nes.

Aujourd’hui, la mise en place de processus de consultation de la population ne garantit pas que les élu·es politiques en suivront les conclusions. Cette campagne est également un moment de mobilisation de citoyen·nes pour qu’ils et elles puissent affirmer leur envie d’être impliqué·es et d’avoir un impact dans les décisions qui influencent leur vie.

Inviter la population à redessiner sa Constitution

Ce changement de la Constitution, nous l’appelons pour et par celles et ceux qui la vivent au quotidien. Il est dès lors également indispensable que :

-    Les changements ne viennent pas uniquement des élu·es politiques et ne soient pas imposés aux citoyen·nes. Tant l’Etat que les groupes de recherche/think tank - même si leurs intentions peuvent être bonnes - ont démontré une certaine tendance à créer des systèmes trop complexes pour être adaptés et adoptés par les citoyen·nes ;

-    Les changements impliquent celles et ceux qui vont en vivre les effets.

C’est pourquoi nous plaidons aussi pour que, lors de la prochaine législature, soit mis en place un dispositif impliquant la population dans toute sa diversité.

Les élu·es et les partis regrettent régulièrement la méfiance et le désinvestissement de la population. Mais, ne sont-ils·elles pas en partie la cause de ce dédain ? Souvent au nom de l’efficacité, n’ont-ils·elles pas réduit ou dévitalisé les lieux d’interaction et de concertation ?7

L’article 195 de la Constitution en rend difficile toute modification, voire empêche d’en faire un moment de mobilisation et d’échange avec une population souvent gardée à l’écart de discussions, jugées trop complexes et techniques pour elle. Et ce, alors même que les initiatives récentes d’assemblées ont démontré la sérieuse implication dont les citoyen·nes font preuve quand on leur en donne l'opportunité et le caractère raisonnable, voire ambitieux, de leurs recommandations.

Fort·es de cette expérience, nous proposons, lors de la prochaine législature d’initier un processus qui permette aux différents corps d’interagir et de délibérer à propos des évolutions nécessaires à notre constitution et système démocratique.

Pour paraphraser Clémenceau, « la constitution est une chose trop grave que pour la confier uniquement à des politiques8 ». Invitons donc chacun·e à se saisir de ce texte fondamental.

Tirer parti des expériences d’ici et d’ailleurs

Une expertise s’est développée en Belgique. Nous sommes convaincu·e·s que les autorités fédérales, en concertation avec les différents niveaux de pouvoir mais aussi la société civile et le monde académique, pourraient mettre en place un processus porteur intégrant l’ensemble de notre pays et d’en faire un exemple de délibération inclusive.

Notre pays est reconnu depuis plus d’une dizaine d'années comme un laboratoire de l’expérimentation démocratique. Depuis le G1000 en 2011 se sont développées de nombreuses initiatives publiques comme le dialogue citoyen permanent initié en Communauté

germanophone, les commissions délibératives (en Région wallonne et de Bruxelles-Capitale) et l’Assemblée citoyenne pour le climat en Région Bruxelles-Capitale. Ces initiatives ont en commun, outre le tirage au sort, d’être consultatives. Elles n’ont pas d’impact direct sur la création ou la modification de textes législatifs.

Des mouvements ont voulu contourner cette limite à l’échelle locale9 ou régionale10 en présentant une liste dont un·e éventuel·le élu·e deviendrait porte-parole d’une Assemblée citoyenne10. Avec sa voix, il·elle aurait un pouvoir législatif conditionné directement au fruit d’une délibération citoyenne.

D’autres mouvements du renouveau démocratique militent pour d’autres types de processus comme le référendum d'initiative citoyenne, la transparence dans la prise de décision, le décumul des fonctions, le renouvellement plus régulier ou la limitation des mandats électifs…Tous se trouvent confrontés tôt ou tard aux limites imposées par notre Constitution.

Des expériences vécues en Irlande ou en France ont démontré la capacité des citoyen·nes à s’inscrire dans des processus visant à créer en commun des normes, de manière très rationnelle et raisonnée.

Le cas irlandais est exemplaire par la capacité qu’il a eu à combiner outil délibératif et mobilisation du plus grand nombre, dans une séquence mobilisant successivement les effets positifs de la démocratie délibérative et de la démocratie directe12. Une convention constitutionnelle a été mise en place dans un moment de forte remise en cause de la légitimité de l’action politique. Un groupe de 66 personnes tirées au sort et de 33 élu·es ont reçu pour mandat de présenter des recommandations pour réviser certains articles de la Constitution : son rôle est consultatif et propositionnel, mais non décisionnel. Il est acté que certaines de ces recommandations de réformes feront l’objet d’un référendum, notamment afin de dépasser des blocages d’ordre politique. À l’issue de chaque session, la Convention rédige un rapport qu’elle envoie aux deux chambres du Parlement irlandais, pour débat et examen par le gouvernement.

Celui-ci s’est expressément engagé à répondre par une déclaration ministérielle officielle adressée au Parlement dans les quatre mois suivant la réception de chaque rapport de la Convention. Le tout se passe dans un souci de transparence, des débats sont retransmis à la télévision et les thématiques traitées sont relayées par les associations, les syndicats, la presse11. Un cadre méthodologique strict permet donc d’assurer un résultat qualitatif à la fin de la délibération et une prise de position pertinente du plus grand nombre (en étant justement informé des enjeux). Ce processus a notamment permis à l’Irlande de délibérer dans une paix sociale à propos des questions de société comme le mariage entre personnes de même sexe.

Un changement positif à plusieurs égards

Dans un pays comme le nôtre, connu pour créer des lasagnes institutionnelles

incompréhensibles par le citoyen, l’idée même de toucher à la Constitution provoque souvent une certaine crainte. L’argument selon lequel c’est ouvrir une “boîte de Pandore” qui mène à la scission du pays est souvent avancé pour stopper toute initiative12.

L’exemple irlandais montre que les citoyen·nes peuvent, quand on leur en donne l’occasion, s’engager pleinement dans la construction de solutions mettant en avant l’intérêt général.13 La discussion autour de l’ouverture d’articles à la révision et la manière de conduire cette révision, en incluant les ceux et celles qui en vivront les impacts, peuvent être des moments-clés pour combler le fossé démocratique qui se creuse entre citoyen·nes et élu·es.

Dans ces conditions, dépasser l’argument selon lequel ce serait ouvrir une “boîte de Pandore” est salvateur. Réviser notre Constitution pour y intégrer de nouveaux droits s’avère être un exercice utile pour lutter contre les extrémismes de tout bord qui mettent en danger notre démocratie, pour prévenir la défiance grandissante envers les institutions et contrer les passions tristes de citoyen·nes passif·ves car impuissant·es. Cela est d’autant plus vrai que la finalité de notre démarche n’est pas de supprimer ni d'affaiblir le régime parlementaire, mais de le renforcer en lui adjoignant d’autres processus de prise de décisions impliquant la population : un des impacts des processus délibératifs souvent mis en avant, qu’ils soient mixtes (alliant citoyen·nes et élu·es) ou pas, est la meilleure compréhension par les citoyen·nes des logiques et contraintes avec lesquelles les élu·es politiques doivent composer.

C’est pourquoi le gouvernement actuel doit permettre la révision des articles de la Constitution garantissant aux citoyen·nes davantage de place dans les décisions qui influencent leur futur.

