Par Julien Talpin – Mouvements, 2016
L’histoire du community organizing est pleine de récits héroïques et de victoires improbables. Pourtant, plus de soixante-dix ans après son émergence, les inégalités sont plus fortes que jamais aux États-Unis et la pauvreté n’a jamais été aussi importante. En se concentrant sur des campagnes gagnables, les organisations communautaires ne laissent-elles pas de côté les questions plus structurelles, à l’origine de la marginalisation sociale des habitants des quartiers populaires ? Ne sont-elles pas d’énièmes agents de la paix sociale, améliorant à la marge le sort des plus déshérités sans le transformer en profondeur ? Ces interrogations conduisent surtout à mettre en cause le localisme qui a parfois caractérisé le community organizing. Les deux campagnes présentées dans cet article indiquent de quelle façon de vastes coalitions se structurent au-delà de l’échelle locale pour s’attaquer à certains enjeux structurants. Un dilemme semble pourtant apparaître : la prise de distance avec le localisme s’accompagne également d’une plus faible prise des participants sur le devenir des revendications. Faudrait-il faire l’économie de la démocratie pour exercer un réel pouvoir ?
Article de la revue Mouvements, disponible en ligne en cliquant ici (CAIRN, 3 euros)