Depuis plusieurs années, nous entendons les constats des un·es et des autres, sur la diminution de l'engagement politique et collectif des jeunes. Nous le constatons aussi, comme de nombreux·ses travailleurs·euses, peu de jeunes sont présent·es dans les espaces de participation traditionnels et nous avons parfois du mal à les mobiliser.
Cet article propose d'analyser l'engagement des jeunes à partir de plusieurs expérimentations et rencontres que nous avons eu ces dernières années :
- plusieurs expérimentations au sein du quartier Stephenson, avec les jeunes du quartier, dans la période 2019-2023 ;
- des rencontres virtuelles entre des jeunes bruxellois et des jeunes brésilien·nes pour échanger autours des notions du droit à la ville et du racisme (dans la même période) ;
- une rencontre internationale entre jeunes bruxelloises, jeunes brésilien·nes et jeunes boliviennes lors de l'été 2022, dont une vidéo permet de retracer les différentes formes d'engagements des jeunes rencontrées
Les jeunes : mais de qui parle-t-on au fait ?
Très vite en débutant nos réflexions autour de l'engagement des jeunes, nous nous sommes demandé s'il y avait un âge pour s'engager.
Pour parler d'engagement politique, peut-être faut-il attendre l'adolescence ? Finalement, on s'est vite rendu compte qu'à tout âge, l'engagement peut-être suscité ! Des jeunes de 11 ans, dans le quartier Stephenson, nous témoignent déjà de leur engagement dans leur quartier, à travers des activités organisées par le milieu associatif en particulier. Durant des sessions de débats et d'échanges, les jeunes ont déjà de nombreuses revendications en tête pour améliorer leur cadre de vie, et savent déjà proposer des idées pour leurs petits frères/soeurs, leurs parents, ou leurs grands-parents. Une capacité à sortir de l'individuel pour imaginer du collectif donc.
D'autres, plus âgés, à la vingtaine, cherchent à s'engager dans leur quartier, en particulier auprès des plus jeunes. Organisation d'activités, aide pour l'école, volonté de transmettre des valeurs qu'iels trouvent importantes...les actions sont nombreuses et diversifiées.
La crise sanitaire de 2020 nous a également montré l’élan de solidarité - et donc l'engagement concret - d’une grande partie des jeunes, à tout âge, en particulier dans l’aide alimentaire, dans les quartiers les plus populaires.
Samira et Chérine, habitantes du quartier Stalingrad à Bruxelles, se sont engagées dans la réalisation d'un film qui questionne le projet de construction de la nouvelle ligne de métro 3 dans leur quartier.
Tout cela montre l'engagement - souvent pour le quartier - des jeunes.
En 2016, nous pointions déjà la diversité des formes d'engagement suite aux échanges réalisés lors des Etats Généraux de la jeunesse :
- Oser prendre la parole, s'exprimer via les médias (radio, théâtre, court-métrage...)
- Oser parler sincèrement
- Faire entendre sa voix sur les enjeux qui nous intéressent
- Etre présent
- Dénoncer publiquement
- Manifester
- Proposer et réaliser une action pour son quartier
- Etre bénévole pour un festival
- Participer, être acteur dans des processus, débats, tables-rondes...
- Participer aux démarches associatives et être présents dans la structure
- Proposer une action concrète pour répondre à un besoin que l'on rencontre
- Participer à la vie de quartier
- Participation à un projet citoyen, s'engager selon ses valeurs dans une action pour la société
- Organisme de jeunesse, mouvements...
- Etre délégué, par exemple dans une école, un Conseil de jeunes...
Pour en savoir plus, voir la publication « Mobiliser les jeunes, mission impossible ? »
Cela dévoile aussi de la diversité des situations. "Les jeunes" n'est pas une seule catégorie. Si les âges montrent des formes d'engagement différentes, c'est aussi le cas du genre ou encore du quartier dans lequel on vit.
Avec Samira et Chérine, nous sommes donc parties rejoindre le Nord du Brésil pour une rencontre internationale de jeunes à Fortaleza. Dans un contexte si différent, les jeunes s'engagent-ils ? Et comment ?
Dès les prémices de l'organisation de cette rencontre, nous sentons et une énergie de la part des jeunes : la rencontre est organisée par les jeunes, pour les jeunes. C'est déjà une posture bien différentes des activités parfois organisés pour elles et eux...
La vidéo retrace ce voyage à la rencontre d'autres jeunes et met en lumière les formes d'engagement suivantes :
- (s')informer
- partir s'inspirer
- partager des luttes
- comprendre et analyser
- (faire) connaitre ses droits et opportunités
- se présenter
- occuper les espaces politiques traditionnels
- visibiliser et garder mémoire (des luttes)
- s'engager, à travers la culture
- célébrer
La place prépondérante des images et vidéos à travers les réseaux sociaux tel que Tiktok est bien connue. Mais les jeunes brésilien·nes nous prouvent qu'il s'agit aussi d'une manière de s'engager :
--> c'est une manière de faire soi-même, et de ne pas laisser faire d'autres, à sa place. Les montages sur TikTok sont réalisés par eux-mêmes, les message aussi.
--> les réseaux sociaux peuvent toucher de nombreux·ses jeunes, et il est important d'utiliser ce réseau pour informer, partager, aider à comprendre et analyser, faire connaitre ses droits et opportunités...
Si la crise sanitaire a montré l’engagement d’une grande partie des jeunes notamment dans l’aide alimentaire, il nous a semblé important de réaliser une analyse pour montrer que les jeunes sont bien engagés, eux aussi, et au- delà de l’urgence sanitaire, et que les formes d’engagements sont diverses. A nous, travailleurs et travailleuses de nous en saisir également pour aller à la rencontre des jeunes et valoriser leurs engagements !