Et pour aller plus loin, un peu d’histoire…

Notre Constitution a été écrite il y a deux cent ans. À l’époque, elle était reconnue comme progressiste en garantissant par exemple la liberté de culte, d’enseignement ou encore de presse.

Elle posait aussi un système représentatif assez conservateur qui aujourd’hui ne correspond plus aux aspirations des citoyen·nes. Ces dernier·ères veulent aussi faire entendre leur voix pour peser sur les grands choix de politiques publiques qui influencent la santé, l’économie ou encore les actions climatiques.

La Constitution belge a établi notamment que « tous les pouvoirs émanent de la Nation », ces pouvoirs étant « exercés de la manière établie par la Constitution. » (article 33). La Constitution affirme ainsi sa suprématie sur tout autre source de droit et que le pouvoir de décision législative est exclusivement restreint aux personnes désignées par le peuple (par les élections).

Il est aussi précisé que « le pouvoir législatif fédéral s'exerce collectivement par le Roi, la Chambre des représentants et le Sénat » (article 36). La Belgique a fait le choix d’une monarchie représentative14.

S’est alors construit un récit faisant du système des élections la panacée démocratique au détriment de modes d’interactions plus directs entre les citoyen·nes et ses élu·es, qui soit n'ont pas été inscrits dans la Constitution, soit ont été limités au niveau consultatif (droit de révocation, référendum, consultation populaire…)15.

En réalité, c’est précisément la démocratie que les congressistes, à l’origine du texte de notre Constitution, ont cherché à éviter en 1830-183116. La possibilité de consultation populaire et de référendum a précisément été rejetée parce qu’elle semblait contraire à l’esprit représentatif aristocratique du régime belge.

Les limites à l’accès au droit de vote et au droit d’être élu·e étaient telles que seule une aristocratie élective pouvait sortir des urnes. En 1831, seul 1.1 % de la population vote.

Soixante ans plus tard, avant l’adaptation du système censitaire, on n'en était toujours qu'à 2.2% de la population.L’élection est donc choisie pour garantir une conservation du pouvoir au sein d’une aristocratie élective. Le Sénat, dans son historique officiel, donne au chapitre traitant de cette période le titre évocateur : « Qui paie assez, décide ».

L’extension du vote, via le suffrage universel (d’abord masculin), comme le montre de récentes analyses, ne fut pas synonyme de démocratisation via une plus grande participation dans la prise de décision. La constitutionnaliste Anne-Emmanuelle Bourgaux souligne que, certes, « le gouvernement représentatif belge s’est démocratisé de manière quantitative. Mais la question de sa démocratisation qualitative reste largement ouverte ».17

Le peu de place fait à la démocratie directe est le droit de pétition, consacré dans l’article 26 : « Chacun a le droit d’adresser aux autorités publiques des pétitions signées par une ou plusieurs personnes. Les autorités constituées ont seules le droit d’adresser des pétitions en nom collectif”. La place faite à une démocratie plus directe, via la consultation populaire ou publique, la co-rédaction de décret et les panels citoyens reste largement cosmétiques : ces dispositifs sont compliqués à mobiliser et la garantie de suivi est maigre. Seul un avis motivé doit être renvoyé aux pétitionnaires.

Depuis 1831, la constitution a peu changé, si ce n’est pour les évolutions de relation entre entités fédérées et fédérales. Mais rien ou quasi rien sur la manière dont les citoyen·nes peuvent être plus impliqué·es dans la prise de décision. En Angleterre et en France, on pratique le référendum. En Suisse, des votations populaires ont lieu régulièrement. Mais en Belgique, si peu !

Cette absence est dommageable car la population est mise de facto dans une position de passivité par rapport à la chose publique. Elle ne possède pas une capacité d’action et ce manque d’impact potentiel invite à son désinvestissement.

1. Pour le détail de la procédure, voir ici

2. L’intention rejoint peu les faits et la transparence n’est pas de mise dans l’établissement de cette liste par le gouvernement. Une proposition de résolution a d’ailleurs été déposée à la chambre des représentants en 2022 pour changer cet état de fait.

3. La révision de cet article n’est pas indispensable pour permettre la mise en œuvre de processus de démocratie participative (lire Julian Clarenne et Cécile Jadot, Les outils délibératifs auprès des parlements sous l’angle du droit constitutionnel belge, dans Bulletin du Crisp, N° 2517-2518). Mais néanmoins préférable selon d'autres constitutionnalistes, car les mots "émanation" et "nation" sont des notions floues dont l'inconsistance peut être brandie par ceux qui souhaiteraient maintenir le système établi.

4. voir www.senate.be/home/sections/institutioneel/20190524_institutional/20190524_institutional_fr.html

5. https://www.dekamer.be/doc/PCRA/pdf/54/ap281.pdf

6. Selon M. Zacharzewsky de Demsoc, la Belgique a développé de par sa structure politique complexe une solide expérience démocratique. Elle peut jouer un rôle de pionnier en matière de démocratie participative, à condition que des initiatives émanant de la société civile et des pouvoirs publics bénéficient d’un soutien à long terme. Rapport de la Commission du Renouveau démocratique et dela

Citoyenneté (juin 2021) https://www.senate.be/informatieverslagen/7-117/Senat_rapport_participation_accrue_des_citoyens-2021.pdf

7. Nous citerons par exemple les difficultés rencontrées dans les relations entre partenaires sociaux qui se manifestent notamment par une juridicisation des conflits, notamment à propos du droit de grève ou encore une proposition émanant de Nawal Ben Hammou, présidente de la Commission logement au parlement bruxellois de supprimer les commissions de concertation, de confier la délivrance des permis d'urbanisme au gouvernement bruxellois et de réduire le délai de recours au conseil d’état, la durée des enquêtes publiques ou de les réserver aux seuls grands projets.

8. “La guerre ! C'est une chose trop grave pour la confier à des militaires.”

9. Collectif pour une démocratie locale à Ottignies-Louvain-la-Neuve https://www.kayoux.be/  10https://www.agora.brussels/ en Région Bruxelloise.

10. Le pouvoir d’influence sur la décision au sein du parlement restant proportionnellement faible. 12 Hugue Dumont, Ouvrir à révision l’article 195 et réveiller le pouvoir constituant originaire : possibilité, risques et opportunités, CDPK 2019, pp. 442-452

11. Jane Suiter, David M. Farrell, Clodagh Harris, Eoin O’Malley, La première Convention constitutionnelle irlandaise (2013-2014) : un dispositif délibératif à forte légitimité ?, Traduction Xavier Blandin, dans Participations 2019/1 (N° 23), pp. 123 à 146

12. Comme l’ont montré les diverses réformes de l'État depuis les années 70 pour intégrer le fédéralisme.

13. The crisis of democracy and the science of deliberation, dans Science, mars 2019, Vol 363, Issue 6432, pp. 1144-1146. Consultable via : 10.1126/science.aaw2694 16 Hors droit européen.

14. Ce choix étant aussi celui des grandes Nations européennes ayant donné leur garantie à l’indépendance de la Belgique.

15. En Belgique, mais aussi dans la plupart des États s’étant constitués à ce moment. dans Bernard Manin, Principes du Gouvernement représentatif, Calmann-Lévy, 1995.

