Dans ce deuxième épisode de notre série « Pas Sans Nous ! », le politologue Min Reuchamps (UCL) nous aide à comprendre les différentes grandes étapes de la participation citoyenne depuis la deuxième moitié du 20e siècle. Nous parcourons ainsi les grandes mobilisations des années 60-70 et les crises qui ont suivi, pour arriver à la phase d’institutionnalisation de processus participatifs que la Belgique connait en ce moment.
Cet épisode permet ainsi de replacer les actions de Periferia dans le contexte des évolutions liées à la participation citoyenne, et des réflexions sur notre système démocratique représentatif.
Pour soutenir les collectifs souhaitant réformer la constitution et permettre ainsi d’ouvrir la voie à des référendums en Belgique, c’est par ici : https://openconstitution.be/fr/
Retrouvez la transcription ci-dessous.
Solenne :
Ma grand-mère était présidente de l'Action Catholique des milieux indépendants, après avoir travaillé pour la Jeunesse Étudiante Catholique et avant de présider Justice et Paix, une autre association catholique. Pendant ce temps, mon grand-père travaillait pour l'Université Catholique de Louvain. Mes grands-parents étaient affiliés à la Mutualité Chrétienne et ont scolarisé leur fille à l'école Notre-Dame de Marie. Vous l'aurez compris, je viens d'une famille catholique.
Musique
Solenne :
Mais en Belgique, pendant longtemps, ce simple fait ne se résumait pas à des croyances religieuses. Être catholique, c'était faire partie de ce qu'on appelait un pilier.
Il y a eu trois piliers en Belgique : le pilier socialiste, le pilier catholique et le pilier libéral.
Une société « pilarisée » comme on a qualifié la Belgique jusqu'il y a peu, c'est une société dans laquelle les trajectoires de vie des individus sont déterminées en grande partie par leur appartenance à un pilier. Des journaux qu'on lit, aux partis politiques pour lequel on vote, en passant par le mouvement de jeunesse auquel on s'affilie ou aux associations qu’on fréquente, toute notre vie sociale et citoyenne tourne autour des organisations liées à notre pilier. Les individus côtoient donc majoritairement des personnes issues du même pilier qu'elles et eux, et seules les élites représentantes de chaque pilier débattent et décident des orientations que prennent la société. À la fin du XIXe siècle, la société belge prend cette forme et ne la perd que progressivement depuis la fin des années 1960.
Pourquoi je parle de ça ? Quel lien avec cette série de podcasts sur la participation citoyenne et sur Periferia ? Si on veut comprendre d'où on part en termes de participation citoyenne en Belgique, et bien on part de là. Enfin, parce qu'il faut bien commencer quelque part. Et parce que la participation, c'est plus qu'à aller voter. D'ailleurs, pour revenir à ma grand-mère, elle n'a pas eu le droit de vote avant ses 22 ans, en 1948. Mais il serait faux et injuste de penser qu'aucune femme n'a participé à notre société avant cette date.
C'est quoi alors ce qu'on appelle la participation citoyenne et la démocratie participative dans tout ça ? Et comment sommes-nous passés d'une société où la participation s'organise au sein de piliers à une participation citoyenne beaucoup plus diffuse, multiple dans ses thématiques et ses modes d’organisation ? Comment sommes-nous arrivés à une participation citoyenne devenue un mot d'ordre dans beaucoup d'institutions politiques mais qui, dans ces formes de mobilisation plus militante, rejette souvent les institutions ? Quand avons-nous cessé de considérer qu'une décision était légitime du seul fait qu'elle venait d'une personne élue censée nous représenter ?
C'est de ça qu'on va parler dans cet épisode. On va tenter de retracer les grandes étapes de la participation en Belgique, à la fois dans et en dehors de nos institutions politiques.
Bienvenu·es.
Jingle
Solenne :
Et en 25 ans, que s’est-il passé ?
Jingle d’introduction :
« Pour moi, tout citoyen doit participer. »
« L'abstention décidément est un piège à cons. »
« Tout est déjà décidé à l’avance. »
« Je vous ai compris. »
Pas… Sans… Nous. Pas sans nous : une série de podcasts de Periferia.
Solenne :
Salut, moi c'est Solenne.
Leticia :
Moi, c'est Leticia. On travaille chez Periferia, une association qui porte le projet d'une démocratie participative en cherchant à rééquilibrer les pouvoirs d'influence dans la société. Pour cela, nous partons des personnes les moins écoutées, celles qui ne participent pas, celles qui se situent en périphérie de nos espaces de pouvoir. Pour les vingt-cinq ans de notre association, nous avons décidé de réaliser une série de podcasts qui revient sur l'évolution de nos projets, de nos missions et de nos visions en lien avec les évolutions sociales et politiques qu'ont connu nos sociétés en termes de participation citoyenne. Dans cet épisode, nous revenons sur l'histoire de la participation et sur les grandes étapes qui ont influencé notre association. Nous nous concentrerons ici sur le cas de la Belgique.
