HISTOIRES / Faire changer le regard sur le sans-abrisme avec le collectif C-Prévu à Charleroi

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Récit de Maurice Assez, Sandra Bullido-Iglesias et Jean-Mi Lamy

« L’aventure a débuté lorsque nous étions tous les trois à la rue… »

Jean-mi, Sandra et Maurice c’est avant tout une histoire d’amitié qui est née au sein de l’asbl Comme chez Nous (lieu d’accueil et d’accompagnement de personnes sans-abris). Ils s’engagent dans divers projets au sein de l’association dont l’écriture d’un livret sur les pratiques d’accueil et en octobre 2018, Jean-mi et Sandra partent pour Grenoble présenter leurs actions lors d’un « silence, on parle » .

« Quand on est situation de précarité, quand on vit une exclusion ou que l’on n’a pas accès à ses droits, on n’est pas assez écoutés ni pris en compte. Malgré les récits qu’on porte et les luttes qu’on construit, on a du mal à se faire entendre. «Silence! On parle!» est un dispositif pour porter ces voix dans la ville, interpeller les habitants et déclencher du débat avec les passants.»
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02_Silence, on parle
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Une « claque dans la figure, on s’est dit que c’était ça qu’on devait faire à Charleroi ! »

Plusieurs choses se sont passées à Grenoble qui ont permis ce déclic : des échanges avec une travailleuse sans diplôme sur son parcours peu banal et la présentation d’une expérience lilloise autour de la pair-aidance à savoir mettre son expertise et savoir-faire au profit d’autres personnes qui vivent des expériences de vie similaires.

« On a pris conscience que l’on a pas besoin de diplôme pour montrer ses capacités et s’engager. »

De retour en Belgique, le groupe décide d’organiser un « silence, on parle » sur la nouvelle place fraichement rénovée de Charleroi pour remettre le sujet de la précarité au cœur de l’espace public !

« On sait que ce n’est pas du jour au lendemain que Charleroi va tolérer les SDF, mais il faut bien commencer quelque part, en abordant le sujet »

Une question de reconnaissance et de confiance en soi !

« A la rue, on se sent transparent. Même pire, on dirait que tu es une cible mouvante. Bien que tu sois habillé normalement c’est comme-ci c’était inscrit sur ton front. Sans-abris, la confiance en soi et la valorisation sont à zéro. Les rencontres avec Comme Chez Nous, Periferia et d’autres collectifs nous ont aidé à reprendre confiance tout doucement. On essaye de participer à un maximum de projets et ça nous fait changer tous les jours, on se sent exister et fiers que l’on pense à nous pour mener des projets. »

L’asbl comme un premier pas vers l’emploi pour reprendre confiance en soi et en ses capacités

« Je fais plein de choses que je n’aurais pas osé avant. »
« Le plus important ce n’est pas que quelqu’un ait confiance en toi mais que tu aies confiance en toi-même »

Aujourd’hui, bien qu’ils aient un toit, ils vivent encore dans des situations précaires et le chemin vers l’emploi est semé d’embuches… trop jeune, trop vieux, pas assez de diplôme, trop gros… les excuses ne manquent pas. Alors que les compétences, ils les ont !

Le meilleur moyen est alors de créer son propre emploi et cela commence par leur engagement au sein de l’asbl qu’ils prennent avec autant de sérieux qu’un travail. « Nous sommes des travailleurs bénévoles » (mise à jour du site internet, compte rendu des activités réalisées,  se tenir informés de l’évolution de la législation autour des ASBL, remplir des demandes de subside, arriver préparé au RDV…). Cela leur a permis d’être soutenu par le CPAS de Charleroi où dans le cadre du budget participatif, ils ont reçu un subside pour organiser « le silence on parle ».

Le soutien de CCN, de Periferia, du CPAS de Jumet, de la ville de Charleroi, autant d’éléments qui « renforce la crédibilité » de leur projet.