16. Thibault Gaudin, Vincent Jacquet, Jean-Benoît Pilet, Min Reuchamps, Consultation populaire et référendum en Belgique dans Courrier hebdomadaire du CRISP 2018/25-26 (n° 2390-2391), p.5 20 “La dimension élitaire et endogame du gouvernement représentatif de 1831 dessine les contours d’un espace politique démocratique au profit des élites à qui il est réservé”.Anne-Emmanuelle Bourgaux, La démocratisation du gouvernement représentatif en Belgique : une promesse oubliée ?, thèse de doctorat, 2013.

NB : élitaire et endogame : qui favorise un petit nombre et son groupe d’origine.

17. Thibaut Gaudin ajoute que les réformes élargissant le nombre d’électeurs et puis d’électrices sont surtout dû à un intérêt partisan des partis et non à une volonté formelle de donner plus de pouvoir au peuple. Démocratiser, confisquer, monopoliser les élections : Le rôle et les fonctions des partis politiques dans les grandes réformes électorales en Belgique (1830-1948). Thèse soutenue à l’ULB en 2022 22 Au niveau fédéral, il faut 25000 signatures pour qu’une pétition soit reçue. S’il en fait publicité à la chambre et que « les ministres sont tenus de donner des explications sur leur contenu, chaque fois que la Chambre l'exige. (article 57) », elles n’ont aucun effet contraignant. Des processus de pétition existent aussi au niveau régional et local, avec leus propres règles de fonctionnement.

La ville est à nous AUSSI ! -Article

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Depuis 2017, Periferia travaille en collaboration avec la Maison de Quartier des Quatre Vents à Molenbeek sur les questions de mixités dans l’espace public, à partir du regard et du vécu de jeunes filles qui habitent le quartier. Après avoir réalisé un diagnostic du quartier (Étangs noirs/ Gare de l’Ouest), elles ont formulé quelques recommandations à destination de la Commune, des associations du quartier et des usagers du quartier.

Cette page vise à illustrer et donner voix au manifeste rédigé par le groupe.

On y retrouve des éléments de diagnostic sensible réalisé par le groupe, des extraits de podcast permettant une réflexion élargie des constats abordées et des premières propositions afin de prendre en compte les femmes dans l'aménagement et la gestion des espaces publics.  

Premiers constats

  1. Les hommes et les femmes ne semblent pas avoir le même comportement dans la ville
  2. Les hommes ont plus de droits et d'opportunités que les femmes
  3. Les hommes sont plus présents en ville, souvent en groupe, tandis que les femmes sont moins visibles et leur présence semble moins légitime
  4. Les femmes ont plus de tâches domestiques à faire que les hommes

outils pour l'état des lieux sensible du quartier

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Aménager des espaces pensés par et pour tou·te·s

Les femmes ont une pratique de la ville spécifique, différente de celle des hommes. Leurs points de vue ne se limitent pas à un ressenti sur les questions d’insécurité mais bien à une vision globale sur l’accessibilité et l’appropriation des différents espaces publics (espaces verts, mobilité, loisirs, propreté...). Dans le quartier, un certain nombre d’espaces publics donnent un sentiment d’inconfort, de malaise.

« Des espaces où l’on passe, que l’on traverse mais où il n’est pas agréable de rester. » 

Parce que les espaces publics sont encore peu pensés par et pour les femmes, elles s’y sentent moins à l’aise et donc y passent moins de temps. Prendre en compte et reconnaitre l’expertise d’usage des femmes apparait comme une nécessité pour aménager des espaces où les femmes se sentent bien, qu’elles ont envie d’occuper et de s’approprier !


PROPOSITIONS

  1. Diversifier l’aménagement des  espaces et questionner avec les femmes  l’équilibre entre espaces publics « à l’abri des regards » et « visibles de tou·te·s » à l’échelle de chaque quartier, chaque rue
  2. Aménager des espaces verts et paisibles

  3. Multiplier (et entretenir) les toilettes publiques gratuites et mettre à disposition des serviettes hygiéniques en libre accès

  4. Améliorer le confort des piéton·ne·s sur les trottoirs (diminuer la place de la voiture, des terrasses des cafés...) 

FORMER AUX MIXITéS

« Les garçons qui ont évolué dans des groupes de maisons de quartier mixtes où on débat, sont différents, plus respectueux car ils comprennent. »  

L’expérience des femmes et des hommes dans la ville est différente. Les un·e·s n’ont pas forcément conscience des réalités vécues par les autres. 

Les garçons ayant grandi dans des villes où l’espace public est dominé par des hommes  n’ont pas forcément conscience des conséquences de certains  de leurs comportements (attroupements, regards insistants, interpellations en rue...) et notamment de leurs effets sur la pratique de la ville par les femmes (trajectoires modifiées, stratégies d’évitement, résignations à ne pas sortir...).


PROPOSITIONS

  1. Multiplier les espaces de débat entre femmes, entre hommes et entre femmes et hommes : 

                    - dès le plus jeune âge 

                    - partout (au sein des maisons de quartier, des écoles, des espaces sportifs...)

     2. Analyser avec les lunettes du genre les programmes d’activités proposées au sein des maisons de quartier, des centres sportifs...

« Il faut tout bousculer ! »

SE RENforcer entre les femmes

« Quand on est toute seule on est gênée, quand on est en groupe on est plus fortes... Être en groupe, ça nous a protégé ! »  

On constate dans le quartier un manque d’espaces pour se retrouver entre femmes tant dans l’espace public que dans des locaux. 

Cela limite d’une part les possibilités de sociabilisation mais également les moments pour se renforcer, discuter des enjeux du quartier...

Les espaces entre femmes permettent d’avoir une parole libre, d’échanger sur des expériences vécues sans devoir se justifier mais aussi de se rendre compte de la dimension collective du problème, que l’on n’est pas seule à subir cette discrimination. 


PROPOSITIONS

  1. Créer des espaces pour prendre le temps de se renforcer entre femmes

  2. Encourager des projets associatifs à destination des femmes pour renforcer les capacités en vue de créer des espaces en mixité
  3. Encourager les activités à l’extérieur pour se rendre visible entre femmes

  4. Occuper en groupe les espaces publics et de décisions pour affirmer sa présence

  5. Encourager la mobilité hors du quartier

Développer le sport pour tou·te·s

On constate aujourd’hui que les terrains et infrastructures sportives sont principalement utilisés par des hommes.

« Y’a que des garçons qui jouent, c’est bizarre si on vient comme ça on s’incruste. On va dire qu’est-ce que tu fais là ? ça va être gênant... »

L’analyse budgétaire sous l’angle du genre montre que les investissements d’équipement de loisirs se font en majorité à destination des jeunes hommes : terrains multisports, skatepark... Se pose alors la question du partage de l’espace public et du droit aux loisirs pour les femmes.


PROPOSITIONS

  1. Offrir tant des créneaux réservés aux femmes que des programmes qui incitent à la pratique du sport en mixité
  2. Diversifier les sports et loisirs proposés au sein des équipements sportifs

  3. Inviter les femmes et filles du quartier pour penser l’aménagement des équipements sportifs (rues par lesquelles on accède aux bâtiments, emplacement des vestiaires...)
  4. Repenser la place et la taille donnée aux équipements généralement utilisés par des garçons (terrains de football, de basket...situés au centre des places, cours, espaces sportifs)

Renforcer nos capacités

Cet article possède du contenu en lien à la FAP, retrouvez plus d'informations sur cette page.

