A l’écoute de voix du Brésil

Dans le dur contexte que traverse le Brésil, nous avons participé et contribué à la mise en place de rencontres qui permettent d’échanger avec des voix moins écoutées. Depuis l’automne dernier, l’élection du nouveau président Bolsonaro a plongé le pays dans un recul des droits humains avec un détricotage progressif de tout ce que les mouvements et la société avaient construit au fil des décennies, depuis la fin de la dictature en 1985.

A Recife, des jeunes expriment leurs ressentis par rapport à la ville (mars 2019)

En mars 2019, nous étions à Recife, dans le Nordeste brésilien, avec des ONGs et des jeunes de 3 villes (Salvador de Bahia, Recife et Fortaleza) ; essentiellement des jeunes filles de 18 à 28 ans. Elles ont partagé leurs perceptions de leur ville en construisant des cartes affectives, qui retracent le vécu, les perceptions que l’on a du territoire, l’occasion pour nous de raconter une démarche similaire menée avec un groupe de filles à Molenbeek.

« Dans la ville, où sont acceptés nos corps ? » : c’est de cette façon qu’un groupe a traduit et pensé sa carte… une manière de souligner combien la perception de la ville est aussi fonction de la place qu’on y prend et que les autres nous laissent. Mais nous avons aussi requestionné l’éducation et pensé à comment faire évoluer l’enseignement traditionnel grâce aux pratiques d’éducation populaire. Nous transmettons un aperçu des contenus abordés dans la courte vidéo ci-contre.

Au cours de la rencontre, nous avons été soutenir les derniers moments d’une résistance à une expulsion : une friche industrielle transformée en espaces de logement et maintenant réduite à un terrain vierge qui va recevoir des dizaines de tours de logements destinés à des familles d’autres classes sociales.

Tous ces moments, le mélange de nos ressentis et de nos colères nous ont amené à envisager une prochaine rencontre dans une autre ville, mais cette fois davantage préparée et pensée par et avec les jeunes.

A Santarém, faire l’expérience de la transformation sociale avec des communautés indigènes et quilombolas (avril 2019)

Choix audacieux… dans un pays où les droits humains sont massivement bafoués, et particulièrement dans le Nord brésilien où la monoculture du soja détruit sauvagement les territoires des communautés ! Et pourtant il nous a semblé que c’était justement avec les personnes de ces communautés, et surtout avec les jeunes qui y vivent, qu’il était important de questionner et partager nos expériences de transformation sociale.

Pendant 3 jours, notre groupe – composé d’une vingtaine de personnes venant des communautés, d’organisations locales et de quelques pays latino-américains et européens – a partagé des moments au sein d’une école de formation agricole en alternance, puis dans une communauté quilombola (afro-descendante). Enfin, une dernière journée d’échanges profonds était dédiée à nos perspectives de changements.

Entre la nature abondante en bordure du fleuve Amazone et les persécutions subies par ces communautés, il est compliqué de tenir bon… au cœur de cette riche Amazonie tellement convoitée ! Pourtant c’est là que nous avons expérimenté nos propres pistes de changement, mais aussi celles qui nous marquent collectivement, et plus particulièrement le poids des relations de domination et de colonisation. Nous sommes exactement dans cette étape et reviendrons avec de nouveaux éléments plus concrets prochainement.

Rencontre entre des personnes, entre des histoires, entre des cultures… nous avons jeté des ponts, permis une autre manière de coopérer… Il y a bien des choses à en tirer et à partager ; nous sommes exactement dans cette étape et reviendrons avec de nouveaux éléments prochainement.

 

Ces rencontres ont été possibles grâce au projet que Periferia mène en Amérique Latine avec le soutien de Misereor (Allemagne) ; elles ont été organisées avec les partenaires locaux et la dynamique Altoparlante-Altofalante.