Stéréotypes de genre dans la pratique de l’urbanisme

"Dans les pays démocratiques, l’aménagement du territoire est censé obéir au principe de la justice pour tous. Ce point de vue a été critiqué au motif que tous (toutes) ne partent pas sur la même ligne dans la société. Durant les années 1990, des chercheuses et urbanistes féministes en Europe commencent à prendre conscience de l’absence des femmes dans la conception du projet urbain et ensuite à développer des méthodes pour remédier à cette lacune. Les travaux sur le genre en urbanisme ont souvent considéré les « femmes » comme un groupe cible, une catégorie supplémentaire ayant des besoins particuliers. Vingt-cinq ans plus tard, les problématiques concernant le genre en matière de planification urbaine sont mieux connues. De nouvelles approches ont été élaborées et mises en œuvre dans des cadres expérimentaux, bénéficiant de financements exceptionnels ou de collaborations institutionnelles. Certains éléments issus de ces recherches ont influencé la pratique dominante de l’urbanisme.

Depuis 1999, la plupart des pays de l’Union européenne adhèrent aux directives de l’Union concernant l’égalité des sexes (Treaty of Amsterdam, voir Encadré 2). Cependant, le potentiel d’un urbanisme qui prendrait en compte la dimension du genre demeure encore très sous-estimé, comme l’ont montré entre autres Gemma Burgess [2008] pour l’Angleterre, Anita Larsson [2006] pour la Suède. Cela est dû, en partie, à la lenteur du processus de dévelop- pement urbain. Par ailleurs, il existe une tension intrinsèque dans des propositions qui définissent « les femmes » comme un groupe cible mais qui produisent des outils qui omettent de s’attaquer aux forces structurelles qui perpétuent et reproduisent les normes de genre.

Pour comprendre les stéréotypes de sexe liés au système de genre dans la planification urbaine et aux a priori implicites qui peuvent conforter les rôles liés au genre dans la conception de la ville, il faut étudier des documents d’urbanisme – rapports, statistiques, plans, notes techniques – afin d’analyser leur langage et leurs symboles. Cet article s’intéresse à la mise en évidence de codes sexués dans la pratique de l’urbanisme ; par exemple, il faut expliciter comment les catégories urbaines, comme la densité, la mixité ou l’aménagement routier, ont un effet sur les services, la sécurité et l’accessibilité qui ne sont pas égaux pour différents groupes d’usagers [Tummers, 2010]."

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