On le disait en introduction, la société belge commence un processus de « dépilérisation » vers la fin des années 1960. C'est-à-dire que les piliers qui organisaient jusqu'alors la vie politique et sociale s'effritent. Perdant pouvoir, des personnes commencent à sortir des organisations qui y sont liées. C'est à cette époque également que se situe un grand tournant de la participation selon le politologue Min Reuchamps, que nous avons interviewé pour cet épisode.
Min Reuchamps :
Année 68, la fin des années 60, c’est probablement un premier tournant pour ce qui va se passer par la suite. À travers le monde « occidental », il y a une transformation qui se fait à ce moment-là. Aux États-Unis, on sait que ce sont de grandes périodes de mobilisation. Donc là, il y a quelque chose qui se passe, probablement aussi vers une plus grande individualisation de la société à ce moment-là, ou en tout cas de casser les groupes tels qu'on les avait connus jusqu'alors. C'est la période aussi où on commence à dire qu’il y a de nouveaux mouvements sociaux. Puisqu’on sait que la participation a toujours existé, et qu’elle est intrinsèque à la démocratie. Même si la démocratie a probablement une relation d’amour / haine à la participation. On sait que les années 70, c’est les premiers chocs en fait. Donc là on va voir quelque chose qui se passe. Après mai 68, les lignes bougent évidemment. La société évolue, mais la participation continue à se faire au travers des canaux classiques. La demande de participation tombe en fait. Mais je crois qu’elle existe toujours, mais elle va être reprise dans une société civile organisée qui va l’utilisée.
Mais probablement aussi qu'à ce moment-là, on est toujours dans les structures de participation telles qu'on les connaissait. Si on prend la Belgique, à ce moment-là avec le rôle des syndicats est toujours très important. Le rôle de la société civile organisée est toujours très important. Donc, ce n'est pas une participation comme on la connaît aujourd'hui à ce moment-là.
Solenne :
Qu’elle est alors cette nouvelle forme de participation, cette société civile qui s’organise, au moins en partie en dehors des piliers mais qui garde encore des structures de participation existantes ?
Cette étape de la participation, elle est notamment incarnée par mes parents. Alors que ma mère s’engageait dans des associations de lutte contre la pauvreté en Belgique, mon père travaillait pour le ministère de la culture et de l’éducation permanente, avant d’intégrer plus tard le parti politique Ecolo au niveau local. Ces nouveaux partis politiques et ces associations qui émergent sur de nombreuses thématiques font partie de ce que l’on appelle « Les corps intermédiaires », c’est-à-dire des groupes sociaux qui se trouvent entre les individus et l’État. Cette deuxième étape de la participation citoyenne correspond à la multiplication et la montée en puissance de nouveaux corps intermédiaires en particulier du monde associatif et de l’éducation permanente soutenue par l’État. Mais comment y sommes-nous arrivé·es ? Il nous faut revenir sur deux éléments mentionnés par Min Reuchamps, et qui méritent qu’on y prête plus d’attention : il s’agit de l’émergence de nouveaux mouvements sociaux dès la fin des années 60, et des crises économiques, sociales et politiques des années 70 et 80.
Bruits de manifestation
Leticia :
Les « nouveaux mouvement sociaux », c’est comme ça qu’on a qualifié des mouvements politiques qui ont émergé vers la fin des années 60 jusqu’aux années 90. Il s’agissait de mouvements étudiants, féministes, écologistes, queers ou encore de personnes racisées ou en situation de handicap. Ce qui change par rapport à ce qui existait avant, c’est d’abord les thématiques qui sont en jeu : il ne s’agit plus seulement de questions socio-économiques, mais d’enjeux liés au genre, à l’orientation sexuelle, à l’environnement, ou à la lutte contre le racisme. C’est-à-dire des thématiques touchant différentes formes de discriminations, liées à des identités plurielles et des valeurs qui ne sont pas seulement d’ordre matériel.
D’autres caractéristiques rassemblent ces mouvements. D’abord, dans leur manière de s’organiser, il s’agit plutôt de réseaux, certains transnationaux, et qui tentent de s’opposer aux hiérarchies. Ils critiquent les syndicats ou les partis politiques qui fonctionnent de manière centralisée, avec un leader à leur tête. Ces mouvements ne cherchent pas à prendre le pouvoir mais à s’adresser directement aux citoyens et citoyennes, et à faire évoluer l’opinion publique.
Solenne :
Directement lié à cette volonté de conscientiser les gens, les nouveaux mouvements sociaux utilisent massivement les nouveaux médias et l’action directe. Il s’agit d’envoyer des messages à la société, plutôt que d’espérer convaincre le vieux système politique en place de changer les choses. Ces mouvements demandent ainsi à pouvoir participer directement aux décisions politiques.
Un dernier élément intéressant au sujet de ces nouveaux mouvements sociaux, c’est qu’ils sont portés majoritairement par des personnes issues de la classe moyenne, contrairement aux mouvements des travailleur·ses qui les ont précédé.
