Par Nic Görtz- CEB Working Paper N°11/052, 2011
En 1972, le magazine Playboy revenait, à l’occasion d’une interview d’Alinsky en douze parties, sur quelques éléments marquants de sa vie. Parmi ceux-ci, l’un d’eux a attiré mon attention. Il s’agit du littéral retournement de la communauté de Back of the Yards. Cette communauté dans la banlieue de Chicago – la première organisée par Alinsky dans les années 40 – avait réussi pas à pas à faire reculer pauvreté, racisme et exploitation. Mais à la veille de la mort d’Alinsky, les habitants et la communauté se trouvent aux prises avec leurs anciens démons. « Ils ont progressivement gravi les échelons des Have-Nots aux Have-a-little-want-mores jusqu’à aujourd’hui où ils ont lié leur sort à celui des Haves. C’est un comportement récurrent. La prospérité rend lâche chacun de nous, et Back of the Yards n’y fait pas exception. Ils ont basculé vers le côté obscur du succès, et leurs rêves d'un monde meilleur ont été remplacés par des cauchemars de peur – peur du changement, peur de perdre leurs biens matériels, peur des Noirs ».