Au cours du dernier trimestre, les collectifs engagés dans la démarche Capacitation avec la Fondation Abbé Pierre se sont organisés en groupes de travail pour avancer sur 3 chantiers :

  • Se former ensemble en échangeant ses pratiques sur différentes questions ;
  • Se rendre visibles pour être davantage écouté·e·s et reconnu·e·s ;
  • Identifier des actions logement pour faire évoluer la question du mal-logement.

Chaque groupe mène des rencontres et développe des actions, tout en veillant à produire des éléments à partager avec les autres groupes et dynamiques lors des rencontres plénières. La prochaine se déroulera au premier semestre 2024.

Retrouvez les étapes précédentes de cette démarche sur cette page.

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Source Image : Arnaud Bilande

Pour rappel, la démarche Capacitation associe des groupes français et belges de personnes en galère, ainsi que des personnes des différentes directions et équipe de la Fondation Abbé Pierre. Toutes veulent faire évoluer leurs pratiques individuelles et collectives pour « mieux faire ensemble ».

Nous mettons ici le focus sur deux rencontres qui se sont passées en novembre et décembre.

Comment se rendre visible ?
Rencontre à la Fondation Abbé Pierre à Paris les 8 et 9 novembre 2023

Nous étions une quinzaine de personnes de différents groupes et de la Fondation Abbé Pierre.

Pour aborder l’idée de se rendre davantage visible, nous sommes partis de nos expériences. Chaque collectif et équipe de la fondation a partagé une expérience où il avait cherché à donner de la visibilité à une action, une situation, une revendication… Ensemble, nous avons analysé ces expériences sur la base de quelques questions :

  • Quel est le message? son contenu?
  • S'agit-il d'information, de valorisation d'une pratique, d'une dénonciation ou interpellation?
  • À qui ce message est-il adressé
  • Quel est son objectif, l'impact recherché?

Ensuite, l'équipe de l’association Vox Public nous a aidé·es à expérimenter la rédaction d’un communiqué de presse, la réalisation d’interviews vidéos ou d’une émission radio.Cela nous a décidés à nous engager dans la production de courtes vidéos, podcast pour nous raconter de manière plus publique, en nous adressant à d'autres qui ne nous connaissent pas.

Petit à petit, nous avons développé des références communes, en veillant à la clarté des messages et de leurs destinataires, en se fixant des objectifs atteignables. Cela nous a également permis d'envisager l'organisation d'un événement annuel de grande ampleur pour être davantage visibles tous ensemble.

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Source image : Benjamin Sourice

Accueillir et être accueilli·e
Échanges de pratiques avec l’association Magdala à Lille, les 6 et 7 décembre 2023

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Source image : Periferia aisbl

Début décembre, des groupes français impliqués dans différents lieux d’accueil de personnes sans-abris se sont réunis à Lille pour échanger sur leurs pratiques, leurs postures et les défis rencontrés dans leurs lieux respectifs. De Montpellier à Valenciennes, en passant par Grenoble, Toulouse, Strasbourg et Lyon, il s’agit de « refuges », de « cocons » ou de « lieux de passage » selon les expressions, mais qui tous cherchent à mettre en œuvre un « accueil inconditionnel ». Ces deux mots – accueil et inconditionnalité – ont tissé la toile de fond de deux jours de partages d’expériences et de questionnements, parfois sans réponse mais jamais sans intérêt.

Cette rencontre « Capacitation » a donné lieu à de riches échanges entre « accueillant·es » et « accueilli·es », questionnant d’ailleurs ces deux catégories, loin d’être hermétiques. En effet, nous étions reçu·es par Magdala, un lieu d’accueil lillois comprenant un espace auto-géré, et où les accueilli·es deviennent donc des accueillant·es une ou plusieurs fois par semaine. À partir de la visite de cet espace, beaucoup de questionnements ont traversé le groupe :

  • « Faut-il être professionnel·le pour accueillir ? »
  • « Quelles responsabilités viennent avec le statut de bénévole ? »
  • « Est-il possible de créer des relations tout à fait égales entre salarié·es et bénévoles / accueilli·es ? »
  • « Qui a la clé ? »
  • « Comment transmettre l’histoire et l’organisation d’un lieu ? Et qui décide de cette organisation ? »

Les 2 jours de rencontres ont également permis d’aborder des sujets variés et parfois difficiles, tels que l’accueil de personnes avec leurs addictions, ou la gestion de conflits dans des lieux collectifs. Si ces grands enjeux ne peuvent être résolus le temps d’une discussion, il s’agissait d’une première étape dans une réflexion collective sur l’accueil que souhaitent mener les différents groupes présents.

On se retrouve dans les prochains mois dans une autre ville, pour poursuivre les échanges et continuer de créer ces ponts entre accueilli·es, accueillant·es, et faire de nos territoires des lieux d’accueil inconditionnel.

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Source image : Linda Flecq

De nouveaux liens et messages Altoparlante

L’année 2023 a vu de nombreuses personnes en lien avec les espaces Altoparlante assumer de nouvelles initiatives et organiser des rencontres qui ont permis et continuent de permettre d'échanger, d'approfondir ensemble nos chemins de transformation soci(ét)ale, d'inspirer...

Tout au long du mois de décembre, le calendrier d'inspiration Altoparlante partage des messages formulés par les participant·es de ces différentes rencontres. Retrouvez-les sur instagram ou sur la page Altoparlante.

Ci-dessous quelques photos des dernières rencontres:

L’énergie jeune et féminine pour la transformation sociale - Medellín, Colombie - Octobre 2023
avec des jeunes de Colombie, d'Allemagne, du Salvador, de Costa Rica, d'Uruguay et de Bolivie

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Source image : Anahí Machicado

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Réaliser des interviews sur "qu'est ce que l'énergie jeune pour moi ?"
(disponibles sur Instagram)
Source image : Anahí Machicado

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Prendre soin de soi pour veiller à un autre futur - Cochabamba, Bolivie - Octobre 2023
avec des enfants et mamans du Village SOS

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Se (re)connaître et partager

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S'exprimer via le hip hop

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Les mamans découvrent ce que leurs enfants adolescents ont choisi de représenter pour le monde qu'elles / ils veulent habiter

« Le monde que nous voulons habiter » invite « la ville que nous voulons » - La Paz, Bolivie - Octobre 2023

avec des jeunes de Cosecha Colectiva, Chola Contenta et de Lima (Pérou)

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Une vue de La Paz
avec (à droite sur la photo) El Alto qui surplombe la ville depuis l'altiplano

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Une communauté paysanne aux marges de la ville de La Paz qui vit du maraichage (sans pouvoir utiliser l'eau du barrage voisin car elle est réservée aux gens de la ville)

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"Ce que j'ai vu, ce que j'ai senti, ce que j'ai fait lors de ces visites à La Paz et El Alto.
Comment je me situe et ce que je veux apporter à ce monde que nous voulons habiter."

Source image : Angela Guerra

Inviter de nouveaux collectifs pour préparer "la ville que nous voulons" - Lima, Perou - Novembre 2023
avec des jeunes de 21 collectifs et organisations de Lima

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Une visite de jardins collectifs à San Juan de Miraflores (Lima)... une oasis de verdure dans un contexte quasi sans eau !

