La force inspiratrice de Yves

Chers amis, chères amies de Periferia,

Nous souhaitons partager un moment avec celles et ceux qui le souhaitent pour rendre hommage à notre ami Yves et à celui qui nous a transmis tellement de choses.
Pour ce moment d’échanges, nous nous associons à l’équipe du CLTB qui nous accueillera dans ses nouveaux locaux :

    • Le jeudi 20 février de 18h à 20h
    • Rue du Poinçon 53 à 1000 Bruxelles

Nous vous invitons à amener des photos, des souvenirs, des inspirations. Et si vous ne pouvez pas être présent·e, n'hésitez pas à nous faire parvenir un message, une photo...

Les personnes souhaitant une notification par courriel quelques jours avant peuvent remplir ce formulaire en ligne :

Ce dimanche 12 janvier 2025, Yves Cabannes nous a quittés de manière très subite. Nous laissant avec beaucoup de tristesse, mais aussi tant de souvenirs… et surtout une incroyable dose d’énergie pour faire changer le monde.

Avec Yves, nous avons parcouru un long chemin depuis la fin des années 80. D’abord, au sein d’Habitat et Développement à l’Université de Louvain-la-Neuve.

Puis, pendant 6 passionnantes années à Fortaleza où, ensemble, nous avons animé d’incroyables projets comme l’exprime cette affiche qui nous accompagne : « En apprenant, en produisant, en construisant… des quartiers, une ville, des COMMUNAUTÉS ».

Fin des années 90, au sein de l’ong brésilienne CEARAH-Periferia, Yves lance l’idée de créer une organisation en Europe. Avec Eliana et Yves, nous la mettons en place en 1998 et c’est le début de Periferia avec, à ce moment, l’idée de s’inspirer des expériences brésiliennes pour agir en Europe.

Une aventure qui n’a jamais cessé… grâce aux nombreuses personnes passées par l’équipe et l’association… et grâce à l’audace et au soutien infatigable de Yves.

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Source image : Periferia

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Source image : Periferia

En 2013, nous fêtions les 15 ans de l’association, l’occasion de retracer ce chemin et rappeler avec Yves nos fondamentaux depuis les expériences au Brésil : le choix des périphéries, travailler avec les plus pauvres et opprimé·es, penser des « morceaux de ville », bâtir une participation multi-acteurs et pluri-citoyenne ; prendre soin des espaces publics, construire des savoirs populaires.

Avec Yves, le chemin de Periferia a aussi été jalonné par des engagements très forts autour des budgets participatifs, des community land trusts, de l’évaluation, de l’analyse de la non-participation, etc… Et toujours avec cette volonté clairement affirmée : « Nada sin nosotros – Rien sans nous ! ».

Récemment, nous avons réalisé des podcasts autour de grandes étapes de Periferia. Avec Yves et Eliana, nous avons échangé sur les racines de l’association à Bruxelles, en expliquant d'où l'idée est venue, pourquoi Bruxelles, et surtout, les intuitions qui continuent d'influencer nos manières d'être et de faire.

De nombreuses pages d’histoire partagée se tournent… mais ses convictions, son énergie et son audace continuent de nous inspirer. Et nous sommes nombreux·ses à nous rappeler de tant de moments passés ensemble à construire un autre monde…

Merci à toi, Yves, l’ami d’abord, le complice, mais aussi le provocateur et l’ouvreur de possibles…

Patrick et toutes les personnes qui ont fait et font partie de l’aventure Periferia.

Une ingénieure chez Periferia… mais pourquoi ?!