Musique :
« C’est 4 nouvelles centrales maintenant qu’ils veulent nous imposées
Nucléaire, non merci
On a déjà donné
Aujourd’hui, villageois, ouvriers, paysans
Tiendront tête aux experts, soi-disant compétents »
Solenne :
Ces mouvements reflètent des sociétés en plein changement, où les identités multiples s’entrecroisent et ne peuvent plus se résumer à 3 groupes si on pense aux piliers belges.
Ces mouvements, qui se veulent anti-autoritaires et contestant le système politique en place, vont quand même connaitre une forme d’institutionnalisation. D’une part, la nouvelle génération de politiques qui arrivent dans les années 90 est, pour beaucoup, issue de ces nouveaux mouvements sociaux. D’autres part, les années 60 à 90 vont voir se démultiplier le nombre d’associations, qui elles aussi viennent de ces mouvements sociaux. Ces associations sont reconnues et soutenues par le système politique et connaissent souvent une hiérarchie interne.
Leticia :
… Mais avant d’aller plus loin, parlons d’un autre élément majeur qui a influencé les Nouveaux Mouvements Sociaux, et les politiques en termes de participation : il s’agit des crises successives qui ont lieu à partir des années 70.
D’abord, des crises économiques, liées aux chocs pétroliers des années 70. Après ce qu’on a appelé les « 30 glorieuses », 30 ans de prospérité économique en Europe après la seconde guerre mondiale, des conflits géopolitiques mènent à des hausses importantes des prix du pétrole, et cela cause une grande crise économique dans nos pays. Avec elle, l’arrivée de ce qu’on a appelé le « chômage de masse », qui est lié également à la désindustrialisation de nos territoires.
En Belgique, le début des années 70 c’est aussi un moment de grande crise politique : des tensions fortes entre néerlandophones et francophones qui mènent à la division de la vie politique et culturelle belge entre les communautés linguistiques, et ainsi à la création d’un État fédéral, avec tous les niveaux de pouvoirs et de complexité institutionnelle qu’on connait aujourd’hui.
Solenne :
Donc là nous avons les prémisses de ce qui s’intensifiera par la suite. Des demandes de participation qui émergent de la société civile, via notamment les Nouveaux Mouvements Sociaux et ensuite les associations, et des nouveaux partis politiques, dans des contextes de crise où les politiques cherchent de nouveaux moyens pour résoudre des problèmes auxquels ils sont confrontés. On le verra par la suite, les processus participatifs ont bien souvent émergés lors de périodes de crises. Ces demandes de participation émergent, notamment parce que les citoyen·nes commencent à moins faire confiance aux politiques pour résoudre les problèmes d’inégalité ou liés aux crises, mais ce n’est pas avant les années 90 que seront réellement mis en place les premiers processus de participation comme on les connait aujourd’hui.
Leticia :
Il manque un 3e ingrédient ayant permis le tournant participatif qu’on connait. Il s’agit des théories des intellectuel·les, philosophes et politologues, qui ont accompagnés les évolutions sociales et politiques avec des recherches et des théories sur la participation. Les chercheur·ses ont à la fois réfléchi à de nouveaux outils de participation citoyenne : sondages, panel citoyen notamment, et remettaient en question la légitimité des décisions prises seulement par des personnes élues.
Min Reuchamps :
À partir des années 90, c’est là où Fishkin va dire qu’il faut réinventer l’outil sondage. Le problème des sondages, c’est que les gens n'ont pas pu délibérer, donc il faut leur donner cet outil de délibération. Et aux États-Unis, il y a des personnes qui vont dire qu’au-delà de la participation électorale, il faut une « strong democracy ». Une démocratie forte où les gens sont impliqués. Et donc une volonté que les gens participent davantage. On voit aussi avec Fishkin qui a aussi une importance de la participation liée aux sondages et aux tirages au sort qui sont très similaires, par leur côté « probabiliste ». On va chercher des gens qui ne sont pas proposés. Donc là, on voit une série d'idées émerger. Il y a aussi déjà des personnes, mais qui sont des voix relativement minoritaires, qui réfléchissent alors en matière de tirage au sort. Mais c'est probablement davantage une question intellectuelle qu'une question sur le terrain, et donc, c'est là où les choses sont intéressantes. Sur le terrain, c'est clairement une idée de participation qui ne passe pas par le tirage au sort, et donc ça, ça reste quelque chose d'un peu intellectuel.
