Début octobre 2024, Periferia accueillait dans ses bureaux, pour une durée de 6 mois, une nouvelle stagiaire pour son projet de fin d’études… d’ingénieure ! Mais qu’allait-elle donc faire dans cette galère vous direz-vous. C’est vrai ça, la technique, l’ingénierie, qu’est-ce que ça a à faire avec Periferia ? Parce qu’autant vous dire qu’au royaume de la participation (pardon, de la capacitation !) l’ingénieur·e est loin d’être roi (et je sais de quoi je parle, c’est moi la stagiaire en question ;D)
Mais c’est justement pour ça : parce que les ingés devraient plus (et surtout mieux) se mêler de participation que j’ai mis les pieds chez Periferia. Pour préciser un peu de quoi je parle, je ne suis pas simplement ingénieure tout court, mais ingénieure urbaniste. Un terme très large qui peut désigner aussi bien une personne qui fait de l’urbanisme transitoire à l’échelle d’un bâtiment, ou une personne qui outille la planification de la transition énergétique de toute une communauté de communes, un terme qui peut désigner une personne travaillant sur l’optimisation des transports en ville ou sur la gestion des eaux usées, chargée de la rénovation de grandes barres de logement sociaux ou de la sortie de terre d’un tout nouveau quartier. En somme, un terme regroupant une grande diversité de pratiques et d’échelles d’actions mais avec toutes (plus ou moins) en commun le fait d’agir sur un (plus ou moins grand) territoire avec un (plus ou moins grand) impact sur les personnes qui y vivent en utilisant (plus ou moins) de compétences et outils techniques. Et c’est là qu’on commence à voir poindre le lien avec la participation. Car aménager un territoire, généralement ça concerne directement des gens, et il devient de plus en plus de bon goût de les impliquer dans le processus. La participation est même devenue obligatoire dans bien des projets d’urbanisme, mais pour autant, elle peine à porter de véritables fruits. En effet, quand elle n’est pas une simple consultation sans réel impact sur les choix futurs et qu’elle réussit à impliquer certain·es concerné·es, elle n’en reste pas moins, la plupart du temps, inapte à changer les rapports de force en places ; et la ville reste faite par et pour les mêmes (à ce propos, n’hésitez pas à (ré)écouter le super podcast de Perferia A qui la ville ?).
Alors qu’est-ce que je fais chez Periferia ? Eh bien j’apprends ; et j’explore. J’apprends à parler de capacitation plutôt que de participation, à politiser les rapports spatiaux qui sont aussi et surtout des rapports sociaux, à « prendre parti » pour les périphéries, à observer et accompagner la ville façonnée par ses marges plus que par son centre. Dans tout ça, mon approche principale est la lutte contre la gentrification, et me reste toujours en toile de fond cette question : « comment tout cela vient nourrir mon approche de l’ingénierie ? ». C’est cela que j’explore : le lien entre capacitation et ingénierie. L’ingénieur·e peut-iel être « capaciteur » ? Peut-on faire de la technique[1] capacitante ? Et quel rôle a la participation dans tout cela ? Surtout, comment ne pas faire la ville par et pour les mêmes et mettre la technique au service d’une émancipation des rapports de domination ? (Pistes de réponses au prochain épisode 😉)
[1] Quand je parle de technique, je parle grosso modo de tout ce qui a été façonné par l’humain·e. Une fourchette, c’est de la technique, un panneau indicateur, c’est de la technique, mais aussi un bus, une rue, un bâtiment, … ce sont nos outils, notre environnement, autant de choses que l’on façonne et qui nous façonnent aussi en retour (mais ça, c’est un autre sujet).
Et en même temps que je me mets à parler de capacitation, Periferia se met à parler un peu de technique. De nos deux bagages différents sur l’approche de la ville, de celleux qui l’habitent et qui la font, on s’enrichit et on apprend les un·es des autres. Comme quoi, une ingénieure chez Periferia, ce n’est peut-être pas si saugrenu que ça !
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