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Début octobre 2024, Periferia accueillait dans ses bureaux, pour une durée de 6 mois, une nouvelle stagiaire pour son projet de fin d’études… d’ingénieure ! Mais qu’allait-elle donc faire dans cette galère vous direz-vous. C’est vrai ça, la technique, l’ingénierie, qu’est-ce que ça a à faire avec Periferia ? Parce qu’autant vous dire qu’au royaume de la participation (pardon, de la capacitation !) l’ingénieur·e est loin d’être roi (et je sais de quoi je parle, c’est moi la stagiaire en question ;D)

Mais c’est justement pour ça : parce que les ingés devraient plus (et surtout mieux) se mêler de participation que j’ai mis les pieds chez Periferia. Pour préciser un peu de quoi je parle, je ne suis pas simplement ingénieure tout court, mais ingénieure urbaniste. Un terme très large qui peut désigner aussi bien une personne qui fait de l’urbanisme transitoire à l’échelle d’un bâtiment, ou une personne qui outille la planification de la transition énergétique de toute une communauté de communes, un terme qui peut désigner une personne travaillant sur l’optimisation des transports en ville ou sur la gestion des eaux usées, chargée de la rénovation de grandes barres de logement sociaux ou de la sortie de terre d’un tout nouveau quartier. En somme, un terme regroupant une grande diversité de pratiques et d’échelles d’actions mais avec toutes (plus ou moins) en commun le fait d’agir sur un (plus ou moins grand) territoire avec un (plus ou moins grand) impact sur les personnes qui y vivent en utilisant (plus ou moins) de compétences et outils techniques. Et c’est là qu’on commence à voir poindre le lien avec la participation. Car aménager un territoire, généralement ça concerne directement des gens, et il devient de plus en plus de bon goût de les impliquer dans le processus. La participation est même devenue obligatoire dans bien des projets d’urbanisme, mais pour autant, elle peine à porter de véritables fruits. En effet, quand elle n’est pas une simple consultation sans réel impact sur les choix futurs et qu’elle réussit à impliquer certain·es concerné·es, elle n’en reste pas moins, la plupart du temps, inapte à changer les rapports de force en places ; et la ville reste faite par et pour les mêmes (à ce propos, n’hésitez pas à (ré)écouter le super podcast de Perferia A qui la ville ?).

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Alors qu’est-ce que je fais chez Periferia ? Eh bien j’apprends ; et j’explore. J’apprends à parler de capacitation plutôt que de participation, à politiser les rapports spatiaux qui sont aussi et surtout des rapports sociaux, à « prendre parti » pour les périphéries, à observer et accompagner la ville façonnée par ses marges plus que par son centre. Dans tout ça, mon approche principale est la lutte contre la gentrification, et me reste toujours en toile de fond cette question : « comment tout cela vient nourrir mon approche de l’ingénierie ? ». C’est cela que j’explore : le lien entre capacitation et ingénierie. L’ingénieur·e peut-iel être « capaciteur » ? Peut-on faire de la technique[1] capacitante ? Et quel rôle a la participation dans tout cela ? Surtout, comment ne pas faire la ville par et pour les mêmes et mettre la technique au service d’une émancipation des rapports de domination ? (Pistes de réponses au prochain épisode 😉)

[1] Quand je parle de technique, je parle grosso modo de tout ce qui a été façonné par l’humain·e. Une fourchette, c’est de la technique, un panneau indicateur, c’est de la technique, mais aussi un bus, une rue, un bâtiment, … ce sont nos outils, notre environnement, autant de choses que l’on façonne et qui nous façonnent aussi en retour (mais ça, c’est un autre sujet).

Et en même temps que je me mets à parler de capacitation, Periferia se met à parler un peu de technique. De nos deux bagages différents sur l’approche de la ville, de celleux qui l’habitent et qui la font, on s’enrichit et on apprend les un·es des autres. Comme quoi, une ingénieure chez Periferia, ce n’est peut-être pas si saugrenu que ça !

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Source images : Canva

Union des Locataires Sociaux (ULS) de Molenbeek – Nouveautés sur les mobilisations autour du droit au logement

La sortie du film documentaire « Alerte à Molenbeek », a été l’occasion pour l’Union des Locataires Sociaux (ULS) de visibiliser plus largement son combat tant au niveau de la Commune de Molenbeek, que de la Région de Bruxelles Capitale ainsi qu’en dehors de la Belgique !