C'est dans les années 90 aussi, qu'on voit apparaître en fait des théories de la délibération. Avec Fishkin, mais avec d'autres aussi en disant qu’il faut compléter les élections. Il y a probablement dans la construction un peu intellectuelle aussi le livre de Bernard Manin sur le principe du gouvernement représentatif, qui essaie d'expliquer que la démocratie telle qu'on la connaît, dite « représentative », est d’avantage un gouvernement que la démocratie parce que la démocratie c'est autre chose que le gouvernement représentatif. Puisque l'idée de la démocratie, c'est justement cette participation directe du public qui n'a pas été voulue par les révolutionnaires américains et français qui voulaient un régime représentatif plutôt qu'un régime démocratique. Cela va d’une certaine façon montrer que le tirage au sort en fait le vrai instrument d'une certaine forme de démocratie. Concernant l'élection, qu'aujourd'hui tout le monde pense que la démocratie, ce sont les élections. Les élections est un autre type de mécanisme. Et donc là, on voit que voilà, les choses bougent à différents égards sur le terrain d'un point de vue un peu intellectuel.
Solenne :
Revenons deux minutes sur ce que vient de dire Min avant d’aller plus loin. En parlant des débats intellectuels sur la participation, on s’est demandé : C’est quoi finalement la participation citoyenne ? Et la démocratie participative ?
Min le disait au début, quand il parlait de relation d’amour haine entre la démocratie et la participation. La logique de la démocratie voudrait que ce soit au peuple de prendre les décisions qui le concernent. Mais, il vient de l’expliquer, au 19e siècle, les révolutionnaires qui ont mis en place nos démocratie ont fait le choix d’un gouvernement représentatif. Ce qui fait que quand on vote pour des personnes pour qu’elles nous représentent, on leur délègue notre pouvoir de décision.
Leticia :
C’est ça qui est remis en question au fur et à mesure depuis la fin des années 60. Quand la société civile organisée demande à participer au sein des institutions politiques, c’est pour pouvoir reprendre ce pouvoir délégué aux élu·es, au moins partiellement. Ceci sont les demandes qui visent une démocratie participative.
Mais la participation citoyenne, elle peut également s’inscrire en dehors des institutions politiques. Si on fait une grève pour demander une augmentation de salaire, c’est aussi de la participation mais ça ne s’accompagne pas a priori d’une remise en question du système représentatif. D’une autre manière, un collectif militant qui dénonce les violences policières participe à la vie politique, mais à nouveau, ses revendications ne portent pas nécessairement le projet de panels citoyens ou de tirage au sort. Bref, participation citoyenne et démocratie participative ne sont pas des synonymes.
Min Reuchamps :
L'idée de participation c’est que de personnes participent à la chose publique et on peut le faire de beaucoup de façons différentes. Classiquement, en sciences politiques, on parle de façon conventionnelle et non-conventionnelle. La participation conventionnelle, c'est tout ce qui est lié au mécanisme du vote. Et donc, aller voter est un processus de participation d'une certaine façon. Oui, être candidat, mener campagne est un processus de participation. C’est là où l'on parlait de mécanismes conventionnels. Les non-conventionnels sont les autres formes. Ça peut être de signer une pétition, ça peut être d'avoir un boycott, ça peut être une grève, ça peut être des actions de désobéissance civile. Et donc, ça, c'est un petit peu le vocable de la participation. C’est vraiment le fait de participer à la chose publique au sens relativement large. Cette participation peut s'inscrire dans différents cadres mais elle est clairement intrinsèque à la démocratie qui compte sur la participation, d'une façon ou d'une autre, de la population, du « demos ».
Là, où la participation devient démocratie participative, ce n’est pas que la participation est fondamentalement différente, mais c'est la focale qu'on va donner à cette participation et à la place qu'on va lui donner. Et donc, dans la démocratie participative, contrairement à ce qu'on qualifie de démocratie représentative, et on sait que probablement c’est un raccourci de parler de démocratie participative, c’est de dire non seulement la focale est sur des élections éventuelles, mais aussi sur le fait de faire participer de manière plus cohérente, peut-être plus réfléchie dans la chose publique.
Solenne :
Tant qu’on est dans des questions théoriques, en voilà une autre qui nous vient : on parle de système et de gouvernement représentatif, de démocratie représentative… mais qu’est-ce qui est représenté ? Et qui est représenté ?
On l’a compris : les révolutions – dirigées essentiellement par des hommes issues de la bourgeoisie – ont menés à des systèmes représentatifs, plutôt que démocratiques nous dit Min. Au fur et à mesure, le droit de vote, c’est-à-dire, le droit de choisir nos représentant·es s’est élargi en Belgique et ailleurs (aux ouvriers, puis aux femmes, aux jeunes, et depuis 2009 aux personnes incarcérées en Belgique).
Mais ces demandes de participation dont on parlait juste avant, elles arrivent dans des contextes de crise, et de remise en question de la légitimité des personnes élues à prendre les bonnes décisions toutes seules. Ces dernières années, on parle d’ailleurs de plus en plus de « crise de confiance dans le système politique » et de « crise de la représentativité ».
Ces gouvernements, censés nous représenter, sont souvent vus comme éloignés des citoyen·nes ordinaires, comme vivant dans un monde déconnecté du nôtre… cette tension qu’on observe entre le peuple et les décideur·ses politiques vient notamment du fait que notre système politique joue un rôle de représentation sans être représentatif. Min nous explique la nuance.