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Pour commencer la rencontre "La ville que nous voulons", chaque collectif prépare sa manière de se présenter

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La rencontre "La ville que nous voulons" avec plus de 20 collectifs et organisations de jeunes

Source images : Periferia aisbl

Bientôt en fusion…

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Source image : Hunt-er de pixabay sur Canva.

Nous vous en avions déjà touché un mot lors d’une dernière newsletter... Periferia, grâce à l’aide précieuse de Stéphane Van Eede,  s’est lancée dans l’exploration de l’épineuse question d’un potentiel nouvel épisode de fusions des communes en Wallonie. Perspective improbable ? Ce n’est pas dit… Quoiqu’il en soit, nous nous sommes emparées du thème et finalisons une étude qui sera prochainement à votre disposition. A partir des leçons tirées des fusions des ’70 et de la plus récente expérience de Bastogne et Bertogne, nous tentons de tirer des fils pour mieux préparer les citoyen·nes afin qu’ils et elles puissent se faire entendre voire faire partie de futurs processus de ce genre.

Étude historico-politique et guide pratique pour comprendre ces enjeux… à découvrir bientôt !

Un accueil de jour revisité 2.0

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Source image : © Kat dem’s

Magdala, vous connaissez ? C’est un espace d’accueil de jour pour personnes en situation de grande précarité situé à Lille, dans le quartier de Wazemmes. Durant la covid, les restrictions de fréquentation du lieu ont obligé les équipes à choisir qui pourrait ou non venir prendre un café et un petit déjeuner à Magdala. Une situation insupportable pour plusieurs accueilli·es. Alors, iels se sont réunis et ont proposé à l’équipe d’ouvrir un 2e espace : l’accueil du bas, dont iels assumeraient l’organisation et le suivi… en auto-gestion. Et voilà l’aventure qui se lance !

Notre équipe a eu la grande chance d’aller à la rencontre de ces accueilli·es devenu·es accueillant·es et d’écrire avec elles et eux le récit de cette initiative peu habituelle. L’envie d’en faire un livre, illustré, coloré s’est rapidement imposée. Et grâce aux pinceaux et au talent de Kat, voilà qui sera bientôt chose faite. Le texte est prêt, les dessins aussi… Il ne reste plus qu’à tout assembler et passer à la presse.
Les plus chanceux·ses ont pu les découvrir lors d’une exposition début décembre. On vous en dévoile donc un peu…  et si vous êtes vraiment très curieux·ses, on vous invite à revoir leur présentation lors du dernier « Silence, on parle ! » de Charleroi.

À découvrir tout prochainement !

Une recherche populaire

Durant toute l’année 2023, Periferia a accompagné le CAPEP, une association valenciennoise d’insertion sociale et professionnelle profondément ancrée dans des pratiques de développement du pouvoir d’agir. Leur slogan : « Agitateur de potentiels »

Le projet ? Un recherche populaire ! Une quoi ? Un processus de capitalisation et transmission de savoirs populaires « chauds » (en opposition aux savoirs froids et distanciés des approches scientifiques plus répandues). Nous sommes donc repartis de l’expérience et des témoignages d’une diversité de personnes en lien avec l’association : des personnes accompagnées et anciennement accompagnées, des professionne·les, des membres de la direction, des partenaires…

Sur quoi ? Après 50 ans d’existence, le CAPEP souhaitait faire un état des lieux de leur projet fondateur : en quoi le projet et les pratiques du CAPEP favorise le développement du pouvoir d’agir ? Quelles sont les conditions de ce développement ? Par quelles postures cela est-il favorisé ? Sur quelles pratiques cela repose ?… Autant de questions que nous avons exploré durant une année, lors d’ateliers mensuels menés avec un groupe mixte de chercheurs et chercheuses populaires.

L’étude sera disponible début 2024, dans une version illustrée que l’on a hâte de vous partager.
L’envie nous titille également de capitaliser autour de cette expérience, et d’autres, pour explorer davantage la démarche d’une recherche populaire. Qu’en dites-vous ?!?

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Source image : © Solenn Bihan

(Re)Penser le mobilier urbain au prisme du genre

Depuis plusieurs années, Periferia accompagne des groupes de jeunes femmes pour mener une réflexion sur leur place dans l'espace public. Comprendre les usages genrés de cet espace (c'est-à-dire comment notre genre conditionne notre appropriation des espaces extérieurs), c'est à la fois questionner les rôles de genre, et les décisions concrètes qui déterminent l'aménagement de nos places, nos parcs, nos rues...

Le postulat de départ de cette publication est celui là : l'espace public, et le mobilier urbain qui le compose ne sont pas neutres. En effet, l'aménagement de cet espace est issu de décisions politiques et influence notre manière de nous déplacer seule·e ou en groupe, de nous arrêter (ou non), de nous sentir bienvenu·es ou pas.

A partir de 3 jours d'ateliers menés avec un groupe de jeunes femmes à Molenbeek, cet outil pédagogique retrace les méthodologies d'animation que nous avons employées pour penser les espaces publics et le mobilier urbain au prisme du genre.

En plus du livret comprenant une mise en contexte des enjeux liant le genre et l'espace urbain ainsi que des fiches méthodologiques, un coffret d'animation reprend des cartes de jeu et d'inspiration.

 

Pour télécharger le document, cliquez sur l'image.

Usage de la ville par le genre

"Cette étude, initiée courant 2010, propose de mieux saisir l’enjeu républicain qui s’attache à la compréhension de l’usage de la ville par le genre. Il s’agit de déconstruire les représentations collectives qui présupposent que les usages urbains sont en général mixtes et peu différenciés entre hommes et femmes. En appliquant successivement le filtre du genre à l’étude statistique de la population, à l’écoute d’un panel de femmes & à la description de sites urbains, l’étude construit les bases d’une méthode jusqu’ici peu usitée en urbanisme".

Pour accéder à la publication, cliquez-sur l'image.

Altoparlante vers le Brésil et le Paraguay

Depuis sa constitution, Periferia a souvent mené des voyages en Amérique Latine auprès d’ONGs qui travaillent sur des sujets similaires aux actions menées en Belgique. Aujourd’hui, avec la dynamique « Altoparlante » (haut-parleur), l’idée est de faire de ces moments de voyages de nouvelles ouvertures et connexions, et si possible des voyages et rencontres plus collectives.

C’est ainsi qu’au cours de l’été 2023, de nouvelles dynamiques ont émergé au Brésil et au Paraguay.

De découvertes en rencontres et partages au Brésil

Au cours de l’été 2022, nous avions initié des premiers contacts avec plusieurs collectifs et initiatives : souvent des jeunes engagés pour contribuer à des transformations sociales, initialement à l’échelle locale, mais avec une ambition bien plus large. Par exemple, un groupe de femmes noires de la périphérie de São Luís, des jeunes d’Amazonie qui ont publié un manifeste « Jeunes voix d’Amazonie pour la planète », des jeunes d’un quartier de Salvador de Bahia qui ont décidé de rendre possibles des opportunités pour les habitants via des cours, un lieu de rencontre, l’accueil de jeunes d’autres pays…

Cette année, nous souhaitions poursuivre ces premiers contacts pour aller plus loin et avons proposé des rencontres pour échanger entre jeunes impliqués dans des dynamiques variées et partager les énergies et motivations qui nous poussent à poursuivre le chemin de la transformation.

