"Depuis quelques années les féminismes se sont invités dans les débats architecturaux et urbanistiques. Loin d’être une vision monolithique de ce que devrait être l’espace urbain, l’architecture et l’urbanisme féministes appellent plutôt à partir des usages et des pratiques des habitant·es pour construire une ville plus égalitaire.
En 1968, Henri Lefebvre publie Le Droit à la ville. Il y relève que l’espace est à la fois le produit des rapports sociaux et lieu de leur reproduction. Penseur critique marxiste, il replace les enjeux urbains dans une perspective sociale et politique qui jusqu’alors avait été laissée à la discrétion des techniciens et spécialistes (les urbanistes), de l’État (le gestionnaire) et des acteurs économiques capitalistes. Il appelle à s’emparer de ces enjeux pour se réapproprier la ville par la construction d’un débat public et d’un savoir scientifique à partir des usages, et par l’appropriation physique et l’autogestion de la ville.
Depuis, les mouvements féministes se sont saisis de la question urbaine et ont souligné les dimensions genrées de la ville construite par et pour les hommes".