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Source image : Periferia

« Alerte à Molenbeek » a été projeté pour la première fois le 17 septembre dernier à la Maison des Cultures et de la Cohésion Sociale de Molenbeek. Y ont été convié·es le bailleur social (Logement Molenbeekois), les travailleur·euses communaux, les associations du quartier ainsi que les habitant·es molenbeekois·es. Les échanges qui ont suivi la projection ont permis de confronter le Logement Molenbeekois à son inaction face aux problèmes de mal logement de ses locataires. Ce moment a également été une invitation à travailler main dans la main entre bailleur et locataires, pour imaginer des solutions concrètes adaptées aux besoins des locataires.

Ensuite, de manière à mobiliser davantage d’habitant·es pour rejoindre le combat, l’ULS a décidé de diffuser le film dans les différents sites de logement sociaux et auprès d’associations travaillant avec des locataires à Molenbeek et à Anderlecht. Les images du film suscitent des discussions enrichissantes avec les autres locataires vivant des situations identiques et nous confirment que la problématique du mal logement dépasse bien l’échelle de notre quartier. Les réactions aux images dénonciatrices du film réitèrent la nécessité d’agir ensemble et massivement dans le but de créer un rapport de force favorable aux locataires sociaux bruxellois·es.

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Source image : Periferia

Un autre moment marquant pour le groupe a été la projection-débat qui s’est tenue au cinéma Nova, à la mi-novembre, et qui a rassemblé environ 150 spectateur·ices. L’évènement a été co-organisé avec le Réseau Bruxellois du Droit à l’Habitat (RBDH) et la Fédération Bruxelloise Unie pour le Logement (FéBUL), avec qui nous avons aussi rédigé une carte blanche. Celle-ci a pour but d’attirer l’attention des politicien·nes de la région bruxelloise ; on y dresse un état des lieux de la situation du logement dans notre ville et on leur demande d’agir rapidement.

L’aventure de l’ULS se poursuit au-delà de la Belgique et amène le groupe à Lyon et à Lille. Ces deux échanges transfrontaliers ont été l’occasion d’aller à la rencontre d’autres collectifs d’habitant·es engagé·es (Collectif de Roubaix ou encore l’Atelier Populaire d’Urbanisme du Vieux-Lille) et de les soutenir dans leur combat pour le droit à la ville et au logement digne.

Ce sont des moments où l’on croise nos manières d’agir et de faire collectif ainsi que des opportunités pour tisser des liens de solidarité et de résistance.

Ce sont la preuve qu’on n’est pas seul·es.

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Source images : Periferia

Enfin, dans une volonté de continuer à s’organiser localement, l’ULS met en marche un moment de mobilisation avec d’autres unions de locataires sociaux. L’intention étant de formuler des revendications communes à apporter ensemble lors du Housing Action Day, le 6 avril prochain, à Bruxelles.

Départs et accueils

Après les départs de Solenne et Marianne, l’équipe de Periferia a accueilli trois nouvelles personnes : Nawelle, Camille et Armance.

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Nawelle est récemment arrivée chez Periferia où elle allie sa passion pour les dynamiques collectives autogérées, la justice sociale et le goût des rencontres qu’elle a développé dans ses échanges internationaux (en vivant au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en France et au Portugal). Elle s’occupe principalement de la création du syndicat de locataires du quartier Saint-Nicolas et de la lutte contre la gentrification à Namur et à Molenbeek.

Dans l'associatif bruxellois depuis 10 ans, Camille amène avec elle son expérience d'éducation populaire et de militantisme et son envie de participer aux projets qui permettent de créer des savoirs collectifs, d'apprendre ensemble et d'être toujours plus inclusif.ve.s. Elle a aussi un intérêt pour les différentes manières de se raconter, de mettre en écrit/image/sons nos petites et grandes histoires et ce qui les lient.

Dans le cadre de son stage en ingénierie, Armance nous a également rejoint afin de découvrir les méthodes de travail chez Periferia mais aussi dans le but de nous partager ses connaissances en matière d'aménagements urbains. Intéressée par la participation citoyenne et les dispositifs collectifs, Armance a rapidement inspiré l’équipe, notamment avec son énergie et son humour.