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Rencontre Alto-falante (haut-parleur)
Partager nos énergies pour transformer la société
et cheminer vers le monde que nous voulons
Fortaleza, 14 juillet 2023

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Avec une vingtaine de jeunes des quartiers
du Bom Jardim, Jangurussu et Pirambu
et la collaboration du CDVHS et CEDECA

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Une rencontre similaire à Manaus les 17 et 18 juillet,
avec un groupe d’une quinzaine de personnes venant
de divers collectifs (capoeira, jeunes indigènes, collectif culturel
de la périphérie, hip-hop, femmes Axé).

Nous préparons aussi une nouvelle étape qui nous amènera à réaliser un laboratoire du futur avec plusieurs collectifs brésiliens : un cycle de rendez-vous virtuels autour d’une rencontre présentielle pour partager et renforcer nos énergies de transformation pour le futur que nous voulons.

« Somos tierra », nous sommes terre – une expérience au Paraguay

Modesta, une des facilitatrices Altoparlante, a organisé une rencontre au Paraguay, un pays peu connu, pas très grand (à l’échelle de l’Amérique du Sud) et qui a traversé d’importants conflits de terre. Du coup, cette rencontre « Nous sommes terres » prenait tout son sens : quel lien ressentons-nous et avons-nous chacun·e et collectivement à la terre ? Un terrain pour habiter, un jardin à cultiver, des ressources à exploiter, une planète à préserver… ?

C’est avec toutes ces questions que nous avons passé une semaine à Asuncion puis dans le nord-est du Paraguay. Modesta avait invité de nombreuses personnes et organisations pour partager leurs perceptions ; nous sommes aussi allés rencontrer une communauté paysanne et une communauté indigène qui, l’une et l’autre, ont un lien vital à la terre… alors que les autorités leur ont retiré !

La terre, espace de nombreux conflits, est aussi le lieu et le symbole des possibles. Même si bien malmenée, la terre nous transmet des apprentissages en criant :

« Quel futur
attend un peuple sans mémoire ? »

Braulio Anibal,
communauté paysanne San Isidro Labrador

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« Nous voulons récupérer nos terres
pour nos enfants ! »

Hilaria Montiel Vera
Kuña Katu Ysapy Hery

Communauté indigène Ka'aguy Poty

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« Le soleil ne brûle pas.
C'est le monde qui réchauffe avec haine l'indifférence humaine,
et qui étouffe des vies sans valeur. »
Rodrigo Colman, poète

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Pourtant, au cours de cette rencontre, nous avons aussi pu voir combien assumer ce rôle de « être terre » peut faire la différence : en reconnaissant nos histoires, en exprimant nos liens avec la terre (parfois douloureux ou indifférents, voire empreints d’extractivisme), en lui redonnant du sens et de la force, en acceptant de la voir comme source de transformation pour les jeunes, en modifiant l’idée d’en être propriétaire…

Quelles nouvelles du côté de la démocratie ?

En ce début d’année et à quelques mois du démarrage du prochain marathon des élections ; les actions de Periferia autour de la démocratie ne manquent pas. En voici un petit aperçu.

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Source photo : Ekaterina Bolovtsova sur Canva.

On s’intéresse aux futures fusions de communes

Mi-2023, Stéphane Vanden Eede, un citoyen engagé bien connu dans le Brabant Wallon (et pas que !), a interpellé Periferia sur un probable enjeu politique majeur en Wallonie durant la prochaine législature : une nouvelle étape de fusions de communes.

L’état délétère des finances des petites communes wallonnes, le blues des élu·e·s présenté dans la dernière étude de l’UVCW, les enjeux sociaux & environnementaux croissants qui demandent des actions supra-territoriales, la question de la pertinence de maintenir de petites communes -notamment rurales- se pose de plus en plus mais paradoxalement, elle est rarement mise en débat public.

La première vague de fusion des communes wallonnes, dans les années ’70, n’a pas vraiment brillé par son caractère démocratique et encore moins participatif. Alliances politiques, enjeux électoralistes, sentiment d’appartenance ou au contraire de rivalité depuis toujours, partage de centralités, capacité d’autonomie ou grande dépendance des territoires : les critères qui ont construit ce plan de fusion ont été des plus divers et surtout des moins concertés et transparents !

Comment ce sujet sera-t-il abordé cette fois ? De quelle manière les citoyen·ne·s auront-ils et elles voix au chapitre ? Le ou la ministre des pouvoirs locaux proposera-t-il/elle une procédure de concertation dont les élu·e·s locaux pourront se saisir pour dialoguer avec leurs populations locales ?

Avec l’aide de Stéphane, Periferia s’est emparé du sujet ! Retour sur les apprentissages de la fusion des communes des années ’70 et plus récemment de Bastogne et Bertogne, collecte de récits de citoyen·ne·s et élu·e·s politiques, identification des critères qui peuvent favoriser une fusion plutôt qu’une autre : Une étude sur le sujet paraîtra en janvier 2024 !

Pour la suite, Periferia s’est donné comme défi de réaliser un outil qui permette aux citoyen·ne·s comme aux élu·e·s locaux de se saisir de ces questions et de pouvoir se positionner dans ce débat qui les impactera toustes.

Nous vous donnerons des nouvelles dès le  début 2024 !

 

Les suites de la commission délibérative mixte en Wallonie

Vous vous souvenez certainement de la pétition du collectif CAP démocratie (CAP signifiant citoyen·ne·s au Parlement) que Periferia a co-porté début d’année 2023, qui a finalement été acceptée par le Parlement (à l’unanimité !) en juin dernier.

« Pour vous rafraîchir la mémoire, c’est ici ! »

Cette pétition a pour conséquence que son objet sera le sujet débattu au sein de la première commission délibérative mixte de Wallonie : durant environ quatre journées, 30 citoyen·ne·s tiré·e·s au sort et 10 élu·e·s étudieront ensemble la pertinence de mettre en place un dispositif permanent d’assemblées citoyennes (c’est-à-dire qu’il ne faudrait plus recourir à un lourd processus de récolte de signatures pour demander à ce qu’un sujet soit débattu entre citoyen·ne·s et élu·e·s, comme nous avons du le faire). A la fin du processus, l’assemblée transmettra ses recommandations aux parlementaires qui, éclairé·e·s de ce regard citoyen, seront amené à se positionner sur le sujet.

Periferia défend la mise en place de telles assemblées comme outil de renforcement de notre système démocratique, et ce pour de nombreuses raisons parmi lesquelles :

  • Les assemblées citoyennes – pour autant qu’elles soient bien organisées et animées – sont des outils concrets qui restaurent le dialogue entre deux mondes qui s’éloignent de plus en plus : la société civile (les citoyen·ne·s lambda) et le monde des élu·e·s politiques :
  • Symboliquement, elles témoignent d’une ouverture du monde politique à réinventer ses pratiques, à entendre davantage les regards de citoyen·ne·s aux intérêts différents de ceux d’un parti ou d’un groupe de lobby économique ;… ouverture qui se traduiront peut-être par l’implémentation de nouvelles manières de faire politique, davantage participatives, inclusives et délibératives ;
  • De nombreuses expérimentations ont été menées en Belgique et ailleurs, et démontrent qu’a minima, elles ont permis de faire dialoguer des personnes qui ne se seraient jamais parlé et prendre connaissance de points de vue différents ; a maxima, elles ont permis de prendre dépasser des blocages politiques insurmontables si l’on s’en était tenu à une décision 100% politique (par ex. en Irlande sur le vote du mariage pour toustes) ;
  • Et c’est d’autant plus fort lorsque ces assemblées citoyennes sont organisées par un conseil citoyen qui décide librement du sujet à débattre et choisit lui-même les expert·e·s qui alimenteront les discussions de l’assemblée*, dans ce cas on peut parler d’une implication directe des citoyen·ne·s dans l’agenda politique.