« Si la commune de Charleroi nous soutient financièrement c’est qu’elle croit au silence on parle, on devrait obtenir l’autorisation pour occuper la place »
« On voit bien qu’on pas des clowns, ce n’est pas une utopie c’est du solide ce qu’on est en train de faire »

Leur statut et engagement dans l’association est reconnu auprès du CPAS. Ils ne doivent pas justifier d’être en recherche d’emploi mais de s’occuper de l’ASBL (cela est repris dans leur plan d’insertion).  Et le CPAS les soutient dans leur projet, en mettant une salle à disposition.

« C’est pas évident mais on arrive à faire bouger les lignes, au sein de l’institution du CPAS ! »

 Une web radio pour donner accès à l’infos et changer le regard sur le sans- abrisme

L’autre projet de l’ASBL est la création d’une webradio diffusée sur Youtube et les lieux d’accueil à Charleroi.

Elle a pour but de faire passer plusieurs messages.

Tout d’abord donner des infos utiles au quotidien aux personnes qui vivent dans la rue (l’heure, les dernières actualités politiques mais aussi musicales, les adresses et heures d’ouverture  des lieux d’accueil à Charleroi, les droits que l’on a lorsque l’on est à la rue et qui sont bien souvent ignorés).

Mais également « faire changer le regard des gens sur le sans abrisme »,auprès des sans- abris eux-mêmes : « c’est pas parce que t’es à la rue, que t’as pas de qualification que tu es un moins que rien »et auprès du reste de la population, en combattant les préjugés à travers des reportages qui raconte la réalité des personnes qui vivent dans la précarité au quotidien, notamment face au marché du logement.

«  Quand on est au CPAS, il est très compliqué de trouver un logement. Les préjugés sont omniprésents : on ne va pas respecter le logement, on ne va pas payer le loyer… les processus pour obtenir un logement social sont trop long et aucune agence immobilière n’accepte de traiter les dossiers de personnes étant au CPAS »
« Tant que tu n’as pas connu l’expérience de la rue, tu ne sais pas que ce problème existe, qu’il peut toucher tout le monde car personne n’en parle. Et quand tu t’y retrouves, même ta famille change de regard sur toi, et coupe les ponts dans certains cas. »

 

Une démarche politique 

Pour Jean-mi, leur démarche vise à « faire changer l’opinion des dirigeants. On est des anciens SDF et regarde ce que l’on est capables de faire ».Il y a des moyens de se faire entendre sans être dans la provocation ou l’agressivité, en y allant en douceur.

Pour Maurice et Sandra, il s’agit avant tout d’un « appel aux citoyens ».Pour eux, le changement politique ne passera pas par les élus eux-mêmes mais par le changement de l’opinion publique. Les citoyens cesseront de voter pour des personnes dont les idées ne correspondent plus avec les leur.

Freins au changement

Pour eux, les freins au changement sont nombreux. Ils commencent par les procédures, la paperasse et la rigidité de l’administration.

Le deuxième est « le passé qui nous suit . On survit au quotidien mais on est pas sorti de l’auberge niveau endettement et logement ».

Un autre obstacle est la perte de confiance régulière en soi et au projet. « J’ai peur de me lever un jour et dire j’arrête tout ». Pour garder le courage, il est nécessaire de prendre soin les uns des autres tant au niveau santé qu’au niveau morale.

Mais Maurice garde comme leitmotiv «  à cœur vaillant, rien d’impossible »

L’origine du nom C-Prévu

  • Le grand C représente, pour nous, le C de Charleroi, notre ville !
  • Prévu est un message d’espoir, de changement. C-Prévu, ça va se faire, le changement est en route !
  • C’est également une petite boutade entre nous car, lorsque nous proposions un projet ou demandions une date butoir, la réponse était souvent : ”C’est prévu”.
  • Ce nom est une motivation, quoi qu’il se passe, il faut continuer à avancer et ne pas s’arrêter au premier obstacle.

 

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