Min Reuchamps :
L'idée de représentation n'est pas exactement la même que l'idée de représentativité. L'idée de représentativité, c'est en fait de se dire qu'une personne ou un groupe de personnes est représentatif, d'un point de vue statistique, d'un autre groupe de personnes. C'est le cœur, finalement, des sondages. Les révolutionnaires et donc les décideurs, déjà qui ne sont que des hommes largement, savent très bien qu’ils ne seront jamais représentatifs de la population. Ils ne le veulent pas d’ailleurs. C'est pour ça qu'on va d'abord commencer avec un système représentatif qui repose généralement à des élections, au suffrage censitaire, etc. Par contre, on va pouvoir avoir cette capacité de représenter les intérêts de certains groupes, d'une certaine façon. Ce mécanisme de représentation est là aussi parce que c'est une contrainte technique de dire : dans des pays qui sont plutôt grands et où il y a une spécialisation d'une certaine façon des choses, c'est un peu dur d'être tout le temps présent, comme dans l’Athènes antique sur une Grande-Place, sur un forum, sur l'Agora, etc. Par essence, une représentation va appliquer une tension. Parce qu’à partir du moment où on est représenté, forcément c’est plus soi-même.
Leticia :
Se pose alors la question de la place que peut avoir la participation citoyenne dans un système politique qui nous représente. C'est-à-dire qui est mandaté pour prendre des décisions en notre nom, donc à notre place. Actuellement, la Belgique francophone surtout, cherche des moyens de compléter le système actuel par de la participation.
Min Reuchamps :
Comment est-ce qu’un mécanisme d'un système de gouvernement représentatif peut être ou pas complémentaire ? Cela reste encore effectivement à être inventé, mais on sait que des mécanismes basés sur le tirage au sort existent depuis longtemps, et ça, c'est les jurys d'assises. On voit à nouveau différentes formes de légitimité qui peuvent ou non cohabiter d'une certaine façon. On a vu beaucoup de réflexion sur le jury d’assises, de la présence de l'expertise des juges. On voit que ces différents mécanismes peuvent plus ou moins bien se compléter, même si clairement, et en Belgique en particulier, on est sur un système qui est quasi exclusivement représentatif. Et ça, le conseil d'État l'a bien rappelé dans la constitution telle qu'elle est aujourd'hui, c'est un gouvernement représentatif. C'est d'ailleurs pour ça que le référendum est interdit parce que les pouvoirs émanent de la nation et la nation est représentée au parlement. Et à côté de ça, d'avoir une assemblée tirée au sort ne rentrerait pas dans ce cadre-là, puisque c’est par l’élection qu’on l’a formé. À priori, c’est un cadre qui ne permet pas bien cela. On est vraiment sur quelque chose qui reste à être inventer, ou une constitution qui reste à être réformée.
Solenne :
Donc, nous venons d'un système assez cadenassé qui, à la différence de la Suisse par exemple, ne permet pas aux citoyen·nes de prendre part directement aux décisions politiques. Et pourtant, la participation citoyenne est devenue un enjeu politique incontournable et les expériences de panel, de jurys citoyens ou d'assemblées tirées au sort se multiplient. Revenons aux grandes étapes de la participation parce que nous arrivons à la troisième, qui nous occupe toujours en ce moment.
Pour faire face à la crise de confiance en nos élus, ces derniers vont mettre en place de nouveaux outils de participation pour compléter le système politique. C'est ce qu'on va appeler le tournant délibératif.
Min Reuchamps :
Le tournant délibératif, à l'international, on le marque souvent avec les années 2000. Parce que les premiers panels sont déjà dans cette vague-là. Ce dont je vous parle de plus en plus c'est bien des processus dits de « démocratie délibérative », type panel citoyen, assemblée citoyenne, qui combine tirage au sort et délibération.
Leticia :
Cette nouvelle phase de participation met un point d'attention sur la discussion – le débat entre participantes et participants avant de prendre une décision. Il ne s'agit donc pas juste de voter pour une proposition ou une autre, mais de prendre le temps de réfléchir collectivement à un sujet, souvent avec l'intervention d'expert·es. Si la participation citoyenne commence à entrer dans nos politiques locales en Belgique à partir des années 90 avec, par exemple, les projets de cohésion sociale, ou les contrats de quartier à Bruxelles, la question de la délibération au sein d'assemblées citoyennes tirées au sort arrive un peu plus tard.
