Célébrer

Depuis que les pratiques d’intelligence collective se diffusent, l’appel à « célébrer » se fait omniprésent. « Il faut célébrer », « la dernière étape, c’est bien sûr la célébration ! ». Cela sonne comme une évidence… pourtant, force est de constater que si nous connaissons parfaitement les codes et attentes de célébrer nos anniversaires, les fêtes de fin d’année, une union ou une naissance, pour ce qui est de célébrer un processus collectif, on se retrouve souvent démuni·e·s.

Au départ de cette exploration, nous avions pour intention de partir à la rencontre de pratiques de célébration, originales, créatives et surtout ancrées dans les diverses luttes menées par des collectifs et organisations comparses. Notre premier élan était de nourrir d’autres acteurs et actrices de terrain en les éveillant à la multitude des formes de célébrations possibles (une intention toujours présente !). Mais, très vite, au fil de nos échanges avec les collectifs qui nous ont guidé·e·s dans ce cheminement, nous nous sommes rendu compte que, bien plus qu’une question méthodologique, la démarche de célébrer était jalonnée de nombreux questionnements, limites, voire tensions.

Elle mérite donc d’abord une exploration de ces questions de SENS et portée politique.
Au travers des expériences, questionnements de collectifs ainsi qu’avec l’appui des analyses de plusieurs auteur·rice·s militantes, nous avons décortiqué ces enjeux, tenter de déconstruire certaines idées limitantes pour finalement les dépasser

La représentativité : illusion utile ou contre-argument… 

Illusion utile ou contre-argument massue pour disqualifier les assemblées citoyennes ?

En abordant la question de la représentativité, nous avons souhaité tordre le bras à une critique trop régulièrement adressée aux dispositifs de démocratie participative reposant sur la constitution de mini-publics, comme les assemblées ou panels citoyens. « Les assemblées citoyennes ne seraient pas suffisamment légitimes pour influencer la décision politique… notamment parce qu’elles ne seraient pas ‘représentatives’ ».
Préjuger de la légitimité d’une assemblée citoyenne à l’aune du critère de représentativité est à la fois irréaliste, injuste et peu pertinent.

Irréaliste car comme mis en lumière dans cette étude, il est tout à fait illusoire de vouloir reproduire une « mini-société » dans une assemblée restreinte. D’une part, parce qu’un tel exercice repose sur le pari que recourir à une sélection de personnes selon des critères démographiques et statistiques (donc mesurables) entrainera un panel d’attitudes politiques diversifiées. D’autre part, la manière d’envisager les catégories sociales (pauvres-riches, femmes-hommes, jeunes-vieux) est empreinte de biais et de préjugés. Ce n’est donc absolument pas une approche neutre à l’aune de laquelle il serait possible d’affirmer une réelle « représentativité ».

Tout au long de l’étude, nous questionnons les enjeux placés derrière cette question de la représentativité, nous dévoilons les biais et limites qui parcourent les modes de faire les plus courants pour composer les panels. Nous exposons notre positionnement d’assumer une non-représentativité, porteuse de plus d’inclusion et d’équilibre des pouvoirs au sein des assemblées. Car au final, les véritables enjeux quant à la légitimité des démarches de démocratie participative se jouent  surtout dans l’articulation réelle que l’on veut en faire avec le système de démocratie représentative… et donc la volonté – ou non – d’en faire un outil, qualitatif et investi, de gouvernance publique.

Internet, un espace public comme les autres ?

S’intéresser à l’espace numérique pour mieux comprendre ses enjeux dans l’espace public

Periferia s’est toujours préoccupée de rendre ses activités un maximum accessible pour tous·tes, en veillant à ce que la parole des personnes les plus exclues soient écoutée. C’est en s’intéressant de plus près à l’espace numérique, ses différents aspects et son fonctionnement que nous avons tenté de comprendre de quelle façon ces mêmes personnes étaient à nouveau confrontées à des formes de domination et de discriminations.

En nous concentrant sur la question « Internet est-il vraiment accessible à tous·tes ? », nous avons voulu pousser l’analyse en comparant les deux espaces :

  • L’accessibilité numérique : qu’est-ce qui rend internet accessible, ou plutôt « inaccessible » pour certain·e·s ?
  • La gentrification d’internet : peut-on vraiment parler de gentrification numérique ? Qu’est-ce que ça signifie ?
  • Comment protéger nos droits numériques : est-ce possible de le faire dans l’espace public ?

Cet article nous pousse à réfléchir quant à l'incidence que peuvent avoir les enjeux de l'espace numérique sur l'espace public, notamment en matière d'accès pour les minorités (par exemple dans nos procédures administratives).

Références

  • Le Code du numérique, une publication rassemblant des lois fictives réalisées par le Comité Humain en rapport à l'utilisation du numérique. Cette publication peut aussi être accompagnée d'un outil d'animation afin de reproduire un Parlement Humain.
  • Le livre "L’État numérique et les droits humains", d'Élise Degrave, Académie Royale de Belgique collection L’académie en poche, 2024.
  • The gentrification of the internet : How to reclaim our digital freedom de Jessa Lingel.

Pour aller plus loin...

  • Le cahier du numérique, publication de Citoyenneté et Participation : pour réfléchir aux limites et à l’avenir du numérique.
  • Black box, série de podcasts réalisée par le journal britannique The Guardian, concernant l’utilisation abusive de l’IA dans différents services (en anglais).
  • Le livre "Le procès", de Franz Kafka.
    Technocratie : quand les techniciens sont au contrôle d’un pays, comment fait-on pour reprendre le contrôle lorsqu’on l’a toujours laissé à d’autres ?

« Faire la ville par et pour tou·te·s ses habitant·e·s » : réflexion sur trois approches de l’inclusivité

En octobre 2024, Periferia a accueilli Armance Flichy, une ingénieure urbaniste au sein de son équipe. Une collègue, à la fois technicienne de la Fabrique de la Ville  et « chevaleresse » du droit pour toustes et toutes d’y contribuer (droit à la Ville). Sa présence dans l’équipe a nourri des débats intéressants autour du terme trop usité d’ « inclusivité ».

A travers cet article, nous présentons les connaissances partagées avec Armance sur ces enjeux d’inclusivité, en mettant notamment en lumière trois approches aux pratiques et logiques bien différentes qu’il nous semblerait intéressantes d’intégrer davantage dans nos cadres d’analyse.