*ce qui est le cas du modèle germanophone que CAP Démocratie défend.

Le processus de la première commission délibérative mixte wallonne débute ce dimanche 15 octobre, dans un élan que l’on espère tout aussi positif que le succès du tirage au sort des citoyen·ne·s wallon·ne·s pour y prendre part (12% de réponses positives, un résultat élevé pour un tirage au sort de ce genre). Periferia, avec CAP Démocratie, suivra avec intérêt le processus et son aboutissement.

 

Faut-il modifier l’article 33 de la Constitution ?

Dernier chantier démocratie en cours à Periferia – et non des moindres – , une réflexion autour de la Constitution. La tenue des prochaines élections en juin 2024 devrait s’accompagner d’une nouvelle révision de la constitution.

D’ici fin mai, nos élu·e·s fédéraux devraient s’accorder sur la liste des articles qui seront ouverts à une révision lors de la prochaine législature. Seuls les articles sur lesquels tous les partis se sont accordés avant la tenue des élections pourront être discutés.

La Constitution belge, réputée comme l’une des plus difficiles à modifier (et pourtant des plus régulièrement réformée), est aussi une des plus fermées à la démocratie participative. Elle n’autorise en effet aucune forme de partage de la décision politique avec des citoyen·ne·s : ni référendum, ni assemblée citoyenne dont l’avis serait contraignant pour les élu·e·s (c’est-à-dire que les élu·e·s ne pourront jamais être obligé·e·s de suivre l’avis des citoyen·ne·s).

Pourquoi ? Par principe démocratique justement (!) : Le pouvoir de décider revient aux personnes désignées par la nation, au travers des élections. Introduire le principe de référendum ou d’assemblées citoyennes contraignantes reviendrait donc à accorder un droit de décision politique pour des personnes qui n’ont pas été élues et donc reconnues par le peuple pour le faire. C’est un changement de paradigme. D’autant plus qu’en Belgique, le principe de coalition de partis au sein des organes législatifs et exécutifs devrait garantir en partie une représentation d’une diversité de la population et donc un cadenassage des décisions politiques dans un seul carcan idéologique.

Pourtant, les écueils de notre système de représentation sont suffisamment nombreux pour qu’une partie de la population en se sente pas suffisamment entendue et prise en compte. Des voix s’élèvent pour que les citoyen·ne·s intervenir directement dans les décisions concernant des enjeux supérieurs (tels que l’arrêt du dérèglement climatique) ou précisément de gouvernance (rémunération des partis ou le contrôle des décisions politiques).

Periferia participe à ces réflexions, que ce soit au sein du collectif CAP Démocratie ou encore au sein de groupes de réflexion politique initiées par Agora Brussels auquel participent également d’autres citoyen·ne·s et organisations visant un autre modèle démocratique. Notre association est favorable à l’ouverture de notre Constitution pour que puissent être tentées des innovations démocratiques, visant à réintroduire dans les lieux de décisions politiques l’expertise de celles et ceux qui en sont les plus éloigné·e·es mais qui pourtant concernées par les décisions qui en sortent.

Reste la question de l’opportunité et du timing pour ouvrir à révision ces articles de la Constitution : les élections fédérales 2024 sont pressenties comme devant se solder par un renforcement important de la droite et l’extrême droite en Flandre, que l’on sait peu enclines au partage de pouvoir avec les citoyen·ne·s. L’ouverture à la révision de ces articles pourrait-elle se solder par le résultat inverse : renforcer encore davantage la centralisation du pouvoir dans les seules mains de personnes nommé·e·s par un processus d’élection peu satisfaisant ? Il nous faut maintenant impérativement peser le pour et le contre…

Retrouvez le site de CaP Démocratie à cette adresse : https://www.capdemocratie.be/

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Atelier découverte du skate au Parc Ouest

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Source photo : Periferia aisbl

Atelier découverte du skate au Parc Ouest 🛹

Mercredi 11 octobre dernier, nous avons organisé un atelier découverte du skate pour les femmes, et plus largement, toutes les personnes sexisées* dans le quartier derrière la gare de l’Ouest (Molenbeek). L’objectif était à la fois de découvrir un sport souvent masculin, et d’occuper ensemble l’espace public, de s’autoriser à prendre de la place. Chutes, rires, un bon gouter et un instant de réflexions autour de la place des femmes et minorités de genre dans le sport et dans les parcs ont été les ingrédients essentiels de cette après-midi !

Les animatrices du collectif de skateuse Bx’Elles ont réussi à rendre le skate accessible à une trentaine de filles ce mercredi. Des plus à l’aise aux plus timides, toutes ont pu s’essayer à la ride et découvrir ce sport que l’on associe que peu aux jeunes filles et aux minorités de genre.

Nous avons organisé cet atelier avec l’ASBL Curieus et le collectif de skateuse BX’elles dans le cadre du Contrat de Quartier Autour du Parc de l’Ouest. Une de nos missions pour ce contrat de quartier est de travailler sur l’appropriation des espaces publics et futurs équipements de la commune par les jeunes en général, et les jeunes femmes en particulier. Cette après-midi skate fait donc suite à différents ateliers, et est le fruit d’une discussion avec des adolescentes du quartier sur les espaces en (non-)mixité choisie qu’elles souhaitent ouvrir.

Le nombre de participantes et le sentiment d’empouvoirement qui s’est dégagé du groupe (« je n’avais jamais osé avant » , « maintenant je sais sauter sur un skate facilement ! ») confirme la nécessité de créer ces espaces semi fermés, comme étape vers une mixité totale et une égalité d’usages et d’appropriation et de nos espaces communs.

Merci à l’ASBL Curieus et au collectif Bx’elles pour ce travail d’équipe et à toutes les participantes pour ce beau moment de partage et de renforcement !

*Les personnes sexisées sont toutes les personnes pouvant être discriminées sur base de leur genre.

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Source photo : Periferia aisbl

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Source photo : Periferia aisbl

Sessions d’information pour soutenir le collectif CAP Démocratie en Wallonie

Dire que la démocratie représentative est à bout de souffle en particulier en Belgique et en Wallonie est devenu un lieu commun. « Une société toujours plus repliée sur elle-même, qui croit de moins en moins dans ses institutions démocratiques et est tentée par une gouvernance autoritaire », tel est le tableau peu réjouissant donné par la nouvelle enquête « Noir, Jaune, Blues » publiée par Le Soir et sur la RTBF il y a quelques jours.

Une large majorité de citoyen·ne·s ne se sentent plus considéré·es par l’appareil politique et institutionnel. L’échéance des élections de 2024 appelle à reconstruire des ponts entre la société civile et nos représentant·e·s politiques au plus vite, au risque de voir l’absentéisme et les positions les plus extrêmes de rejet prendre le dessus.