Sans oublier que Periferia accueillera également une nouvelle personne très prochainement !

Première réunion d’un futur syndicat de locataires dans le quartier Saint-Nicolas à Namur

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Source image : Periferia

Le 18 décembre en soirée, Periferia a animé la première rencontre du futur syndicat de quartier Saint Nicolas ! Cette rencontre a rassemblé en toute convivialité une quinzaine de locataires du quartier Saint-Nicolas à Namur. L’intention : se retrouver autour de différentes problématiques quotidiennes liées au logement dans le quartier et trouver des pistes de solutions collectives.

Cette rencontre fait suite à une mobilisation de plusieurs semaines portée par Periferia en partenariat avec différent·e·s acteur·ice·s du secteur associatif et médical du quartier (la Maison Médicale des Arsouilles et l’asbl Coquelicot). Ainsi, sur l’impulsion de certain·e·s habitant·e·s faisant remonter de nombreux problèmes liés aux questions de logements et une envie d’agir, Periferia et ses partenaires sont allés toquer à la plupart des portes du quartier pour rassembler plus largement les personnes concernées. Cette démarche est notamment inspirée du community organizing, que d’autres groupes de locataires utilisent également, notamment à Charleroi. En tout, c’est à plus de 400 portes que nous avons frappé, pour une trentaine de réponses et une vingtaine de locataires intéressé·e·s !

Lors de cette première réunion, les locataires du quartier se sont rencontré·e·s ou retrouvé·e·s dans une ambiance chaleureuse. Iels ont pris conscience de leur liens de voisinage avec amusement puis ont échangé sur les différentes situations problématiques de logement. Le groupe s’est rendu compte de la nécessité de s’organiser pour résoudre ou améliorer ces situations de manière collective et solidaire.

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Source image : Periferia

Les problématiques principales qui ont émergées étaient notamment :

  • L’insalubrité et notamment une mauvaise isolation, des loyers trop cher, des propriétaires peu réacti·f·ve·s , et une gestion négligente des bailleurs sociaux, laissant les locataires dans des situations délétères.

Une chose était assez claire dans cette rencontre : le besoin de sortir de l’isolement et de l’impuissance dans ces expériences perçues comme individuelles et aller vers une force de réflexion et d’action collective capable, solidaire et résiliente. Les locataires veulent responsabiliser les propriétaires et rétablir un rapport de pouvoir égalitaire grâce au groupe.

Aussi, une prise de conscience s’amorce sur des problèmes plus structurels dans le quartier ; le manque de logement sociaux et leur gestion inadéquate, l’augmentation des loyers et les difficultés d’accès au logement pour les habitant·e·s les plus précarisé·e·s et vulnérables socialement, la disparition des commerces de proximités, etc. Le quartier semble de moins en moins adapté à certain·e·s de ses habitant·e·s qui en forment pourtant son identité.

Riche d’échanges, d’humour et de solidarité, la rencontre a éveillé un sentiment collectif d’encapacitation[1] sur ces enjeux. Le groupe a dégagé ses premiers objectifs pour s’organiser et a fixé une prochaine rencontre en janvier.

Le ton est donné dans le quartier populaire de Saint-Nicolas pour une justice sociale menée par et pour ses habitant·e·s.

 

[1] L’encapacitation est un processus par lequel une personne ou un groupe reprend du pouvoir par rapport à une situation où celui-ci est en défaveur dans le rapport de pouvoir en place. Cela participe à la résolution de rapports de dominations et vise à atteindre plus d’égalité dans les rapports sociaux, ici entre locataires et propriétaires.

n.f. Processus par lequel une personne ou une collectivité se libère d’un état de sujétion, acquiert la capacité d’user de la plénitude de ses droits, s’affranchit d’une dépendance d’ordre social, moral ou intellectuel.(date de la publication : 18/12/2005 - éd. commission générale de terminologie). https://langue-francaise.tv5monde.com/decouvrir/dictionnaire/e/encapacitation

 

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Source image : Periferia