En Belgique, un moment important accompagné d'ailleurs par Min Reuchamps entre autres, est l’initiative du G1000. Ce projet apparait pendant la crise politique que connaît la Belgique en 2010 et 2011, une période de 541 jours pendant laquelle la Belgique n'arrive pas à former un gouvernement. Le groupe à l'initiative du G1000 est composé majoritairement d'intellectuels qui souhaitent tirer au sort 1000 citoyen·nes pour imaginer collectivement des solutions à la crise politique en cours. À nouveau, l'exemple du G1000 montre l'influence des universitaires sur les expériences de la participation. 4 parlements belges ont mis en place à leur tour des assemblées citoyennes consultatives. Il s'agit du Parlement de la Communauté Germanophone, du Parlement Bruxellois, le Parlement Wallon, ainsi que des Commissions Délibératives au Parlement Francophone bruxellois. On peut donc parler d'un véritable mouvement d'institutionnalisation de la participation, dont l'initiative vient la plupart du temps des gouvernements. Ces mécanismes de participation souhaitent compléter le système en place, moins dans une logique de redistribution du pouvoir que pour relégitimer les décisions prises, ainsi que pour sortir de situations de crise économique, politique ou sociale.
Min Reuchamps :
Par rapport à ce développement-là, la Belgique était plutôt un cas assez improbable pour voir émerger ça. Pourquoi ? Parce qu'en fait en toile de fond de notre histoire politique, c’est qu’on était sur un modèle consociatif – une société pilliarisée. Ou une société qui était divisée, pas d'un point de vue linguistique, mais d'un point de vue idéologique. En fait, la solution que le système a envisagée, c'est de se dire : les gens vont rester dans leur pilier, et la négociation va se faire au niveau des élites. C’est au niveau du sommet que ça va faire, et c'est mieux en fait, parce que la crainte à l'époque était de se dire, et si on laisse se parler les différents segments, ils vont se taper dessus. Et ça ne va pas aller du tout, et donc il vaut mieux laisser les élites qui seront supposées être prudentes par rapport à ça, à qui on donne aussi la mécanique de droit de véto, de représentation proportionnelle, etc. Et ça va fonctionner. Mais dans l'idée même de faire participer le public va être aux antipodes de ce que la Belgique va développer aujourd’hui avec la démocratie délibérative. Mais on sait aussi qu'on est progressivement sorti de cette société pilliarisée. En Belgique, c’est plutôt à priori, un cas d'école où on n'aurait pas pu imaginer l'émergence de ça.
Pourquoi est-ce que ça l’est ? Je crois qu'il y a à nouveau plusieurs raisons. Peut-être par sa taille mais aussi peut-être par la conscience qu'à un moment donné, si on n'essaie pas de régler des problèmes politiques rapidement, ou qu'on n'est pas original, on va avoir des problèmes politiques plus gros. On se situe probablement sur d'autres clivages à l'heure actuelle, sur quelque chose qui se passe. Est-ce que c'est dans l’ADN des belges et de leurs systèmes politiques de pouvoir à un moment donné « il faut changer » ? Ça c’est un élément. L'autre élément, et c'est là où le fédéralisme a ça de bon, ce qui bien sûr ajoute une couche de lasagne supplémentaire. Mais ça permet aux différentes entités de prendre un chemin qui est potentiellement différent avec aussi d'une certaine façon une émulation, ou en tout cas de pouvoir se positionner. Ce qui est intéressant à voir aujourd'hui en Belgique, c'est que la Flandre n'est pas du tout à l'avance en matière d'innovation démocratique, et c'est plutôt du côté francophone, et germanophone. C’est très conscient parmi les responsables flamands de ne pas le faire.
On voit que le fédéralisme – tel qu'on le connaît – permet que les uns et les autres puissent avancer à des rythmes différents. Je crois que du côté flamand, ce n’est pas tellement une peur de la société civile. Je crois que c'est lié à un contexte plus florissant d'un point de vue économique. La question en Flandre ne joue pas sur ce terrain. On a une société plutôt riche, etc. Où les choses semblent plutôt bien aller. Donc il y a une moins grande pression par rapport à ça, puisqu'on sait qu’une partie des personnes qui soutiennent les innovations démocratiques sont en fait les personnes qui ne se sentent pas bien dans le système, tels qu'ils sont. Les niveaux de confiance en Flandre sont un peu meilleurs que du côté francophone. Dans ce contexte-là, probablement que les élites flamandes, et en particulier les élu·es, se sentent moins pressés de devoir faire bouger les choses. On sait aussi que le centre de gravité idéologique en Flandre est plus à droite qu'à gauche, par rapport à en Belgique francophone. Donc ça peut jouer aussi d'une certaine façon. Puisque là-dessus, et la Belgique à nouveau brouille un peu les cartes, on pourrait dire que typiquement la démocratie participative est plutôt dans l'ADN de la gauche, alors qu'une idée de démocratie directe serait plutôt dans l’ADN de la droite en Flandre. Le caractère un peu idéologique pourrait jouer. Puisqu'on sait aussi que ce qui a beaucoup fait bouger les lignes en Belgique francophone, ce sont des demandes répétées des écologistes en la matière, soutenues alors par une série de parlementaires socialistes et autres.
Jingle
Solenne :
Récapitulons. Je viens d'une famille issue du pilier catholique. Si les piliers perdent en importance depuis plus de 50 ans, des traces subsistent. J'ai en effet été scolarisée majoritairement dans des écoles catholiques, comme tous mes cousins et cousines.