Pour y parvenir en Wallonie, Periferia soutient le collectif citoyen wallon appelé CAP Démocratie (Citoyen·nes au Parlement) souhaite qu’un dialogue permanent entre citoyen·nes et représentant·es politiques soit instauré, en s’inspirant du modèle initié en communauté germanophone en 2019. Dans ce but, le collectif va adresser au Parlement wallon une pétition dans le cadre de l’article 130 BIS du règlement du Parlement wallon. Selon cet article, si 2000 signatures de résident·es wallon·nes âgé·es de plus de 16 ans sont collectées, le Parlement peut mettre en place une commission mixte, composée de citoyen·nes tiré·es au sort et de député·es parlementaires, pour débattre de la demande introduite via la pétition : une première expérience de dialogue ciotyen·es - élu·es en soi !

Nous en sommes aujourd’hui à 1300 signatures collectées !

Vous voulez en savoir plus :

  1. Rejoignez-nous le 13 février à 17h ou le 16 février à 12h30 (avec votre pique-nique) pour un échange convivial autour du sujet dans les locaux de Canopea, 5 Bd Mélot à Namur
  2. Vous pouvez lire la carte blanche signée par le collectif Cap Démocratie parue dans le journal Le Soir ou l’article rédigé par le journaliste Eric Deffet du même journal.
  3. Découvrez le modèle germanophone via cette analyse du CRISP

Je viens à la session d'info : https://www.eventbrite.be/e/billets-assemblee-citoyenne-rencontres-et-signature-dune-petition-523702186337

Je veux soutenir : https://www.capdemocratie.be/nous-soutenir/

Je signe : http://www.capdemocratie.be/petition/

Wallon·ne·s, signez notre pétition!

assemblée citoyenne

" Nous, citoyens et citoyennes de Wallonie demandons au Parlement Wallon l’instauration d’'un dispositif permanent d'assemblées citoyennes tirées au sort en Région Wallonne. Celui-ci sera largement inspiré du « Dialogue permanent en Communauté Germanophone » tel qu’il existe depuis le 25 février 2019. "

Periferia soutient activement le collectif CAP Démocratie formé par des citoyen·ne·s désireux·ses de revitaliser notre système démocratie actuel. Celui-ci a déposé le 12 juin dernier deux pétitions en ligne pour qu'une assemblée citoyenne semblable à celle du Burgerdialogue permanent en communauté germanophone puisse voir le jour aux côtés du Parlement wallon.

 

Nous avons besoin de votre soutien !

ATTENTION :
seules les personnes domiciliées en Wallonie et âgées de +16 ans peuvent signer.

Les autres : merci de relayer auprès de vos familles, ami·e·s et connaissances wallonnes ! 😉 

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Pour signer
la pétition 130bis

CLIQUEZ ICI

L'article 130  bis ?

 

L'article 130bis du règlement du Parlement wallon permet quant à lui aux ciotyen·ne·s wallon·ne·s de de suggérer la mise en place de commissions mixtes (10 parlementaires et 30 citoyen·ne·s) pour discuter d'une question. Le principe est donc similaire à celui d'une pétition classique, à cela près qu'il s'agit d'obtenir 2000 signatures (uniquement papier à ce stade!), et que la commission est mixte et non pas uniquement constituée de parlementaires.

Il est donc plus intéressant que l'on parvienne à obtenir ces 2000 signatures. 😉

 

D'où vient cette pétition ?

Une revendication issue d'une dynamique de convergence...

En juin 2021, Periferia a répondu à l'appel d'associations et groupes militants de Namur. A la sortie de deux années de pandémie et de restrictions sociales, les groupes de lutte sont affaiblis, avec des troupes en partie démobilisées. Malgré tout l'envie est encore là et les besoins criants : les luttes sont toujours à mener et restent plus que légitimes.

Quelques groupes locaux lancent alors un appel à converger, à unir nos forces et nos combats. Un lieu de convergence se met en place et plusieurs actions sont menées, parmi lesquelles, des assemblées citoyennes. Parce qu'il faut continuer à faire débat, parce qu'il faut inventer de nouvelles réponses, parce que celles et ceux qui vivent des situations difficiles sont des interlocuteur·trices incontournables pour les inventer...

"Nous voulons un dispositif permanent d'assemblées citoyennes"

La revendication d'assemblées citoyennes wallonnes est ressortie comme un trait commun à nos aspirations : une réappropriation du pouvoir politique par les citoyens et citoyennes afin d'assurer une transition vers un monde plus solidaire, juste et soutenable, un dispositif visant à revitaliser notre système politique actuel dont un nombre grandissant de citoyen·ne·s se détournent chaque année davantage.

Une première demande au Parlement déboutée

Dès l'automne 2021, une première demande est introduite auprès du Parlement Wallon. Celle-ci propose la mise en place d'une assemblée citoyenne "qui soit représentative de la population et transcende les intérêts partisans de la majorité des professionnels de la politique. Cette assemblée aura le mandat de déterminer des mesures pouvant être juridiquement contraignantes indépendamment de l'accord des élu·es en place afin d'orchestrer, nous l'espérons, une transition écologique et sociétale majeure, rapide et socialement juste."

Le caractère contraignant sollicité est alors pointé par le service public comme illégal. Celui-ci déboute donc notre demande. Purement et simplement. Le débat n'aura pas lieu.

Une seconde demande, inspirée de la Communauté germanophone

Le collectif ne se laisse pas démonter et décide donc de s'inspirer de dispositifs déjà existant en Belgique pour asseoir "légalement" sa proposition. En Communauté germanophone, un dialogue citoyen permanent existe depuis février 2019 et semble avoir généré de nouveaux rapports citoyen·ne·s - élu·e·s inspirants. Le collectif étudie ce dispositif et y retrouve une grande part de ses aspirations.

Une seconde pétition est rédigée, demandant qu'une commission composée de citoyennes et citoyens tiré·e·s au sort ainsi que d'élues et d'élus parlementaires soit mise sur pied pour étudier la possibilité d'instaurer en Région Wallonne un dialogue citoyen permanent en s'inspirant du modèle développé en Communauté Germanophone.

Dans la foulée, le collectif se structure, se renomme CAP Démocratie (CAP pour Citoyen·ne·s Au Parlement) et crée un site internet : www.capdemocratie.be

Nous sommes déterminé·e·s à aller jusqu'au bout pour générer ce débat, essentiel à nos yeux !

Siegeons au parlement wallon 002

---> Pour découvrir cette aventure, consultez le blog du collectif en cliquant ici !

Vous y retrouverez :

  • le récit du collectif,
  • les photos des actions,
  • les articles de presse.

Periferia a rejoint le collectif CAP Démocratie, un collectif de citoyen·ne·s engagé·e·s dans les questions de Démocratie et indépendant de toute formation politique actuelle, qui porte cette pétition..

Carte blanche // de l’importance du contrôle budgétaire

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Cinq ans après le scandale de Publifin, la Wallonie et l’Europe sont de nouveau secouées par des faits de mauvaise gestion de l’argent public et de corruption. En 2017, Periferia avait envoyé un courrier aux membres du Parlement Wallon pour les interpeller sur l’importance du contrôle budgétaire par des citoyen·ne·s et les informer de dispositifs inspirants existant en Belgique et ailleurs dans le Monde. Aucun·e ne nous avait répondu.
Fin 2022, nous leur avons renvoyé ce même courrier accompagné d’une nouvelle lettre les invitant à passer à l’action.

Pour lire la lettre de 2017, cliquez ici

Pour lire la nouvelle lettre envoyée fin 2022, c'est en cliquant par là