Dans le cadre de notre mission « genre et jeunesse » pour le Contrat de Quartier Autour du Parc de l’Ouest, nous avons organisé un stage de trois jours pendant les congés de carnaval (21-22-23 février 2023).
Ce stage prévu en non-mixité (pour les jeunes femmes) avait différents objectifs :
- Comprendre les usages genrés de l’espace public en mettant en dialogue les différentes expériences et ressentis des participantes ;
- S’approprier en groupe des espaces pour se renforcer et avancer vers des usages plus égalitaires (des parcs surtout) ;
- Réfléchir au mobilier urbain et son influence sur nos usages et expériences de l’espace ;
- Apprendre à construire du petit mobilier en carton sur base de prototypes imaginés ensemble.
Chaque jour, nous étions entre 8 et 15 à nous retrouver dans la salle du jardin des quatre-vents, en majorité des jeunes femmes usagères du périmètre du contrat de quartier (habitant dans le périmètre et/ou ayant l’habitude de le fréquenter).
Beaucoup de moments très riches d’échange, de construction collective, de débat ont eu lieu pendant ces trois jours.
Jour 1
Le premier jour de stage, nous nous sommes promenées dans 2 parcs bruxellois, le L28 et la place Morichar. Pour chacun des parcs, nous avons proposé aux jeunes femmes de se promener (seule ou à plusieurs) et de prendre en photos tout ce qui les interpellaient.
Nous nous sommes posées des questions de type :
- Quels-sont les parcs que je fréquente souvent et pourquoi ?
- Qu’est-ce qui fait qu’un espace me fait me sentir bien ?
- Quelles situations ou aménagements peuvent me mettre mal à l’aise ?
- À quelle(s) condition(s) je viendrais faire du sport dans ce parc (seule ou accompagnée) ?
JOUR 2
Lors du deuxième jour, nous avons à la fois réfléchi aux installations des parcs et les effets qu’ils ont sur notre usage de ces espaces (les cages de foot ; les lampadaires ; les toilettes publiques ;…) et nous avons débattu sur les aménagements que nous voudrions avoir dans l’espace public (espaces non-mixtes, degré de visibilité vis-à-vis des autres…).
L’après-midi, nous nous sommes appropriées un espace public, à l’aide de tags et de collages : le Park Ouest.
JOUR 3
Le dernier jour du stage a permis de construire des prototypes – d’abord en argile, puis en carton – de mobilier urbain inclusif. Il s’agissait d’imaginer des bancs, cabanes, aménagements de parc en tout genre qui permettraient aux femmes, mais pas seulement, d’avoir envie de se promener et de passer du temps, seules ou en groupe.
L’évolution des réflexions des participantes rien qu’en trois jours nous conforte dans l’idée qu’il est nécessaire d’ouvrir des espaces de discussions sur les questions d’appropriation genrée de l’espace public. A plusieurs reprises, des participantes nous ont dit que ce sont des sujets qu’elles abordent peu / pas en général, alors que les ressentis sont bien partagés. Pouvoir échanger et apprendre à mettre des mots sur des impressions est une étape essentielle dans l’empouvoirement et la mise en action.
Ce court stage s’ancre pour nous dans un travail plus long, à Molenbeek mais pas seulement, s’orientant autour de deux axes :
- La capacitation des jeunes femmes dans l’espace public: partager des expériences, occuper ensemble l’espace, comprendre les enjeux structurels de construction de l’espace public et développer des méthodes et outils (tels que la construction de petit mobilier en non-mixité) pour se sentir actrices légitimes de l’espace urbain
- La prise de recul et l’analyse d’actions locales pour viser une incidence politique et la prise en compte réelle des besoins et envies des personnes minorisées dans l’espace public (dont les jeunes femmes).
Envie d'en savoir plus ?
Nous renvoyons les lecteur·rices intéressé·es vers d’autres production de Periferia sur ces sujets :
- Notre podcast « comment dégenrer l’espace public ? »
- Notre publication « Tou·te·s concerné·e·s par les mixités – Se remettre en question pour aborder les mixités »
- Notre article « Repenser les espaces publics pour favoriser l’égalité de genre »