J'ai ensuite fait des études de genre et je continue de militer dans des collectifs informels et autogérés. À côté de ça, je travaille dans le domaine de la participation citoyenne et de l'éducation permanente, un secteur qui continue de peser dans la vie socioculturelle belge, même s'il est soumis à de nombreuses pressions, notamment par des politiques qui souhaitent assimiler les associations au domaine marchand.
On voit donc que les étapes décrites dans ce podcast se mêlent. Il s'agit d'ailleurs peut-être plus d'évolution de tendance que d'étapes cloisonnées. Au niveau du système politique, on se situe donc aujourd'hui dans ce mouvement d'institutionnalisation de la participation, même si les expériences mises en place pour l'instant restent consultatives et ne donnent donc pas réellement du pouvoir aux citoyen·nes. C'est pour ça que des initiatives émergent en faveur, par exemple, d'un changement de constitution.
Leticia :
Face au niveau du système politique, des avancées dans une démocratie qui serait plus participative. Mais on l'a dit, la participation englobe bien plus que ça. Si, du côté des parlements, des assemblées citoyennes consultatives voient le jour, la participation non-institutionnelle est également très forte.
Leticia :
On dit aujourd'hui qu'on serait dans une 4e vague féministe depuis MeToo. Des mouvements écologistes se soulèvent dans de nombreux endroits. Les luttes Queer se mobilisent pour la reconnaissance de multiples identités de genre. Le mouvement Black Lives Matter met à l'agenda médiatique et politique les questions de justice raciale depuis une dizaine d'années. Ces mouvements utilisent massivement les réseaux sociaux et la désobéissance civile, et s'organisent plus en collectifs et réseaux informels qu’en associations ou institutions reconnues légalement.
Leticia :
Du côté de Periferia, on suit aujourd'hui ces deux types d'évolution. Si on accompagne les revendications citoyennes qui souhaitent inscrire le référendum dans la constitution et mettre en place des assemblées délibératives contraignantes, on se met également du côté des collectifs informels qui se mobilisent pour revendiquer leur droit à la ville, à un logement digne ou à l'égalité de genre.
Chants :
« Je suis fille d’un homme qui a tué ma mère
Enfant de tout ce qui coupèrent dans ma chair
Je suis une putain qui traverse les frontières
Enfant palestinienne qui vous jette des pierres
Je suis fille de sorcière que l’on n’a pas noyée
Je prends pas les naissances et j’aide à avorter
Je soigne aussi nos mortes pour qu’on reste vivantes
Je n’ai pas de pays, je suis fille du vent »
Solenne :
Dans le premier épisode, on vous a raconté la naissance de Periferia. Dans celui-ci on a expliqué le contexte dans lequel nos actions se situent. Dans les prochains épisodes, on parlera de dynamique et de projets locaux qu'on a portés ou qu'on continue d'accompagner et qui suivent le cours de cette évolution de la participation. D'ici là, on vous laisse sur ces questions : Est-ce que les dispositifs de participation complémentaire au système actuel permettront de réellement partager les pouvoirs dans la société ? Ou doit-on imaginer un tout autre modèle démocratique ? Faut-il être expert·e ou professionnel·le pour participer au système politique ? Pouvons-nous imaginer des mécanismes de participation sur des grands territoires où la réelle démocratie délibérative ne peut se faire qu'à des échelles locales ? Et finalement, comment inventer un système politique dans lequel tout le monde a sa place et sur lequel chacun·e a une influence égale ?
Générique :
« Passe en nous ! » une série de podcasts de l'association Periferia, produite dans le cadre de l'éducation permanente et soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces podcasts sont à réécouter sur notre site Periferia.be et sur Soundcloud.
Articles et livres :
- Ann-Mireille Sautter et Min Reuchamps. 2022. « La parlementarisation de la démocratie délibérative : Pourquoi est-ce que les élu·es institutionnalisent la participation citoyenne au sein de leur parlement ? ». Participations. 2022/3 (N°34). pp. 237-260.
- Anthony Giddens et Philip Sutton (2013). “Organizations and networks ” and “politics, governement and social movements”. Sociology. Polity Press.
- Clémence Bernardet et Alain Thalineau. « La Participation citoyenne. Sur les ambiguïtés du ‘pouvoir d’agir’ ». Action publique, Recherche et pratiques. 2022/1 (N°13).
- Frédéric Claisse, Catherine Laviolette, Min Reuchamps, Christine Ruyters (eds.). 2013. La participation en action. Peter Lang.
- Ludivine Damay et Christine Schaut. 2007. « Justifications des politiques participatives : deux études de cas en Belgique ». Espaces et sociétés. 2007/1-2. pp. 185-199.
- Natalie Rigaux (2015). Introduction à la sociologie par sept grands auteurs. De Boeck.
