"En 2015, une étude menée par Marie Gillow révèle que les déplacements des femmes dans la région bruxelloise sont emprunts de stratégies d’adaptation et d’éviction pour faire face à un sentiment d’insécurité. À Paris, en 2017, elles sont 65% à éprouver ce sentiment. Rue trop sombre, chemin trop étroit, manque de fréquentation diversifiée, manque de présence féminine, présence d’agresseurs potentiels, harcèlement sexuel... beaucoup de critères qui laissent percevoir les espaces publics comme peu accueillants voire dangereux pour les femmes.
Depuis toujours, la ville reflète des normes sociales de genre qui tendent à perpétuer une « ségrégation sexuée » des espaces et à attribuer des rôles et des places différentes et hiérarchisées aux femmes et aux hommes. Cette différenciation produit des rapports de force et des inégalités de genre au sein des espaces urbains.
Les femmes utilisent les espaces publics pour des raisons statistiquement plus diversifiés que les hommes puisqu’elles sont encore majoritairement en charge de l’espace domestique, du soin, de l’accompagnement des enfants et des personnes âgées. Cependant, au quotidien, elles font face à de nombreuses problématiques lorsqu’elles se retrouvent dans ces espaces : lieux non adaptés à leurs besoins, violences, harcèlement de rue... Il leur est constamment rappelé que l’espace public est dangereux et non construit pour elles. Mais comment se fait-il qu’aujourd’hui encore, les hommes et les femmes s’approprient et investissent les espaces publics d’une manière différente ?
Les politiques d’urbanisme et d’aménagement de l’espace public sont rarement soumises à une analyse genrée. Cette absence d’analyse empêche la visibilité des inégalités femmes-hommes et entraîne la création de politiques urbaines basées sur un modèle masculin d’organisation de la vie quotidienne. Ainsi, les problématiques et besoins spécifiques des femmes ne sont pas pris en compte, ce qui a tendance à renforcer les inégalités existantes. Comment construire des espaces publics plus accueillants pour tou.te.s ? En quoi l’approche genrée entraine des répercussions positives sur le sentiment de sécurité et l’appropriation de ces espaces ? Comment aboutir à une réelle mixité des espaces publics pour garantir l’accessibilité pour tou.te.s et le vivre ensemble ?"