- Nathalie Schiffino, Olivier Paye, Vincent Legrand, Jérôme Jamin, Pierre Baudewyns, Thierry Balzacq. 2014. Fondements de science politique. De Boeck.
Musique, dans l’ordre d’écoute :
- Franz Schubert. 1825. « Ave Maria ». Interprété par Maria Callas. https://www.youtube.com/watch?v=j8KL63r9Zcw.
- John Dobrynine. 1977. « Pour une autre route ». Chanson de luttes en Belgique. Interprétée par Le GAM - Groupe d'Action Musicale. https://www.legroupegam.be/.
- Jacky Parent. 1979. « On a été bernés ». dans GAM. NON à la deuxième centrale ! Chooz se bat, et chante contre le nucléaire. https://www.legroupegam.be/.
- « Fille d’Amazigh », interprétée par des militant·es à Bruxelles. Paroles d’une chorale présente lors de la manifestation « Toutes aux Frontière » de Nice du 5 juin 2021 et repris dans le podcast « Migrantes et Combattantes » de Charlotte Bienaimé (un podcast à soi).
Méthodologie
Ce podcast s’intéresse aux grandes évolutions de la participation en Belgique de la fin du XIXè siècle à nos jours. En suivant la présentation du politologue Min Reuchamps, il retrace les grandes étapes et les tournants qui ont permis à différents modèles de participation citoyenne d’émerger et d’être institutionnalisé.
Ce podcast peut faire l’objet d’une écoute collective comme individuelle – de manière séquencée ou continues. Il se veut didactique et est accompagné de plusieurs autres supports téléchargeables et mobilisables dans le cadre d’une animation avec un groupe :
- différents schémas et notes qui résument et illustrent les contenus abordés et/ou clarifient des concepts
- une retranscription du contenu
- une série de questions permettant d’approfondir la réflexion et de nourrir un échange au sein d’un groupe
- des références pour aller plus loin.
N'hésitez pas à cliquer sur les images pour les agrandir / les télécharger !
1. La Belgique et ses 3 piliers
Une société « pilarisée », c'est une société dans laquelle les trajectoires de vie des individus sont déterminées en grande partie par leur appartenance à un pilier. toute notre vie sociale et citoyenne tourne autour des organisations liées à notre pilier. Les individus côtoient donc majoritairement des personnes issues du même pilier qu'elles et eux, et seules les élites représentantes de chaque pilier débattent et décident des orientations que prennent la société.
2. Les corps intermédiaires
« Les corps intermédiaires » : l’ensemble des groupes sociaux qui se trouvent entre les individus et l’État.
3. Ligne du temps des évolutions de la participation en Belgique
4. Démocratie ≠ Participation
5. Être représentatif, c’est impossible en démocratie !
Choisir la démocratie – comprise au sens strict comme le pouvoir exercé directement par le peuple – comme système de gouvernance d’un pays est pratiquement impossible. (Cela requiert nécessairement de passer par un système de représentation mais qui ne sera jamais représentatif.) Face à ce constat – mêlé à une volonté des élites de ne pas répartir les pouvoirs de manière égale – nos pays se sont tournés vers la démocratie représentative.
NB : On pourrait aussi imaginer d'autres formes de gouvernance que la représentation: comme le tirage au sort où les personnes ont des mandats décisionnels sans prétendre représenter un autre groupe que soi-même ou la désignation de membres venu·es de multiples groupes à participer à des assemblées citoyennes.
Qu’il s’agisse d’assemblées citoyennes, de jurys ou d’élu·es politiques, on ne peut jamais atteindre une parfaite représentativité.
Nous parlons plus couramment de diversité des points de vue à impliquer dans le débat, ce qui reflète davantage la diversité de la société, sans pour autant la reproduire statistiquement, même dans un petit échantillon.
Via l'élection, la logique est de représenter dans nos parlements la diversité des opinions politiques, et non pas de nos identités. Et depuis l'origine de nos démocraties, les parlements n'ont jamais été à l'image de nos sociétés, bien que cela évolue (les profils socio-économiques, mais aussi l'âge moyen ou le genre des élu·es n'a jamais reproduit - à petite échelle - la société belge).
Sachant que nos manières de voir le monde, et donc d'exercer le pouvoir est influencée par qui nous sommes et notre position dans la société, la légitimité des élu·es à pouvoir parler "au nom de" est facilement remise en cause.
6. Quelques questions pour poursuivre la réflexion
- Est-ce que les dispositifs de participation complémentaires au système actuel permettront de réellement partager les pouvoirs dans la société ?
- Doit-on imaginer un tout autre modèle démocratique ? Lequel ? Sur quels principes le construire ?
- Faut-il être expert·e ou professionnel·le pour participer au système politique ?
- Pouvons-nous imaginer des mécanismes de participation sur des grands territoires où la réelle démocratie délibérative ne peut se faire qu'à des échelles locales ?
- Et finalement, comment inventer un système politique dans lequel tout le monde a sa place et sur lequel chacun·e a une influence égale